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mardi 2 avril 2024

Tesla: des défauts de fabrication graves et bien connus

 

Selon une enquête, Tesla aurait connaissance de défauts de fabrication sur des liaisons au sol concernant tous ses modèles mais nierait l’ampleur du phénomène et rechignerait à effectuer les réparations sous garantie. Des accidents seraient pourtant liés à ces défauts. Tesla dément.

Malgré sa spectaculaire montée en cadence en termes de production comme de ventes, le constructeur américain de voitures électriques Tesla fait toujours autant parler de lui pour ce qui est présenté comme une piètre qualité de fabrication, particulièrement au regard du positionnement premium de ses voitures. Nombreux sont les sujets de forums, publications sur les réseaux sociaux et vidéos montrant ce qui ressemble à des pannes ou des casses sans raison apparente sur des véhicules très récents. Il pourrait s'agir de cas isolés parmi les millions de voitures de la marque aujourd'hui en circulation, mais peut-être pas. L’agence Reuters a enquêté sur le sujet. Ses journalistes disent avoir pu consulter des milliers de documents internes de chez Tesla. Ils aboutissent à la conclusion que le constructeur est au courant de certains défauts de fabrication répétés en grande série mais qu'il cherche à facturer les réparations aux clients lorsque ces défauts causent des dégâts. Tesla vient de répondre par un communiqué niant ces accusations.

Suspension et transmission fragiles

Les pièces les plus incriminées, à travers des milliers de cas étudiés par Reuters et touchant tous les modèles Tesla (hors Roadster), sont les bras et triangles de suspension, ainsi que les cardans. De nombreuses pannes subites de l’assistance de direction sont également recensées. Il peut s’agir de pièces critiques pour la sécurité. Le type d’incident le plus récurrent est la casse d’un triangle supérieur de suspension avant en aluminium, entraînant le détachement de la roue lors d’un braquage complet. Cela a causé des accidents d'après l'enquête, heureusement à basse vitesse la plupart du temps.

D'après les documents rassemblés, plusieurs techniciens et ingénieurs ont indiqué en interne qu’aucune trace de choc ou autre dégât préalable n’indiquait un défaut d’utilisation ayant mené à la casse. Jusqu’à présent, la majeure partie de ces cas a été prise en charge par Tesla dans le cadre de sa garantie constructeur ou comme geste commercial. Mais ces interventions coûtent cher. Au quatrième trimestre 2018, à hauteur de 500 $ en moyenne par réparation, Tesla aurait ainsi dépensé 263 millions de dollars en SAV quand ses profits se chiffraient à 139 millions. Aussi la firme a-t-elle décidé de changer sa politique à en croire les éléments du dossier. Les clients censés être couverts par la garantie se voient de plus en plus souvent opposer que la casse provient d’un usage abusif de leur véhicule, terme qui permet à la marque de se dégager de sa couverture contractuelle. Le constructeur, qui gère directement la quasi-totalité de ses garages, resserre également la vis concernant les gestes commerciaux applicables aux véhicules hors garantie.

Des défauts bien connus en interne

Les retours de véhicules en SAV pour casse de triangle ont parfois été accompagnés de notes internes, dont certaines sont citées par Reuters. « Nous pouvons observer des rayures à la surface de la rotule. La casse de suspension se produit toujours lorsque la roue est braquée au maximum. Cela suggère que l’articulation s’était fracturée plus tôt. […] La jante n’est pas toujours endommagée. En fait, la plupart du temps, elle ne l’est pas du tout » écrivait en 2016 Riccardo Dong, ingénieur Tesla alors basé en Chine. En avril 2019, Ralf van Gestel, ingénieur Tesla basé aux Pays-Bas, rapporta que Tesla avait remplacé 11 000 bras de suspension inférieurs avant sur des Model S et Model X au cours des douze mois précédents au niveau mondial, le plus souvent sur des voitures âgées de moins de 2 ans, et qu’un tiers de ces réparations avaient été payées par les clients. En 2020, Valentin Oetliker, ingénieur qui était alors stagiaire chez Tesla en France, signalait « un taux élevé de casses » sur un bras de suspension dont le design avait pourtant été modifié, autre indicateur que Tesla avait connaissance d’un défaut. Environ 5 % des Tesla Model S et Model X vendues dans la région Europe du Sud/Moyen-Orient à cette époque étaient concernées selon les calculs effectués par l'agence de presse à partir des relevés d’Oetliker.

