Coupable ! Complice ! Comme si la crise russo-anglaise autour de l’empoisonnement d’un ex-agent russe et l’affaire des ingérences russes dans les élections américaines ne suffisaient pas, L’Obs, cette semaine, en rajoute une louche.
La preuve par l’image : celle de la couverture du magazine, une pure merveille de désinformation et d’amalgame ! On y découvre un portait de Vladimir Poutine, regard gris bleu acier digne d’un Mohammed Merah ; juste au-dessus, le bandeau « Exclusif : les derniers secrets d’Hitler » .
Excellent cas d’espèce qui aurait fait les délices du regretté Vladimir Volkoff. Dans son ouvrage Désinformation par l’image, l’auteur du « Montage » et de « L’Hôte du pape » y analyse avec brio le pouvoir des images sur nos sensibilités et les réflexes pavloviens qu’elles sont censées provoquer. C’est là sans nul doute « l’effet répulsion » recherché par les journalistes de L’Obs qui suggèrent très finement un léger amalgame entre le Poutine de 2018 et… les derniers secrets du Führer.
En découvrant le dossier « spécial 40 pages », on en apprend plus sur Vladimir Poutine ; cet « autocrate musclé » « d’un pays homophobe globalement indifférent aux questions des droits de l’homme », ce « dictateur qui arrête ses artistes » n’aime pas non plus la littérature…
Ne manquerait plus que de le désigner comme le boucher tronçonneur des 54 mains coupées découvertes dans un sac abandonné en Sibérie ces jours derniers… Ils n’ont pas encore osé.
Qu’est-ce qui défrise à ce point les médias français pour qu’ils poussent le bouchon aussi loin ?
Sans nul doute la très probable victoire électorale de Vladimir Poutine dimanche prochain est-elle incompréhensible pour ces tenants de l’idéologie droit-de-l’hommiste. Car elle signifie clairement l’approbation par les urnes d’une politique menée sur des bases totalement inverses à nos démocraties occidentales. Patriotisme, famille, Église… Vladimir Poutine roule pour la Russie et pour elle seule, c’est vrai. À crise démographique, il oppose relance de la natalité et refus d’un Grand Remplacement. À crise identitaire, il répond refus de la montée de l’islam, exaltation des valeurs patriotiques et renforcement du rôle de l’Église orthodoxe dans les institutions. Pas besoin d’un dessin pour comprendre qu’en Russie, ce qui se fait n’est conforme ni à l’idéologie mondialiste ni au mode de pensée des lobbys LGBT.
Et le pire, pour nos modèles de démocraties occidentales c’est que le modèle à la Poutine fonctionne, les Russes veulent rempiler. La pilule est trop amère pour nos médias. Alors L’Obs ressort les grosses ficelles et récupère ses vieilles « recettes Jean-Marie » : brassard noir, bandeau sur l’œil et croix gammée.
Sauf que les Russes, du fond de leur mère patrie, se fichent pas mal de L’Obs, ils n’ont même aucun complexe. Pour preuve ce témoignage recueilli auprès d’un cosaque : « Après l’effondrement de l’URSS, les gens ont eu besoin de se raccrocher à quelque chose, de revenir à leurs racines, de renouer avec leur patrie. […] Vingt années de démocratie telles que vous nous l’avez imposée nous ont montré que notre mentalité ne s’y adaptait pas. Vos valeurs occidentales ne sont pas les nôtres, [Vladimir Poutine], on sait qu’il va nous mener à bon port. Le fait que l’Europe ne l’aime pas prouve bien que c’est un bon président. ». Tout est dit !
On peut ne pas tomber dans la « poutinolâtrie », ne pas comprendre l’âme russe, considérer que le système n’est pas parfait. Il n’empêche que Vladimir Poutine aura su redonner sa fierté au peuple russe. À tel point qu’il en redemande. Et contre cela, les médias français n’y pourront rien.
Sabine de Villeroché