L’hymne national retentit dans la Campussaall de Brugg (AG), où toute l’UDC suisse est réunie ce samedi. L’un des premiers à prendre la parole face à la foule, le président actuel, le Conseiller national Albert Rösti (BE), a pourtant dès ses premiers mots rappelé comment l’UDC, dès mars, avait prôné «avant tout le monde» le port du masque.
Les délégués adopteront aujourd’hui les consignes de vote concernant les objets de votations soumis au peuple le 27 septembre: l’initiative de limitation de l’UDC, qui souhaite mettre un terme à la libre circulation des personnes avec l’UE mais aussi la révision de la loi sur la chasse, l’augmentation des déductions fiscales pour les frais de garde des enfants, l’acquisition de nouveaux avions de chasse et le congé paternité. Ils devraient tout accepter sauf le dernier. En deuxième partie de journée, le parti élira également un nouveau président. Le comité du parti a décidé de recommander à ce poste le Conseiller aux états tessinois Marco Chiesa, qui devrait remplacer le Conseiller national bernois Albert Rösti, président du parti depuis 2016.
L’immigration et les bouchons
Principale thématique du jour à la tribune: l’immigration. «Un million de personnes sont venues en Suisse ces treize dernières années, ça ne va pas!», a répété comme un slogan la grande majorité des orateurs face à des déluges d’applaudissements. Pour montrer «la gravité de la situation», le Conseiller national Marcel Dettling (SZ), chef de la campagne pour l’initiative de limitation, a installé un sablier sur le podium en début de journée: «pour compter le nombre d’étrangers qui seront rentrés en Suisse le temps de notre assemblée». Responsables de tous les maux, les migrants ne parlent même plus l’allemand à la maison, a déploré le Schwytzois. D’après le politicien, «huit enfants sur dix parlent une autre langue chez eux à Opfikon», commune proche de l’aéroport de Zurich: «Comment voulons-nous leur apprendre nos valeurs s’ils ne sont même pas prêts à s’adapter à la langue locale?»
Autre discussion récurrente: les bouchons sur la route. «Impossible d’arriver encore à l’heure à un rendez-vous», a déploré le président du parti, Albert Rösti. Sur la question, la vice-présidente, Céline Amaudruz (GE) – l’une des rares personnes à arriver masquée au micro – a enjoint ses collègues à «ne pas imiter le grand Genève». Grande coupable des routes congestionnées: à nouveau l’immigration. «C’est l’un des effets positifs qu’a eu le Covid, a souligné la Genevoise. Il a fermé les frontières. Cela nous a donné un peu de calme. Sur le front du crime également. Preuve que lorsque les frontières ferment, la criminalité baisse. Dès que les restrictions ont été levées, la délinquance a d’ailleurs repris de plus belle.»
«Wir machen die Schweiz kaputt»
Après un «débat contradictoire» entre le Conseiller national Roger Köppel (ZH) et Roland Müller, président de l’Union patronale suisse, le parti a montré aux délégués sa vidéo de campagne. Au centre d’un scandale depuis quelques jours en suisse alémanique, celle-ci montre une petite fille se réjouissant de vivre dans un pays idéal. Au fur et à mesure de l’intrigue, elle souligne toutefois qu’il y a de plus en plus de gens dans les rues, des bouchons, son père a perdu son travail, elle ne peut plus jouer devant chez elle et il n’y a que deux suisses dans sa classe d’école. «Wir machen die Schweiz kaputt» (nous détruisons la Suisse), se lamente l’enfant. Tonnerre d’approbation dans la salle. L’heure pour les délégués de prendre une pause avant de se trouver un nouveau chef. Au menu, pâtes à la viande hachée avec purée de pomme.
Egger Ph.