En septembre 2021, un technicien senior de Tesla en Belgique, écrivait ceci à sa hiérarchie : « Nous avons une voiture qui a déjà reçu la dernière version des cardans il y a six semaines, et le même problème se reproduit. Y a-t-il une autre solution ou faut-il se contenter de les remplacer encore ? » Par ailleurs, un ancien directeur d’atelier Tesla norvégien a indiqué à Reuters : « Je ne faisais rien d’autre que passer mon temps à remplacer ces bras de suspension. » Il dit avoir été poussé vers la sortie pour sa réticence à refuser la prise en charge de ces réparations sous garantie.

Rappel en Chine, dénégations dans le reste du monde

En 2020, les autorités chinoises exigèrent un rappel pour deux bras de suspension de la part de Tesla, qui s’exécuta. La firme accélérait alors dans le plus grand marché du monde grâce à sa nouvelle usine de Shanghai. À la suite de cela, la NHTSA (organisme américain de sécurité routière), qui avait reçu de nombreuses plaintes de propriétaires de Tesla pour des casses de ce genre, demanda des explications à la marque. « Tesla n’a pas déterminé de risque pour la sécurité des véhicules. […] Bien que Tesla soit en désaccord avec la position du SAMR/DPAC (régulateurs chinois, NDLR), l’entreprise a décidé de ne pas s’opposer à un rappel limité au marché chinois », avait répliqué le constructeur. Selon lui, les véhicules touchés par ces casses ne représentaient que 0,1 % de ses ventes chinoises. Aucun rappel d'ampleur ne s’ensuivit aux États-Unis, pas plus qu’en Europe.

« La séparation de la rotule du bras de suspension est un dommage secondaire résultant d’un dommage primaire d’origine extérieure », a répondu Tesla à un client anglais pour refuser de prendre en charge une réparation. Ledit client, un certain Shreyansh Jain, avait eu un accident à basse vitesse en mars 2023 en braquant au volant de son Model Y flambant neuf. La roue avant droite s’était détachée. Jain avait pris possession de sa voiture moins de 24 heures plus tôt et parcouru 185 km à son volant. Selon Reuters, il s’agit maintenant d’une réponse type de la marque dans ce genre de cas. L’enquête cite des réparations facturées 980 $, 1 500 $, 4 400 $ ou même 10 000 $ à des clients selon les situations. Cette dernière somme fut réclamée au propriétaire américain d’un Model X de 2016 pour le remplacement de plusieurs éléments de suspension et de transmission cassés après expiration de la garantie. Des bras de suspension avaient déjà été changés deux fois sous garantie.

Des économies dangereuses ?

Les Tesla sont coupleuses et lourdes, des facteurs qui mettent à rude épreuve les liaisons au sol et la transmission. Le constructeur combine les performances élevées de ses véhicules avec des tarifs attractifs vis-à-vis de la concurrence, qu’il obtient en réduisant les coûts au minimum. D’après l’enquête de Reuters, il semblerait qu’une partie de ces économies passe par des pièces de qualité insuffisante malgré leur rôle critique en matière de sécurité. Selon certains documents internes, Tesla blâme certains de ses fournisseurs pour ces défauts de fabrication et leur réclame aujourd’hui le remboursement de certaines sommes engagées en SAV.

Tesla se défend

Nos confrères précisent que Tesla s’est refusé à tout commentaire durant leurs investigations. Mais l'entreprise dirigée par Elon Musk n'a pas tardé à réagir à la publication de leur dossier. Sur le résau social X (anciennement Twitter), qui appartient au même Elon Musk, elle a publié un communiqué pour démentir les allégations de Reuters. Evoquant 120 000 interventions en atelier relatives aux réparations citées dans l'article, la marque déclare notamment : « Tesla a payé pour la majorité des 120 000 réparations de véhicules sous garantie. » Elle réaffirme également que l'accident de Shreyansh Jain est dû à un choc survenu en roulant, indiquant avoir étudié la télémétrie du véhicule pour aboutir à cette conclusion. « L'auteur a fait un amalgame entre un problème de bruit sans impact sur la sécurité et une série d'opérations d'entretien sans aucun lien », écrit-elle également. