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mardi 3 avril 2018

L’hommage au Colonel Beltrame boudé dans certains établissements scolaires : image d'une France malade




Le gouvernement a souhaité associer l’École à l’hommage national rendu le 28 mars au colonel Beltrame. « Le lendemain, à 16 h, note La Vie, le ministère [de l’Éducation nationale] ne déplore aucune remontée d’incidents ». Ouf ! Doublement ouf, même. Car, faisant allusion aux « incidents » qui avaient perturbé la minute de silence en hommage aux victimes des attentats de 2015, Jean-Michel Blanquer avait assuré sur Europe 1 : « Le temps est fini où l’on pouvait accepter ce genre de contestations. Je fais le pari que, aujourd’hui, ça va très bien se passer dans tous les établissements. » Alors, pari gagné ?

Si ce rassurant « RAS » suffit à chanter cocorico, Jean-Michel Blanquer semble, en effet, avoir réussi son coup. Des contestations ont certes surgi, mais venant de syndicats enseignants dont c’est de toute manière le rôle. Et leurs argumentaires sont tellement imbéciles que le ministre ne peut qu’en sortir grandi.

Mais, si l’on en croit un tweet de René Chiche, enseignant dans un lycée de l’académie de Marseille, membre du Conseil supérieur de l’éducation et porte-parole du syndicat Action et Démocratie, « plusieurs établissements scolaires n’ont pas participé à l’hommage national », « des professeurs ont rechigné ».

L’envoi du message du ministre a été très tardif, la veille même de la cérémonie. Une aubaine pour les chefs d’établissement, qui pouvaient arguer de ce motif pour laisser aux enseignants la liberté d’organiser comme ils le souhaitaient le « moment de recueillement [et le] temps d’explication et d’échange » préconisés par le ministre ; ou, alléguant cette même raison, de ne pas les organiser. Et, peut-être, une manière commode pour le ministre de ne pas susciter de « contestations » : ce qui n’a pas lieu ne saurait mal se passer.

Ce désaveu des consignes ministérielles est néanmoins inquiétant. Certains enseignants ont sans doute, hélas, boycotté l’hommage au colonel Beltrame par idéologie. D’autres, dans des lycées et collèges « difficiles », y ont probablement renoncé par crainte que des « incidents », effectivement, ne se produisent. À ceux-là on ne peut jeter la pierre : ce qu’ils vivent au quotidien suffit à justifier leur démission.

Mais quelle est cette France qui n’ose plus expliquer à sa jeunesse, selon les mots prononcés hier par Robert Badinter sur France 2, que « le colonel Beltrame est mort parce qu’il a donné sa vie pour sauver d’autres vies. C’est la plus noble expression de la fraternité. Son sacrifice est à l’opposé du crime du djihadiste, qui meurt pour que d’autres êtres humains périssent avec lui ou à cause de lui » ?

On m’objectera que le Président l’a fait, et magistralement : « Je dis à cette jeunesse de France […] : l’absolu est là, devant nous. Mais il n’est pas dans les errances fanatiques, où veulent vous entraîner des adeptes du néant, il n’est pas dans le relativisme morne que certains autres proposent. » Mais combien de collégiens, combien de lycéens tentés par l’islamisme ou le relativisme ont entendu ce discours ? C’est dans chaque classe que ces mots auraient dû être lus, et pas seulement aux Invalides, devant un parterre choisi et, on l’espère, déjà acquis à la cause. La guerre contre l’islamisme aura bien lieu, mais, au train où vont les choses, elle n’est pas gagnée.


Un collège portera le nom d'Arnaud Beltrame



Une semaine après la mort du colonel Beltrame, un premier collège sera baptisé de son nom. C’est le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy, qui a annoncé qu’il proposerait que le nouveau collège de Pégomas porte le nom du gendarme. Cette proposition a été faite « en plein accord avec le recteur d’académie Emmanuel Ethis et le maire de Pégomas Gilbert Pibou ». Ce collège doit ouvrir à la prochaine rentrée scolaire. Bel hommage, que l’on ne peut que saluer.

Jean-Michel Blanquer avait lui-même lancé cette idée il y a une semaine. Mais on avait eu raison de trouver le ministre de l’Éducation nationale bien en retrait, bien timide dans son message aux enseignants et, donc, aux élèves. Notamment par comparaison avec le discours fort du Président Macron aux Invalides. Si le président de la République lui-même a demandé à la jeunesse et à ses éducateurs de se détourner du « relativisme » ambiant et montré en quoi la carrière et le geste du colonel Beltrame relevaient de « l’absolu », nous sommes désolés de constater que, des Invalides à la Rue de Grenelle, l’absolu a dévalé quelques marches pour vite retomber dans un relativisme gênant.

Dès sa première proposition, d’ailleurs, M. Blanquer s’était montré seulement incitatif :

« Je proposerai aux collectivités territoriales qui le souhaitent que son nom soit donné à des écoles, des collèges et des lycées. »

​‌”Il y a quelques mois, quand il s’agissait de donner le nom de Johnny Hallyday, M. Blanquer avait montré son ouverture, se disant tout à fait prêt à inaugurer des écoles au nom du chanteur. Mais il y avait toujours cette façon de se retrancher derrière la décentralisation, de ne pas apparaître en ministre qui imposerait ou donnerait des directives :

« Je n’en suis pas maître, ce sont des décisions locales. »​‌”

Là encore, il est dans la « proposition », et libre aux « collectivités qui le veulent » de baptiser un établissement du nom d’Arnaud Beltrame. Si ce n’est pas du relativisme… Et quand on voit comment des syndicats comme SUD Éducation et le SNES, qui ont de puissants relais dans des collectivités locales de gauche, se sont démarqués de l’hommage au colonel Beltrame, on peut douter que cette proposition soit reprise dans certains lieux. Ici pour ne pas froisser une gauche antimilitariste, là-bas peut-être pour ne pas déranger telle ou telle communauté. D’ailleurs, ce collège doit s’appeler « Arnaud Beltrame » et non « Colonel Beltrame », ce qui aurait été bien plus légitime, car l’acte héroïque fut d’abord celui de l’officier de gendarmerie qu’il était. Comme si certains mots étaient encore tabous.

Si héros il y a, si la nation est vraiment engagée derrière lui, alors le premier à sortir du relativisme et à passer de la proposition à l’imposition devrait être le ministre de l’Éducation nationale.


Christine Célérier
Professeur de Lettres

Frédéric Sirgant
Professeur d'Histoire