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dimanche 15 avril 2018

La France, le Royaume-Uni et les U.S.A s'affranchissent du droit international avec pour objectif annoncé de le faire respecter !


C’est donc avant le résultat de l’enquête que devait produire l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) qu’ont été déclenchées les frappes des trois alliés ! Ruse de Sioux ou prévention de toute contre-mesure sur le terrain ? Peut-être serons-nous éclairés avec un compte rendu précis donnant en particulier les sites attaqués et ceux détruits ou neutralisés. Au plus tard, lors du débat parlementaire promis par le chef de l’État.

Car la première et impérieuse interrogation qui vient au curieux est celle-ci : puisque ces sites de production et les (nombreux ?) dépôts illicites étaient connus, pourquoi ne pas les avoir traités préventivement, ce qui eût évité leur désastreuse utilisation contre des populations ? La bonne conscience humaniste des Occidentaux en aurait bénéficié. Mais sans doute fallait-il une preuve plus convaincante et médiatiquement insupportable pour l’opinion publique afin de justifier sans restriction la punition infligée à Bachar el-Assad.

Je rappelle qu’à la suite de la résolution onusienne de septembre 2013, et l’action consécutive de l’agent exécuteur (l’OIAC), la Syrie était censée ne plus posséder de capacité chimique depuis 2014 !

Il y a un an, les frappes ordonnées par Trump avaient pour objectif un aérodrome militaire – d’ailleurs inactif -, mais point des capacités chimiques. Faut-il en conclure que seuls de nouveaux renseignements obtenus depuis peu (par quelles sources locales ?) ont permis de localiser précisément les nouveaux arsenaux chimiques de Damas ?

Un raisonnement tortueux ou machiavélique pourrait même laisser imaginer que ces frappes n’ont été déclenchées qu’avec accord, voire indications, de l’allié russe du régime syrien. Ce qui lui enlèverait une grosse épine du pied, en vue de négociations ultérieures, entre pays impliqués sur place, pour l’avenir politique de la Syrie. Accords internationaux qui permettraient à la Russie de conserver et pérenniser ses bases avancées méditerranéennes…

La même, officiellement indignée de l’intervention « agressive » occidentale, convoque une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Sa subtile et rusée diplomatie lui fera-t-elle finalement voter une résolution commune avec les partenaires venus autour de la table ronde en accusés ?

Qu’on ne s’y trompe pas : c’est à une nouvelle construction des influences géopolitiques planétaires que nous assistons aujourd’hui. Et c’est à coups de missiles que les États-Unis et les États qui sont à son service, dont la France et la Grande-Bretagne, reconstruisent le mur de Berlin. Les dernières frappes du triumvirat évoqué sur la Syrie, mais largement financées par l’Amérique de Trump, procèdent à n’en pas douter d’une démarche hégémonique des États-Unis sur l’ensemble du monde occidental. Et dans ce vaste chantier qu’a décidé, à l’instar de ses prédécesseurs, de conduire le président américain, il n’y a aucune place pour une Union européenne, désormais incapable de s’affirmer comme un partenaire géopolitique crédible et incontournable face aux grands de ce monde que sont, notamment, les États-Unis, la Russie et la Chine.

En perte de vitesse sur tous les tableaux, l’Europe voulue par le traité de Rome est plus que jamais constituée d’États divisés, incapables de se retrouver sur les valeurs fondamentales qui présidèrent un temps à sa construction. Ainsi, l’échec de tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir en France au cours des dernières décennies est patent. Ne reste à attendre que l’effondrement d’un édifice chimérique qui fut construit sur du sable, et qu’attestent les récents scrutins en Europe.

Face à ce désastre attendu, la France, incapable d’imposer son leadership sur la scène européenne, a décidé de jouer la carte outre-Atlantique. Et peu importe les erreurs du passé. Qu’il s’agisse de l’intervention en Irak, prétextée par la possession, par Saddam Hussein, d’engins de destruction massive, dont on sait aujourd’hui qu’ils n’ont existé que dans les cerveaux bellicistes des services de renseignement américains. Ou de l’intervention franco-britannique en Libye, dont les conséquences dramatiques sur la sécurité du monde occidental pèsent encore de nos jours, c’est une nouvelle escalade de la violence dans une région déjà fortement déstabilisée qui a été décidée par nos va-t-en-guerre.

