Mis en place depuis 2009, ce programme scolaire finlandais a de quoi séduire les centres de scolarité européens. Utilisé dans plus de 90 % des écoles du pays, le programme KiVa fait l’unanimité et se montre plus efficace chaque année dans la lutte contre les multiples harcèlements scolaires prenant place dans les écoles.
Au même titre que le harcèlement, les phénomènes d’intimidation et de victimisation chez les élèves sont présents tout autour du globe. Le programme KiVa, acronyme de « kiusaamista vastaan », signifie littéralement « contre l’intimidation ». Devant ce fléau majeur, le gouvernement finlandais a décidé de lourdement financer son développement, et il est dorénavant utilisé dans une large majorité des écoles du pays.
Un des points intéressants de ce programme est sa polyvalence : il s’adapte à une large gamme d’âges d’élèves, s’échelonnant entre 6 et 16 ans. Le tout est réparti en trois unités. L’unité 1 est conçue pour les enfants de 6 à 9 ans, la deuxième pour ceux de 10 à 12, et enfin la dernière pour ceux ayant entre 13 et 16 ans. C’est donc trois cycles scolaires à travers la primaire et le seconde qui sont pris en compte et permettent un accompagnement intensif.
Côté pratique, le programme correspond à une dizaine de leçons dispensées par un professeur, pour une durée de vingt heures. Le tout est intelligemment accompagné par des moyens technologiques innovants comme des jeux informatiques et des vidéos afin de mieux solliciter les jeunes élèves.
La particularité de ce programme de lutte contre les intimidations est de se concentrer davantage sur les spectateurs, témoins. Le cœur du programme, c’est un travail de jeu de rôles est directement mis en place pour les élèves, et ce, dès la maternelle. En mettant des élèves dans la peau de la victime, l’empathie est largement développée. Pour les autres incarnant l’agresseur, c’est tout un travail de responsabilisation qui est effectué par les accompagnateurs. Enfin, la dernière catégorie se mettant dans la peau du témoin sont priés d’encourager les élèves à en parler aux professeurs.
Les professeurs en charge de ce programme souhaitent promouvoir une culture dans laquelle l’intimidation est socialement inacceptable.
Si ce programme est toujours en place après plus de dix ans, c’est bien que son efficacité a été prouvée à l’échelle nationale. Une évaluation a notamment pu démontrer que ce programme, dans 39 écoles primaires en Finlande, a été efficace pour réduire la victimisation et réduire l’intimidation au sein de ces établissements.
Le programme a notamment été créé sur des bases solides, c’est-à-dire sur des décennies de recherches concernant l’intimidation et ses mécanismes.
Un autre point intéressant est que les données suggèrent même que KiVa serait en mesure de diminuer la dépression chez les élèves et d’améliorer leur estime de soi.
Bien évidemment, tous les problèmes de harcèlement scolaire ne peuvent pas être résolus par une seule et même méthode. Quand un problème de ce type apparait au sein d’un établissement sous cette méthode, les professeurs vont notamment organiser un dialogue entre la victime et l’agresseur. La victime est alors écoutée, et l’agresseur est confronté à ses actes tout en entendant l’opinion d’un adulte qui sert de médiateur. Dans tous les cas, la Finlande estime que 85 % des cas de harcèlement ont été résolus grâce au programme KiVa.
Comme nous l’avons dit plus haut, les phénomènes de harcèlement scolaire touchent l’entièreté du globe car ce sont malheureusement des récurrences parmi les jeunes. Cette méthode ayant montré son efficacité intéresse donc logiquement les milieux scolaires étrangers, mais surtout européens.
Si de nombreux programmes sur le harcèlement scolaire existent, aucun n’a vraiment été proposé sur une aussi longue période et dans un milieu aussi ciblé que le programme KiVa. C’est pourquoi de nombreux pays européens, majoritairement scandinaves, ont demandé à l’utiliser. Les Finlandais ont accepté et il est désormais traduit dans de nombreuses langues. Les partenaires internationaux pourraient même se traduire par des accords avec les États-Unis.
Quoi qu’il en soit, de nombreux éducateurs sont pour le moment formés en Finlande qui sont ensuite envoyés dans les pays souhaitant mettre en place ce dispositif de formation. La Finlande est déjà reconnue pour posséder l’un des meilleurs systèmes scolaires au monde, mais il semble que nous aurions intérêt à nous intéresser de plus près à leurs méthodes…
Benjamin Cabiron