Le syndicat L’Abeille de l’Aisne a porté plainte contre la société chimique allemande, qui vient de boucler le rachat du géant américain des pesticides Monsanto.
Après la découverte de glyphosate dans le miel d’un de ses adhérents, le syndicat L’Abeille de l’Aisne a porté plainte mercredi 6 juin contre Bayer, qui vient de boucler le rachat de Monsanto, a-t-on appris vendredi 8 juin de sources concordantes.
Le syndicat, qui réunit deux cents apiculteurs pour la plupart amateurs, a reçu l’alerte d’un de ses membres qui vend ses excédents au groupe Famille Michaud Apiculteurs, le plus gros acteur du miel en France, notamment avec sa marque Lune de Miel. « Lorsqu’ils reçoivent le miel, ils le font systématiquement analyser et là ils ont trouvé du glyphosate », explique Jean-Marie Camus, président de L’Abeille de l’Aisne, confirmant une information du quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France.
L’apiculteur en question habite près de Laon, une région de grandes cultures (colza, betterave, tournesol, luzerne). « Mais il ne faut pas non plus oublier le jardinier du dimanche et sa propension à utiliser facilement le Roundup », souligne l’avocat du syndicat, Emmanuel Ludot, du barreau de Reims.
Interrogé, Famille Michaud Apiculteurs a confirmé lui avoir refusé trois fûts de miel toutes fleurs, d’un total de 900 kg, après y avoir détecté des traces de l’herbicide — le plus utilisé en France et qualifié de « cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé — à hauteur de « 16 ppb » (parties par milliard).
« La règlementation glyphosates est européenne, elle fixe une limite maximale de 50 ppb pour le miel et les produits de la ruche », a précisé Vincent Michaud, PDG du groupe, qui refuse, lui, « systématiquement » d’utiliser du miel quand le taux de glyphosate y dépasse le seuil de 10 ppb.
« Il ne s’agit pas d’un cas isolé »
Il a déposé plainte au nom du syndicat, jeudi, pour « administration de substances nuisibles » contre Bayer et Monsanto, dont le siège en France est à Lyon, « pour la faire coïncider avec deux événements : l’action nationale des apiculteurs et le rachat définitif de Monsanto par Bayer », a souligné Me Ludot.
Jean-Marie Camus espère qu’elle conduira à l’ouverture d’une enquête qui permettra de savoir quel taux de glyphosate a été retrouvé dans ce miel, si d’autres substances ont été détectées, si cette contamination est accidentelle ou pas et quelles conséquences elle pourrait avoir sur la santé des consommateurs. « La question est aussi de savoir quelle est l’étendue du phénomène. Famille Michaud m’a dit qu’il ne s’agissait pas d’un cas isolé… », a ajouté Me Ludot, ce que le groupe a confirmé à l’Agence France-Presse.
Des apiculteurs ont manifesté jeudi un peu partout en France pour réclamer des aides exceptionnelles et un environnement plus favorable aux abeilles, après « l’hécatombe » dans les ruches cet hiver.
L’interdiction du glyphosate d’ici à trois ans ne figure pas dans la future loi agriculture et alimentation, malgré la tentative de députés, dont certains de La République en marche, de l’y inscrire. Elle reste néanmoins un engagement gouvernemental, conditionné à la recherche sur les alternatives à cet herbicide.