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lundi 23 mars 2020

Le Conseil fédéral plante un couteau dans le dos des soignants


En Suisse : 
l'économie du pays passe avant la santé du peuple

Alors que le Conseil fédéral refuse le confinement, il annule des dispositions légales qui protégeaient le personnel hospitalier. Les images de soignants épuisés en Italie provoque l'anxiété du personnel suisse. (Photo: AFP)


Finie la semaine de travail légale à 50h. Finie la limite des heures sup poussant à 60h hebdomadaires. Le Conseil fédéral a décidé vendredi de suspendre les dispositions de la loi sur le temps de travail et de repos, pour rendre les soignants plus disponibles. L’ordonnance, très floue, rend les employeurs responsables de protéger la santé de leurs employés. Elle n’a été ni discutée avec les partenaires sociaux ni annoncée en conférence de presse, relève le syndicat SSP, qui demande son retrait.

La mesure est très mal perçue de nombreux soignants placés en première ligne. «Évidemment, on est ultramotivés à fournir cet effort, assure une médecin assistante. Mais perdre notre filet de protection ajoute au stress et à l’angoisse de beaucoup d’entre nous. On a des limites physiques, c’est important qu’on reste détendus et alertes face aux malades.» Secrétaire centrale au SSP, Beatriz Rosende abonde: «Mieux vaut moins de soignants mieux reposés, l’inverse est dangereux pour tout le monde.»

L’annonce passe d’autant plus mal que nombre de médecins demandent ardemment que soit décrété le confinement total. «On fait de notre mieux, mais ça ne suit pas, rage un jeune médecin. C’est injuste de nous faire assumer cette responsabilité.» Sa confrère renchérit: «On n’est pas aidés! Le message n’est pas clair, donc incompris. Même des patients testés positifs vont promener leur chien et mangent avec leur famille...»

Le SSP constate qu'actuellement la loi est déjà très souple: «Celles et ceux qui seront en première ligne, en contact direct avec les malades atteints par le coronavirus, pourraient être contraints de travailler au-delà des 50 heures déjà autorisées aujourd’hui. La loi actuelle autorise même 2 heures supplémentaires par jour en cas d’urgence. Au total, c’est donc 60 heures qui peuvent être travaillées et la loi prévoit aussi des pauses minimales.»

Dorénavant, leur demandera-t-on de travailler 70 ou 80 heures? Pour le SSP, il sagit d'une une décision dangereuse: «Dans les services de soins intensifs, où seront pris en charge les malades, le respect de la durée du travail maximale et des pauses est une condition minimale pour des soins sécurisés.»

«Rien ne sert d'applaudir...»

Sur les ondes de la RTS. Pierre-Yves Maillard, le président de l'Union syndicale suisse (USS) s'en est offusqué, mais pour l'instant, personne n'a vraiment réagi. Vendredi dernier, le Syndicat suisse des services publics (SSP) a publié un communiqué au ton caustique: «Rien ne sert d’applaudir tous les soirs le personnel hospitalier, si en même temps on leur retire leurs droits les plus élémentaires.»

Creux de la vague

Les hôpitaux ne sont pas encore surchargés, assurent les autorités des différents cantons. Dans plusieurs établissements romands, la situation est même étonnamment calme. «Les gens ont compris qu'il ne fallait pas venir pour rien, ou commencent par appeler», décrit une médecin assistante. Les plans de travail sont déjà réorganisés et renforcés, mais les patients commencent à peine à arriver. Difficile de dire quand la saturation sera atteinte. «Mais elle le sera, c'est sûr.»

Un conseil fédéral divisé

L'économie a pesé lourd dans la décision de ne pas imposer un confinement total, selon le «SonntagsBlick». La faîtière ÉconomieSuisse aurait en effet pratiqué un lobbying actif pour éviter un confinement. Sa présidente, Monika Rühl, ne commente pas, mais met en garde contre les conséquences d'une paralysie totale. «Blick» établit aussi les positions des conseillers fédéraux: seuls Berset et Keller-Sutter seraient pour (le confinement), face à Maurer et Parmelin.

Pauline Rumpf