Là encore, pour décider de cette intervention, dont les conséquences réelles pour la sécurité du monde sont imprévisibles, aucune des garanties habituellement requises, telles qu’un mandat de l’ONU ou bien même la consultation des parlements nationaux, n’a été mise en œuvre. C’est de leur propre chef que les présidents Trump et Macron ainsi que le chef du gouvernement britannique ont décidé, sans présenter la moindre preuve du motif invoqué pour cette attaque prétendument ciblée, de frapper l’État syrien.

Mais on le sait, derrière ce coup de billard militaire à plusieurs bandes, c’est bien la Russie qui est visée. Son intervention en Ukraine ainsi que l’annexion de la Crimée en 2014 sont restées en travers de la gorge des Occidentaux. Traduisant de manière claire et sans appel la volonté de Vladimir Poutine de revenir sur le devant de la scène internationale, cette « immixtion » de l’État russe dans le jeu politique européen ne pouvait pas passer. C’est donc la Syrie et sa population qui paient le prix fort d’une confrontation qui ne devrait pas s’arrêter de sitôt.

La question qui se pose maintenant est de savoir si la diplomatie mondiale doit se limiter à l’envoi systématique de missiles, et si nous sommes condamnés à attendre l’escalade ultime qui signera la fin de notre monde. Mais soyons sereins, si conflagration finale il y a, ce sera, à n’en pas douter, pour avoir servi les droits de l’homme et la démocratie mondiale.

Beaucoup de bruit pour rien

L’honneur est sauf. Les justiciers ont vengé le sang du peuple syrien massacré par le méchant Bachar. À l’issue d’une enquête aussi approfondie que celle sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, le verdict a été rendu : c’est bien le régime syrien qui a frappé chimiquement le dernier quartier de Douma encore aux mains des islamistes.

Le Président Macron a des preuves : on espère les voir un jour… De toute façon, elles sont superflues, car quelques heures après les vidéos envoyées par les gentils islamistes appelés Casques blancs, Donald Trump avait décrété que le coupable était « l’animal » Bachar. Si le patron l’a dit, alors…

Tony Blair n’est plus là, mais que l’on se rassure : l’Angleterre est toujours présente pour dire oui à l’Oncle Sam. Quant à Emmanuel Macron, il a pu venger l’honneur bafoué de son brillant prédécesseur qu’Obama n’avait pas voulu suivre dans sa folie destructrice.

Mais les comparaisons doivent s’arrêter là : nous ne sommes pas en Irak et l’armée américaine n’ira pas provoquer un changement de régime au nom de la démocratie universelle. Nous ne sommes pas, non plus, en 2013 quand certains faucons américains ou français voulaient anéantir l’armée syrienne.

Depuis, Daech est apparu et les Russes sont venus. C’est très mal, bien sûr, ce qu’a fait Poutine : venir aider son allié à vaincre une armada islamiste venue du monde entier, cela ne se fait pas. Surtout quand, derrière cette insurrection islamiste, il y a, depuis le premier jour, la main du Qatar et de l’Arabie Saoudite, ces partenaires privilégiés de l’Occident. La morale a ses variations…

Mais quoi qu’il en soit, le cours de la guerre a changé : Bachar restera au pouvoir et les islamistes ont été vaincus, même si la tâche est loin d’être terminée.

Alors nos trois compères ont tranché : des frappes, oui, puisqu’il faut bien faire semblant de temps en temps. Pas trop fortes, pour ne pas tuer des soldats russes, pas trop symboliques non plus, comme les Tomahawk de 2017.

Donc, une centaine de missiles, le double de l’année dernière : une grosse dizaine pour les petits soldats français et anglais, le reste pour le boss. Avec un concept inédit : des bases de fabrication et de stockage d’armes chimiques, l’une près de Damas et les deux autres près de Homs. On est tout de même un peu surpris d’apprendre l’existence de ces bases qui n’ont ému personne jusqu’à présent. Existent-elles vraiment, en réalité ?

L’incertitude a été levée par l’Angleterre qui a frappé, elle, à l’ouest de Homs une ancienne base de missiles « où le régime est censé conserver des armes chimiques », comme le rapportent les quotidiens Le Monde et L’Orient-Le Jour. On appréciera l’aléa du pronostic…

Tout cela ne sert donc à rien, et heureusement, d’ailleurs ! Pendant ce temps, les Saoudiens tuent les Yéménites et les Turcs tuent les Kurdes avec des armes américaines, françaises et allemandes. Le droit international moderne est tout à fait distrayant.

Antoine de Lacoste