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dimanche 7 janvier 2018

Quand la tronçonneuse était utilisée pour faciliter... les accouchements


Bien avant de devenir un outil indispensable pour abattre des arbres et une arme iconique dans les films d’horreur, la tronçonneuse a été utilisée pendant 300 ans pour faciliter les accouchements. Une opération particulièrement barbare connue sous le nom de symphysiotomie.



Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les protocoles médicaux employés lors d’un accouchement étaient bien différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui. L’anesthésie n’en était encore qu’à ses premiers balbutiements, l’hygiène hospitalière laissait fortement à désirer, et la santé des personnes de l’époque était bien plus fragile.

Par conséquent, chaque fois qu’une patiente souffrait de complications lors de l’accouchement, les risques de décès étaient extrêmement élevés.

Les médecins étaient alors obligés d’employer des techniques particulièrement barbares. La césarienne étant à l’époque considérée comme une opération dangereuse en raison du risque élevé d’infection.

Une patiente en convalescence après avoir subi une symphysiotomie (1907)


L’une de ces opérations était connue sous le nom de symphysiotomie, et elle a été privilégiée par les médecins du début du XVIe siècle à la fin du XIXe en cas d’accouchement difficile. Elle est aujourd’hui largement décriée par les professionnels de la santé, pour des raisons évidentes.

Popularisée en 1597, la symphysiotomie consistait à agrandir le diamètre pelvien de la mère en sectionnant partiellement les fibres qui reliaient les os pubiens à l’avant du bassin. Une méthode d’accouchement considérée comme l’une des plus sûres durant près de 300 ans.

L’ancêtre de la tronçonneuse fonctionnait comme une scie à câble



Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les médecins utilisaient un simple couteau pour réaliser une symphysiotomie. Une méthode qui prenait non seulement du temps, mais s’avérait aussi peu précise et extrêmement douloureuse pour la patiente.

Au milieu des années 1780, les médecins écossais John Aitken et James Jeffray ont mis au point un nouveau dispositif pour améliorer la procédure. Il s’agissait en fait d’une chaine mécanique actionnée manuellement permettant une coupe plus précise et régulière.

Le concept de la tronçonneuse moderne venait d’être inventé.

Initialement, cet outil était constitué d’une longue chaîne pourvue de dents crantées et dotée d’une poignée à chaque extrémité, comme une scie à câble. La chaine était littéralement enroulée autour de l’os pubien, et le médecin la faisait aller et venir à l’aide des poignées pour le sectionner.

Portrait de Bernhard Heine (1800-1846), inventeur de l’ostéotome


En 1830, l’orthopédiste Bernhard Heine a amélioré le concept en créant un nouvel outil médical présenté comme une scie à os : l’ostéotome.

La chaine était actionnée par une manivelle et enroulée autour d’une lame de guidage, ce qui lui permettait de tourner sans fin. Une innovation qui permettait au praticien de positionner avec précision l’outil et de réaliser une coupe nette et rapide de l’os pubien.


Les différentes pièces composant l’ostéotome (à gauche), et l’instrument médical (à droite)


Après que l’anesthésie a été popularisée, le recours à l’ostéotome lors d’une symphysiotomie était récurrent, et même encouragé. Considéré comme particulièrement efficace, l’instrument était aussi privilégié pour d’autres opérations chirurgicales et lors de dissections.

À l’aube du XXe siècle, l’amélioration des conditions d’hygiène dans les hôpitaux et la mise au point de l’anesthésie générale ont rendu les césariennes plus sûres. Les médecins ont réalisé que cette pratique engendrait moins de complications sur le long terme qu’une symphysiotomie, qui a peu à peu été délaissée.

Une aubaine pour un bûcheron basé à San Francisco qui a vite compris qu’il pourrait abattre facilement des séquoias géants en réadaptant le concept de l’ostéotome de Heine. Ce qu’il fit en 1905 en déposant une demande de brevet pour sa « scie à chaîne sans fin ».



Cette tronçonneuse primitive a ensuite évolué pour devenir l’engin motorisé que nous connaissons aujourd’hui, qui n’est heureusement plus utilisé sur les humains.