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jeudi 18 avril 2019

Notre dame de Paris l'histoire de sa construction



La cathédrale Notre-Dame de Paris, c’est d’abord une prouesse architecturale incroyable pour le Moyen Âge. Il faut remonter à l’année 1160 pour que Maurice de Sully, l’évêque de Paris, dévoile le premier plan d’une gigantesque cathédrale en l’honneur de la Vierge Marie (Notre-Dame). Un projet surréaliste du point de vue des contemporains, qui sera la raison d’énormément de participations générales qui s’échelonneront sur des décennies. L’élan participatif se fera dans les trois ordres, et depuis le Roi Louis VII jusqu’au peuple. Que ce soit des efforts, de la sueur ou des écus clinquants, la participation est générale.

La première pierre est posée en 1163, et les sources de l’époque font mention de plus de 300 ouvriers sur le chantier. Toutes les branches de métiers sont mobilisées, que ce soit les verriers, les maçons ou les menuisiers. De plus, le chantier a la particularité intéressante d’englober des femmes, qui s’occupent des décors ou du plâtre. Au total, 80 métiers différents travaillent sur Notre-Dame. Pour permettre le bon acheminement des travaux, on ouvre même la rue Neuve sur plus de six mètres de large.

Parmi les éléments les plus importants, il y a la charpente. Elle est faite de poutres de bois, de plaques de plomb mais également de pierres de grande qualité. On estime qu’elle a nécessité l’utilisation de plus de 21 hectares de chêne, un montant astronomique pour l’époque. Les contemporains de sa construction l’appelaient d’ailleurs “la forêt”. Dans l’incendie du 15 avril 2019, c’est cette partie majeure qui est partie en fumée à cause des flammes.

Notre-Dame, cette véritable prouesse architecturale, est le fruit du travail acharné de plusieurs milliers d’hommes et de femmes. Bâtir une telle merveille architecturale force à l’innovation, notamment pour élever des murs aussi haut, et y faire tenir une toiture aussi lourde sans risquer l’effondrement. À cette occasion, la voûte en croisée d’ogives permet l’utilisation de murs plus légers, mais également un petit espace circulaire qui reçoit des vitraux, et donc une entrée de lumière. Dans l’incendie, les premières observations estimaient que les trois vitraux majeurs qui dataient des XIIe et XIIIe siècles avaient explosé, mais finalement ce n’est pas le cas. Ce sont plutôt les vitraux du XIXe siècle qui ont été impactés.

Notre-Dame de Paris est aussi importante car pendant longtemps, elle a été la plus haute construction de Paris. Retouchée et remaniée (surtout après la révolution), elle se fait un mélange savant d’éléments et de motifs divers. Le style gothique prédomine et offre un résultat harmonieux. Elle est aujourd’hui classée au Patrimoine mondial depuis 1991.

L’édifice est aujourd’hui de nature religieuse mais aussi patrimoniale. Située dans le centre historique de Paris, sur l’Ile de la Cité, la Cathédrale, véritable chef-d’œuvre, est visitée par 14 millions de visiteurs chaque année. C’est également la cathédrale de l’archidiocèse de Paris. On peut sans aucun doute affirmer que c’est la cathédrale la plus célèbre de France, que ce soit dans l’esprit des Français ou des visiteurs étrangers. Son rayonnement dépasse le cadre catholique ou national et se traduit par des inspirations dans une multitude de domaines (cinéma, littérature, bande-dessinée…).

D’ailleurs, pendant plusieurs siècles, elle est également l’une des plus grandes cathédrales d’Occident. Les voyageurs ou simples curieux l’évoquent constamment quand ils parlent de Paris et de ses édifices emblématiques. Aujourd’hui, c’est le monument historique le plus visité de Paris et d’Europe.

Si ses deux tours culminent à environ 68 mètres de hauteur, le sommet de l’édifice est lui à environ 128 mètres. Avant l’achèvement de la tour Eiffel en 1889, les deux tours étaient les structures les plus hautes de Paris. La flèche qui dominait le transept et l’autel a malheureusement cédé sous les dégâts des flammes, s’effondrant dramatiquement, elle pesait 750 tonnes.

