Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 22 mai 2018

Une Suisse fière et inspirante


Battus par la Suède en finale des championnats du monde, les Suisses sont passés près de l’exploit


Battue 3-2 aux tirs au but par la Suède dimanche soir lors de la finale des championnats du monde de Copenhague, la Suisse est passée près du plus grand exploit de son histoire. L’entraîneur Patrick Fischer est convaincu qu’elle deviendra un jour championne du monde.

Il est des défaites plus cruelles que d’autres. Celle subie par la Suisse en finale est à ranger dans la catégorie amère, extrêmement amère même. La troupe de Patrick Fischer a lutté à armes égales avec une Suède composée essentiellement de joueurs de NHL. Elle n’a finalement cédé qu’aux tirs au but. Sven Andrighetto fut le seul Helvète à tromper Anders Nilsson. Les Scandinaves, eux, ont frappé à deux reprises pour empocher leur onzième titre mondial et conserver celui acquis l’an dernier à Cologne.

Des leaders présents

La Suisse a perdu sans qu’il soit possible de désigner le moindre coupable. Si Kevin Fiala avait marqué le but de la victoire à la 75e minute? La Suisse se serait réveillée lundi avec la gueule de bois du champion du monde, mais Kevin Fiala n’a pas marqué. Cette action-là avait le poids de l’or, personne n’en voudra toutefois au Saint-Gallois.

Face à la Suède, les leaders de Patrick Fischer ont répondu présent. Nino Niederreiter a ouvert le score pour son 4e but de la compétition sur une passe de Roman Josi, définitivement l’un des meilleurs défenseurs au monde. Puis Timo Meier a balancé un tir laser pour le 2-1. Les Suédois sont revenus à la 35e minute sur un jeu de puissance et plus rien ne fut marqué jusqu’aux tirs au but. A l’heure des récompenses individuelles, tous les Suisses méritent la citation. Parce que tous ont réalisé le travail demandé. Les buteurs ont fait leur job en inscrivant les buts, le box-play a tué bon nombre de pénalités et le jeu de puissance en avait non seulement le nom, mais aussi les plus séduisants atours.

Patrick Fischer a exprimé sa fierté à l’égard d’un groupe qui s’est construit pas à pas en l’espace de six semaines. Du début de la préparation à l’apothéose de la finale dominicale, les multiples individualités ont formé une vraie équipe où chacun a accepté son rôle sans ciller. Lorsque les trois renforts de NHL (Meier, Josi et Fiala) sont arrivés, Sutter, Siegenthaler et Walser sont rentrés en Suisse sans faire de vagues, acceptant les règles du jeu. «J’espère que l’on a réussi à inspirer les jeunes, explique Patrick Fischer. Quand je parlais de devenir champion du monde il y a trois ans, tout le monde m’a ri au nez. On passe à une séance de tirs au but de le faire. Peut-être que je n’avais pas tort.»

La Suède briseuse de rêve

Dans cette équipe forte de sa «suissitude», les Romands ont souvent joué les têtes d’affiche. Gaëtan Haas, Grégory Hofmann, Tristan Scherwey et Noah Rod ont impressionné. Jamais avare d’une bonne mise en échec, le Fribourgeois a bluffé le microcosme du hockey mondial par son irrésistible moteur.

Déjà battue en finale en 2013 par le Tre Kronor, la Suisse a dû laisser le dernier mot à cet adversaire qui ne lui réussit décidément pas. Le jaune et le bleu accaparent l’esprit de Patrick Fischer depuis trop longtemps. «Pour moi, la Suède joue toujours le rôle du briseur de rêve, soupire-t-il. En tant que joueur il y a eu la demi-finale aux championnats du monde en 1998, la défaite aux JO en 2006 et comme entraîneur assistant celle de 2013. On ajoute celle de l’an dernier en quarts et maintenant celle-ci. C’est le sport, mais je suis extrêmement fier de mes joueurs.»

Traité d’incapable après les JO de PyeongChang, «Fischi» est devenu une icône en l’espace de trois matches. Les joueurs regardent devant eux et cherchent à inscrire un but de plus que leur adversaire. La Suisse pusillanime n’existe plus. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut s’attendre à une finale chaque année. Elle ne doit pas oublier d’où elle vient et se rappeler que la finale de Stockholm a été suivie par une sortie sans gloire en poule une année plus tard à Minsk. Mais à voir l’état d’esprit bien ancré dans les têtes suisses, il y a peu de chances que cela se reproduise. ATS

L’argent ne fait pas le bonheur

La Suisse décroche une splendide médaille d’argent et le pays pleure. La dichotomie de cette phrase résume à elle seule les sentiments contradictoires émanant de l’extra­ordinaire parcours de l’équipe rouge à croix blanche, passée toute proche de l’exploit, lors des championnats du monde au Danemark.

Après la désillusion olympique, une réaction était attendue. Contesté, le sélectionneur Patrick Fischer a pris des décisions fortes pour relancer la Suisse. Plus jeune, plus grande, plus robuste, la sélection helvétique a ­affiché un visage autrement plus séduisant qu’en Corée du Sud trois mois plus tôt. Déterminés à laver l’affront – «Nous avons une dette après PyeongChang», a répété à l’envi le coach national –, les Suisses ont emmagasiné de la confiance au fil des matches jusqu’à croire en leur bonne étoile. L’apport des joueurs d’Amérique du Nord a fait le reste. Brillants, les Josi, Müller et Niederreiter ont tiré tout le monde vers le haut.

Voir la Finlande, si solide depuis le début du tournoi, craquer, puis ­regarder le Canada, impuissant, se casser les dents sur le gardien Genoni ont fait naître les attentes les plus folles. Y compris celle de battre la Suède pour décrocher un titre mondial historique. Durant plus de 80 minutes, l’équipe de Suisse, ­généreuse et sans complexe, a tenu tout le pays en haleine. Plusieurs fois, la finale aurait pu basculer avant la cruelle séance de tirs au but, où les Scandinaves, plus adroits, ont mis un terme – forcément brutal – au rêve helvétique.

Larmes, tristesse, regrets, déception: l’argent ne fait pas le bonheur. Mais dans quelques jours, il sera source de fierté, de motivation et d’exemplarité. Pour cette génération et les suivantes, qui savent désormais que la Suisse, avec un état d’esprit conquérant et ses meilleurs joueurs à disposition, n’a rien à envier aux grandes nations du hockey.

François Rossier