Gigantesque statue à l’effigie d’Hélios, dieu du soleil et protecteur de la ville, le Colosse de Rhodes se trouvait à l’entrée du port de Mandraki et faisait partie des sept merveilles du monde antique. Retour sur l’histoire pour le moins mouvementée de cette merveille éphémère
Rhodes était une île grecque située au carrefour de deux anciennes routes maritimes, au sud-ouest de l’Asie Mineure et à proximité de l’Égypte. Lorsque Alexandre le Grand mourut subitement en 323 avant notre ère, l’administration de son empire et son avenir étaient plus qu’incertains.
Trois de ses généraux se disputèrent son contrôle et, à la suite de plusieurs guerres, divisèrent l’empire en trois régions.
Rhodes se rangea du côté du général Ptolémée, qui finit par contrôler l’Égypte, et cette collaboration fructueuse lui permit d‘en faire l’un des principaux comptoirs commerciaux de Méditerranée orientale.
À la mort d’Alexandre le Grand, ses trois généraux se disputent son Empire et convoitent l’Île de Rhodes
Antigone le Borgne, autre général d’Alexandre le Grand, s’en irrita et tenta de convaincre Rhodes de former une alliance avec lui, ce que les dirigeants de l’île refusèrent catégoriquement. En 305 avant Jésus-Christ, Antigone exhorta alors son fils Démétrios à envahir Rhodes.
Bien qu’il disposait d’une armée massive composée de 40 000 hommes et de 200 navires de guerre, Démétrios se révéla incapable de percer les impressionnantes défenses de Rhodes et de renverser les troupes envoyées en urgence sur l’île par Ptolémée.
À la suite de cette victoire décisive, il fut décidé qu’une statue commémorative serait érigée en l’honneur d’Hélios, dieu du soleil et protecteur de l’île de Rhodes.
Avec ses 32 mètres de haut, l’imposante statue à l’effigie d’Hélios imaginée par Charès de Lindos faisait la renommée de l’île de Rhodes
Cela se révéla plutôt simple pour Rhodes, étant donné que l’armée de Démétrios avait laissé derrière elle tout l’équipement employé lors de ses infructueuses tentatives d’invasion. Les habitants de l’île n’eurent finalement qu’à le vendre pour financer la construction du Colosse.
En 292 avant Jésus-Christ, les Rhodiens firent appel au sculpteur grec Charès de Lindos pour bâtir la gigantesque statue en bronze à l’effigie d’Hélios. Il fallut pas moins de 12 ans à Charès de Lindos et ses hommes pour achever cette somptueuse merveille.
D’une hauteur de 32 mètres, le Colosse de Rhodes reposait sur un socle de marbre, un matériau réputé pour son extrême solidité. Sur celui-ci, les ouvriers empilèrent des pierres taillées grossièrement de façon à créer sa silhouette. Les pierres furent ensuite cerclées de bandeaux de fer, obtenus en refondant une partie des armes laissées par les troupes de Démétrios, avant que la statue ne soit recouverte de plaques de bronze.
Cette merveille architecturale visible à des kilomètres à la ronde marquait l’entrée du port de Mandraki et faisait évidemment la renommée de Rhodes ainsi que la fierté de ses habitants.
Achevé en 280 avant Jésus-Christ, le Colosse de Rhodes resta debout pendant plus de 50 ans. Mais à la suite d’un terrible tremblement de terre qui dévasta l’île en 224 avant notre ère, la gigantesque statue se fractura aux niveaux des genoux et toute sa partie supérieure chuta dans le port.
Bien que Ptolémée III, dit le bienfaiteur, ait offert de le reconstruire, un oracle déconseilla formellement aux Rhodiens d’accepter sa proposition, afin de ne pas provoquer une seconde fois la colère des Dieux. Par conséquent, les ruines du Colosse de Rhodes restèrent visibles durant près de 900 ans et attirèrent les visiteurs du monde entier, fascinés par la taille gigantesque de la statue.
L’entrée du port de Mandraki aujourd’hui, où siégeait autrefois l’imposant Colosse de Rhodes
Lorsque les arabes conquirent Rhodes en 654, les plaques de bronze qui recouvraient l’imposante statue furent vendues à un riche marchand et transportée à dos de chameaux jusqu’en Syrie. C’est ainsi que s’acheva l’histoire mouvementée de cette merveille éphémère. Sixième des Sept Merveilles du monde antique, le Colosse de Rhodes était sans aucun doute l’une des plus majestueuses.
Yann Contegat