Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 25 juin 2018

L’inacceptable procès humain de Xhaka et Shaqiri


En mimant un aigle bicéphale pour célébrer leurs buts, Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri ont peut-être pris un risque vis-à-vis du règlement. Mais ils n’ont pas trahi une Suisse qu’ils ont choisi de représenter



Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri se sont-ils rendus coupables de provocations à l’encontre du public serbe en mimant de leurs mains l’aigle bicéphale du drapeau albanais pour célébrer leurs buts? Les deux joueurs de l’équipe de Suisse ont-ils convoqué sur un terrain de football un symbole d’ordre politique?

La FIFA s’apprête à trancher ces deux questions et, si elle l’estime approprié, à prononcer des sanctions. Que l’instance qui organise le football mondial s’applique à faire respecter son règlement n’a rien de révoltant. Il est par contre inacceptable qu’à la procédure disciplinaire s’ajoute, dans les conversations, sur les réseaux sociaux, dans le débat public, un nouveau procès en nationalité de l’âme, derrière celle du blason. Un énième procès à la «suissitude». Un révoltant procès humain.

Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri doivent beaucoup aux structures du football suisse, qui leur ont permis d’atteindre le niveau auquel ils évoluent. Mais aujourd’hui, ce sont eux qui permettent à l’équipe de Suisse d’atteindre le niveau auquel elle évolue. Elle dispute en Russie sa quatrième Coupe du monde consécutive, elle qui en fut sevrée vingt-huit ans entre 1966 et 1994. Elle en atteindra probablement les huitièmes de finale, et l’état d’esprit affiché jusqu’ici l’autorise à rêver d’aller plus loin encore. Si elle y parvient, ce sera notamment grâce à eux, Xhaka, Shaqiri et tous ces jeunes hommes qui représentent sur la scène internationale leur pays d’adoption plutôt que leur pays d’origine.

Ils sont 15, sur 23 joueurs dans l’effectif de l’entraîneur (binational) Vladimir Petkovic, à avoir fait ce choix. Car il faut rappeler que c’en est un. La Suisse plutôt que le Cap-Vert, le Chili, ou l’Albanie. La décision traduit sans nul doute un sentiment d’appartenance profond, d’autant qu’une fois prise, elle est irrévocable. Mais choisir de porter le maillot rouge à croix blanche n’efface ni les souvenirs, ni le vécu, ni l’attachement à un autre pays. Surtout quand, dans un contexte particulier, tout semble s’acharner à vous rappeler votre origine.

Pour des raisons qui leur appartiennent, certains des supporters serbes présents à Kaliningrad avaient décidé de plaquer sur le match contre la Suisse toutes les tensions qui peuvent persister dans les Balkans. Même des fans tout ce qu’il y a de plus vaudois se sont fait traiter d’Albanais pendant la journée. Alors on imagine mal la violence des pressions subies et des messages reçus par Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri.

Dans l’euphorie d’une partie mal emmanchée dont le destin s’inverse, les deux footballeurs ont laissé l’émotion et leurs mains mimer un aigle bicéphale en clin d’œil appuyé à leur origine. Ce n’était sans doute pas nécessaire. Peut-être même que la FIFA y trouvera un motif de sanction. Mais cela ne fait certainement pas d’eux des traîtres à la patrie.

Guy Parmelin & Ignazio Cassis défendent Xhaka et Shaqiri

"Toute personne qui a vécu l'ambiance électrique apprécie d'autant plus la performance de notre équipe nationale et peut comprendre les émotions qui envahissent un joueur", a déclaré l'UDC Guy Parmelin. Le conseiller fédéral chargé des Sports était présent vendredi dans le stade de Kaliningrad. "Créer maintenant une polémique autour d'émotions ne s'inscrit pas dans l'esprit sportif", ajoute le Vaudois.

Pour le chef du Département fédéral des Affaires étrangères Ignazio Cassis, l'équipe de Suisse constitue un parfait exemple de mélange de différentes cultures. "Je ne doute pas que l'on puisse ressentir des émotions patriotiques pour la nation qui vous a accueilli, sans oublier ses racines", a commenté le Tessinois, lequel a également des origines italiennes.


Un pour tous, tous pour un !

Lionel Pittet