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dimanche 25 mars 2018

Donner sa vie: Hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame


Lieutenant-colonel Arnaud Beltrame



Un ancien patron du GIGN l’affirmait dans la soirée du 23 mars 2018 : aucune procédure n’a jamais été proposée aux gendarmes pour donner leur vie à la place d’autres citoyens. Même s’ils connaissent les risques de leur métier, leur objectif n’est jamais d’aller à la mort en toute conscience. Quel pouvoir pourrait leur imposer ?

S’approcher de la mort, c’est pourtant ce qu’a fait le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame (44 ans) qui vient de mourir dans la nuit du 23 au 24 mars 2018 de ses blessures. En décembre 2017, il avait participé à un exercice de simulation d’attentat dans un supermarché à Carcassonne. Le Président français Emmanuel Macron avait déclaré avant son décès : « Il a sauvé des vies, a fait honneur à son arme et à notre pays. ».

Originaire de Bretagne, Arnaud Beltrame venait d’être affecté en août 2017 comme officier adjoint au commandement du groupement de gendarmerie de l’Aude. Il avait été affecté à Satory, dans les Yvelines, à la gendarmerie mobile, puis a été nommé entre 2010 et 2014 commandant de la compagnie d’Avranches, dans la Manche, puis a été nommé conseiller auprès du secrétaire général au Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie pour coordonner l’action du gouvernement dans la lutte contre les crimes environnementaux (selon « Libération »). Décoré de l’ordre national du Mérite en 2012, il a été promu lieutenant-colonel en 2016. Il fut membre du GIGN et est officier depuis l’âge de 26 ans. Il venait de postuler à l’École de guerre, dont le concours qu’il avait passé est très difficile.

Le vendredi 23 mars 2018, un fanatisé de l’extrémisme islamiste a tué quatre personnes et blessé quinze autres. Il a volé une voiture, tué un passager, tiré sur des forces de l’ordre en train de faire du jogging puis s’est réfugié dans un supermarché à Trèbes, pas loin de Carcassonne où il a tué un client et un employé avant de prendre en otage les personnes présentes.

On connaît le jusqu’au-boutisme de « ces barabares ». Ils n’ont tellement aucun respect de la vie qu’ils ne respectent même pas leur vie. Au contraire, ils voudraient tomber en « martyrs ». C’est cela qui est dangereux, car aucune discussion ne peut véritablement avoir lieu. Les objectifs des forces de l’ordre, c’est d’agir pour qu’il y ait le moins de victimes possible, mais dans une telle situation, c’est difficile de ne pas prévoir le pire.

Un gendarme, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, est allé bien au-delà de ses prérogatives. Par un acte de grande bravoure, il a réussi à échanger la vie de tous les otages contre la sienne. Quand on connaît la détermination de « ces terroristes », on ne doit pas imaginer beaucoup de cadeaux de leur part. Arnaud Beltrame a été blessé par des coups de couteau et deux tir à la gorge. L’extrême courage de sa part aurait mérité qu’il survive à ses blessures. Il ne sera honoré par la Nation hélas que mort. Toutes les larmes de la Nation ne compenseront pas le chagrin infini de son épouse et de sa famille.

Le Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a révélé que depuis le début de l’année, la police a fait échouer deux préparations d’attentat, un prévu dans un centre sportif, un autre contre des militaires. Il est nécessaire que, sans paranoïa, chacun, chaque citoyen, soit capable d’imaginer qu’un attentat puisse survenir à n’importe quel moment de l’existence, dans des activités aussi banales que prendre le métro, prendre un verre à une terrasse de café, faire des courses, aller au musée, assister à un spectacle ou à un événement sportif, etc. au même titre que lorsqu’on prend le volant, on peut risquer sa vie et celle des autres. Avoir juste cette petite idée au fond de l’esprit sans en être obsédé, mais rester toujours vigilant.

L’acte de courage exceptionnel d’Arnaud Beltrame devra être honoré à sa juste place. Pas devenir un modèle, car ce n’est pas donné à tout le monde, et sûrement pas à moi, d’avoir un tel courage. Mais le remercier, tout simplement le remercier. On dit que la guerre a permis aux lâchetés et au courage de s’exprimer. Oui, c’est vrai. L’héroïsme ne peut se révéler que dans des situations dramatiques. Pourtant, les situations dramatiques ne sont pas si rares qu’on pourrait le croire, pas seulement dans les guerres lointaines ou lors d’attentats dont la probabilité de fréquence, heureusement, reste faible. Dans la vie quotidienne, on peut se retrouver devant ce choix de risquer sa propre vie pour sauver la vie d’un autre (un enfant à l’eau, un accident de la route, etc.). Rien n’est évident car il faut d’abord avoir une bonne analyse de la situation avant d’agir sans que ce ne soit inutile.

Ce courage, c’est le meilleur hommage à la patrie. C’est pour cela que la République ne devra jamais oublier la mémoire d’Arnaud Beltrame, que son acte entre, lui aussi, dans l’histoire, qu’il ne soit pas vain, jamais vain. D’une manière ou d’une autre.

Cet officier, qui appartenait au groupement de gendarmerie de l’Aude, s’est posté devant le magasin et a demandé au preneur d’otages de l’échanger contre une femme. Pourtant, ce militaire savait parfaitement ce qu’il risquait, il savait que les terroristes ont une animosité manifeste contre les policiers, les militaires de l’opération Sentinelle et les gendarmes. Avouez qu’il faut une sacrée dose de courage pour mettre ainsi sa peau au bout de son engagement de soldat de la loi. De plus, une fois à l’intérieur, en essayant de raisonner le preneur d’otages, il a posé discrètement son portable allumé, ce qui a permis à l’antenne toulousaine du GIGN (Trèbes se situe en zone gendarmerie) de savoir ce qui se passait à l’intérieur. Ainsi, dès qu’ils ont entendu les coups de feu tirés contre le gendarme, ils ont pu intervenir.

