Chez Gate Gourmet (Et pas que chez eux...),
les poubelles sont plus importantes que les employées
Mange un petit pain destiné à la poubelle et tu te fais renvoyer : le super prétexte de la directive pas appliquée !
Un employé de Gate Gourmet a été licencié pour s’être servi sur un plateau repas destiné à la poubelle, le prétexte idéal pour se débarrasser des employés "trops chers"
«C’est grotesque, l’employé vaut moins que la poubelle!», s’exclame Dominique Deillon, secrétaire syndical chez Unia. Le syndicat s’est insurgé mardi contre le licenciement d’un collaborateur de l’entreprise de catering, Gate Gourmet, à l’aéroport de Genève.
Philippe*, chargé de vider les plateaux-repas en provenance des avions en vue de leur nettoyage, aurait en effet été remercié pour avoir mangé un petit pain destiné à être jeté, ce qui est interdit. «Je l’ai pris sur le plateau et mon chef était derrière moi, raconte ce Suisse de 58 ans. Il est parti au bureau de la direction et m’a licencié quand il est revenu. Je n’ai rien fait de mal», déplore Philippe, qui travaillait à ce poste depuis 28 ans (ndlr: chez Swissair puis Gate Gourmet). «C’est dans les directives internes, tout doit finir à la poubelle», précise Yves Mugny d’Unia.
«Victime» de son ancienneté ?
Les faits ont eu lieu en février 2018, mais le syndicat en a eu connaissance «il y a quelques semaines» seulement, quand Philippe a voulu faire connaître son cas. Pour Unia, le motif du licenciement est un «prétexte». Le quinquagénaire aurait été en quelque sorte «victime» de son ancienneté, selon le syndicat: «Ouvrier non qualifié avec un salaire de 4571 francs, Philippe est très largement au-dessus des standards admissibles pour Gate Gourmet».
Interpellée, l’entreprise «ne commente pas la situation d’employés au niveau individuel». La société précise que «des règles très strictes s'appliquent quant au traitement des déchets alimentaires et des produits revenant des avions»: «La loi nous oblige à détruire tous ces types de produits», indique Gate Gourmet.
De son côté, Genève Aéroport «ne peut pas se prononcer sur des situations particulières concernant des employés ou anciens employés d’entreprises de la plateforme». L'institution rappelle que, de manière générale, elle intervient pour maintenir et favoriser le dialogue entre les sociétés et leur personnel mais ne peut se substituer aux autorités en matière de contrôle et de sanction.
*Prénom d’emprunt
Léonard Boissonnas