Depuis la première pierre posée en 1163 jusqu’à son jubilé de ses 850 ans en 2013, elle a été témoin d’une grande partie de l’histoire de la France. De par son importance dans la foi catholique et son rayonnement à l’international, de multiples figures importantes de l’histoire de France l’ont choisi comme lieu pour diverses cérémonies. Qu’ils soient politiques ou religieux, les événements que Notre-Dame a abrité sont aujourd’hui déterminants de par leur importance. On peut citer par exemple Saint Louis, qui y a déposé la couronne d’épines du Christ en 1239. Elle a d’ailleurs été sauvée par les pompiers de Paris lors de l’incendie du 15 avril 2019, tout comme la tunique de Saint Louis.


C’est également un lieu hautement important dans le domaine de la politique de France car elle a abrité les premiers états généraux du Royaume, en 1302, sous Philippe le Bel. À l’époque, c’était pour essayer de donner une certaine légitimité souveraine à ses décisions, en réaction contre la bulle Ausculta fili. Noblesse, clergé et la “bourgeoisie des bonnes villes” (qui deviendra plus tard le tiers état) se réunissent et échangent, au début par région (langue d’oïl ou langue d’oc).

Si la majorité des rois de France sont sacrés à la cathédrale de Reims, un bon nombre d’événements royaux se déroulent tout de même à Notre-Dame de Paris. Le couronnement de roi Henri VI d’Angleterre en 1431, le procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc en 1456 ou encore le mariage de Marie Stuart, la reine d’Écosse et du dauphin François, en avril 1558.

Après l’épisode révolutionnaire, Napoléon Bonaparte donne une importance encore plus majeure à Notre-Dame en décidant de s’y faire sacrer, en tant qu’empereur des Français. Pour l’occasion, il convie le pape Pie VII, le 2 décembre 1804. Le “roi de Rome” sera également baptisé à Notre-Dame en juin 1811.


Le sacre de Napoléon

Dans l’histoire plus contemporaine, la cathédrale ne manque pas d’événements majeurs : on ne peut oublier de citer le Magnificat chanté pour la Libération de Paris, le 26 aout 1944, en présence du général de Gaulle. Par la suite, la fonction du monument se détourner progressivement pour devenir un lieu où se déroulent les cérémonies d’hommage national, comme celle de Charles de Gaulle, Georges Pompidou (avril 1974) et de François Mitterand (janvier 1996).

Son importance religieuse demeure toujours extrêmement importante, comme en témoignent les visites de papes Jean-Paul II (en 1980 et 1997), Benoit XVI (2008), ou encore les funérailles de l’abbé Pierre, le 26 janvier 2007.

Lorsque la paix revient en France après les campagnes napoléoniennes, il est écrit dans les archives que la cathédrale est dans un état de délabrement complet. À ce moment-là, les autorités envisagent même de la démolir complètement. C’est à cette période que Victor Hugo, grand romancier français et fervent admirateur de l’édifice, décide de se lancer dans la rédaction de Notre-Dame de Paris. Son œuvre sera publiée en 1831, et aura un succès retentissant qui marquera une partie importante des Français, et les sensibilisera à la valeur d’un tel joyau national.

Dans le roman, la cathédrale ne se limite pas à un simple décor et fait partie intégrante des personnages. Elle permet la relation entre Quasimodo, Esmeralda et le prête Claude Frollo. Le succès important de sa parution permet de grandement contribué à la restauration de l’édifice, et la décision de la remettre à niveau sera soutenue par des millions de Français.



L’incendie de Notre-Dame de Paris a ravagé une grande partie de la toiture et tous les éléments qui y étaient présents. Si les dégâts sont malheureusement très importants, elle peut être reconstruite selon des modèles similaires. On ne peut s’empêcher de faire référence à la cathédrale de Metz, qui a survécu aux flammes il y a 150 ans et est aujourd’hui restaurée.

Un jour après l’incendie de Paris, une cagnotte a été ouverte pour vous permettre de contribuer à la restauration qui est d’ores et déjà programmée pour les prochaines années. Le président Emmanuel Macron a déclaré “Nous la rebâtirons”, dans un moment d’émotion et de douleur, en souhaitant se montrer encourageant et porteur d’espoirs.



Egger Ph.