Si l’assaut a pu mettre fin à la prise d’otages, c’est à ce lieutenant-colonel qu’on le doit. Un officier aux états de service exemplaire, un mari aussi dont la femme, qui suivait à la télévision le déroulement, n’a pas réalisé sur le moment que son époux était le héros dépeint par le ministre de l’Intérieur.

Quelle ultime leçon, tragique mais magnifique, a été donnée à ce petit délinquant radicalisé : un lieutenant-colonel de gendarmerie de 45 ans – Arnaud Beltrame – s’est volontairement substitué à l’otage que le terroriste tenait contre lui pour se protéger comme bouclier humain.

Voici le vrai sacrifice, le sens des mots retrouvé contre la dialectique dévoyée : être prêt à donner sa vie pour sauver, quand l’islamiste veut bien mourir mais pour tuer.

Voici un homme, un vrai.

« Un acte d’héroïsme comme en sont coutumiers les policiers, les gendarmes qui s’engagent au service de la nation pour protéger nos concitoyens », a commenté Gérard Collomb.

En effet, il est bon de le rappeler. Mais pas seulement dans ce genre de circonstances. C’est trop facile.

Il est bon de de le rappeler au quotidien, parce que c’est évidemment toute une école de vie, un idéal, une discipline, des valeurs de service et de sacrifice profondément intériorisées qu’il faut pour consentir, en un pareil moment, ce geste-là.

Il est bon de le rappeler quand ils sont conspués et que leur honneur est sali

Il est bon de le rappeler haut et fort, et de leur dire MERCI !


Egger Ph.


"The Thin Blue Line France"





Témoignage du prêtre qui l'a accompagné dans ses derniers instants

C’est au hasard d’une rencontre lors d’une visite de notre abbaye, monument historique, que je fais connaissance avec le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame et Marielle, avec laquelle il vient de se marier civilement le 27 août 2016. Nous sympathisons très vite et ils m’ont demandé de les préparer au mariage religieux que je devais célébrer près de Vannes le 9 juin prochain. Nous avons donc passé de nombreuses heures à travailler les fondamentaux de la vie conjugale depuis près de deux ans. Je venais de bénir leur maison le 16 décembre et nous finalisions leur dossier canonique de mariage. La très belle déclaration d’intention d’Arnaud m’est parvenue quatre jours avant sa mort héroïque.

Ce jeune couple venait régulièrement à l’abbaye participer aux messes, offices et aux enseignements, en particulier à un groupe de foyers, Notre-Dame de Cana. Ils faisaient partie de l’équipe de Narbonne. Ils sont venus encore dimanche dernier.

Intelligent, sportif, volubile et entraînant, Arnaud parlait volontiers de sa conversion. Né dans une famille peu pratiquante, il a vécu une authentique conversion vers 2008, à près de 33 ans. Il reçoit la première communion et la confirmation après deux ans de catéchuménat, en 2010.

Après un pèlerinage à Sainte-Anne-d’Auray en 2015, où il demande à la Vierge Marie de rencontrer la femme de sa vie, il se lie avec Marielle, dont la foi est profonde et discrète. Les fiançailles sont célébrées à l’abbaye bretonne de Timadeuc, à Pâques 2016.

Passionné par la gendarmerie, il nourrit depuis toujours une passion pour la France, sa grandeur, son histoire, ses racines chrétiennes qu’il a redécouvertes avec sa conversion. En se livrant à la place d’otages, il est probablement animé avec passion de son héroïsme d’officier, car pour lui, être gendarme voulait dire protéger. Mais il sait le risque inouï qu’il prend.

Il sait aussi la promesse de mariage religieux qu’il a faite à Marielle, qui est déjà civilement son épouse et qu’il aime tendrement, j’en suis témoin. Alors ? Avait-il le droit de prendre un tel risque ? Il me semble que seule sa foi peut expliquer la folie de ce sacrifice qui fait aujourd’hui l’admiration de tous. Il savait, comme nous l’a dit Jésus, qu’« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Il savait que, si sa vie commençait d’appartenir à Marielle, elle était aussi à Dieu, à la France, à ses frères en danger de mort. Je crois que seule une foi chrétienne animée par la charité pouvait lui demander ce sacrifice surhumain.

J’ai pu le rejoindre à l’hôpital de Carcassonne vers 21 h hier soir. Les gendarmes et les médecins ou infirmières m’ont ouvert le chemin avec une délicatesse remarquable. Il était vivant mais inconscient. J’ai pu lui donner le sacrement des malades et la bénédiction apostolique à l’article de la mort. Marielle alternait ces belles formules liturgiques.

Nous étions le vendredi de la Passion, juste avant l’ouverture de la semaine sainte. Je venais de prier l’office de none et le chemin de croix à son intention. Je demande au personnel soignant s’il peut avoir une médaille mariale, celle de la rue du Bac de Paris, près de lui.

Compréhensive et professionnelle, une infirmière la fixe à son épaule. Je n’ai pas pu le marier comme l’a dit maladroitement un article, car il était inconscient. Arnaud n’aura jamais d’enfants charnels. Mais son héroïsme saisissant va susciter, je le crois, de nombreux imitateurs, prêts au don d’eux-mêmes pour la France et sa joie chrétienne.

Père Jean-Baptiste Golfier
Prêtre catholique
Chanoine régulier de la mère de Dieu de l’abbaye de Lagrasse