Pour trouver plus petit buveur que le Suisse moyen, il faut aller en queue de classement, où pointe le Japon
Lorsqu'il s'agit de la consommation de bière, la Suisse fait figure de petit joueur. Malgré la hausse de la consommation par habitant - la première depuis 2014 - au cours de l'année brassicole écoulée (octobre à septembre) à 55 litres, la Confédération ne figure même pas dans le Top 35 des plus grandes nations adeptes du breuvage malté.
Championne toutes catégories, la République tchèque occupe depuis près d'un quart de siècle la première marche du podium des plus gros buveurs de bière, avec 143,3 litres par habitant, selon le dernier recensement effectué par le groupe brassicole japonais Kirin. La deuxième place revient à la Namibie (108 litres), talonnée par l'Autriche (106) et l'Allemagne (104). En cinquième position avec 101 litres consommés par tête, la Pologne dépasse encore le seuil des 100 litres.
La Chine, principal producteur mondial à plus 414 millions d'hectolitres (hl) en 2017 (contre à peine 4,7 millions pour la Suisse) reste également le principal consommateur de bière en chiffres absolus, malgré un repli de 3,4%.
Numéro deux en termes de production - 217 millions hl - et de consommation, les Etats-Unis ne se placent qu'au 21e rang de la descente par habitant (74,8 litres).
Autre surprise, la 25e place du Royaume-Uni, avec 67,7 litres par habitant, alors qu'on ignore encore l'impact qu'aura le Brexit sur la consommation de boissons alcoolisées. Pour trouver plus petit buveur que le Suisse moyen, il faut aller en queue de classement, où pointent le Japon (41,4 litres par habitant), juste derrière la Corée du Sud (42,8 litres).
La Suisse compte près de 1000 brasseries
Le marché suisse de la bière a crû de 1,8% sur l'année brassicole 2017/18, à la faveur de l'augmentation de la consommation indigène, alors que les importations se sont une nouvelle fois émoussées. Le nombre de brasseries a encore augmenté et frôle désormais le millier dans le pays.
Pendant l'année écoulée, close fin septembre, les volumes se sont établis à 4,7 millions d'hectolitres (hl). Les ventes de bières locales se sont enrobées de 3,9% à 3,6 millions hl, soit une part de marché de 76,7%, contre 75,2% un an plus tôt. Celles de breuvages importés ont reculé de 4,6% à 1,1 million hl.
«L'année 2017/18 a été réjouissante pour l'industrie brassicole suisse», a résumé mardi en conférence de presse le président de l'Association suisse des brasseries (ASB) Markus Zemp, en référence à la hausse des volumes mais surtout au cinquième repli consécutif des importations.
«On constate depuis plusieurs années une fragmentation au niveau de l'origine des bières provenant de l'étranger», a pour sa part signalé le directeur de l'ASB, Marcel Kreber. On a assisté à l'émergence de produits belges, autrichiens ou néerlandais, qui font désormais concurrence à leurs homologues allemands, français ou portugais.
Dans son communiqué, la faîtière explique la hausse des ventes de bière par les températures «très élevées du printemps et de l'été», une météo favorable aux manifestations et activités de plein air. Les mois d'avril, mai et juillet ont été particulièrement propices à la consommation et ont enregistré «une hausse extraordinaire» en rythme annuel.
L'ASB estime la consommation annuelle à 55 litres par personne, contre 54,3 litres un an auparavant. Si elle se confirme - les statistiques relatives à la population étant établies sur une base calendaire - cette hausse serait la première depuis 2014.
«Il serait toutefois prématuré de parler d'une inversion de tendance», prévient son directeur, faisant remarquer que la consommation de boissons alcoolisées est en baisse en Suisse, une donnée confirmée par l'Administration fédérale des douanes (AFD). Si la bière à fermentation basse (lager) reste la préférée des consommateurs helvétiques (82%), la part des bières spéciales a progressé de 2 points, à 18%. Pour Markus Zemp, cela démontre que «la bière est de plus en plus perçue comme un bien culturel, fruit d'un savoir-faire typiquement local».
Les produits sans alcool ne constituent encore qu'une part marginale de la production (3%), mais la tendance est depuis plusieurs années à la hausse et présente toujours un potentiel de croissance important, selon Marcel Kreber.
La quasi-totalité de la production brassicole helvétique est destinée au marché local. «Seul 1,4% des volumes produits en Suisse est vendu à l'étranger», signale le directeur de l'ASB.
A fin octobre, 995 brasseries étaient inscrites au registre des établissements indigènes soumis à l'impôt, contre 833 un an plus tôt.
«Le boom des brasseries, loin de s'essouffler, s'accélère», souligne l'ASB, relevant toutefois que plus de 99% de la bière produite en Suisse sont le fait d'une cinquantaine de brasseries, qui écoulent chaque année plus de 1000 hl qu'elles brassent à titre professionnel.
Avec seulement une dizaine d'apprentis qui achèvent leur formation de brasseur - technologue en denrées alimentaires, option bière, dans la nomenclature officielle - chaque année, la branche risque une pénurie de spécialistes au vu de la forte demande. «Actuellement, nous comptons en Suisse environ 200 maître-brasseurs, dont un tiers d'étrangers, essentiellement allemands», regrette Markus Zemp.
Le problème est que la plupart des brasseries ne disposent pas de l'infrastructure suffisante pour assurer l'entier de la formation des apprentis. «Elles n'ont pas forcément une chaîne d'embouteillage, par exemple», détaille le président de la faîtière. L'ASB regroupe 21 brasseries professionnelles, qui représentent plus de 95% de la production totale de bière sur le territoire suisse. Dans son ensemble, l'industrie brassicole génère un chiffre d'affaires cumulé de «plus d'un milliard de francs».
ATS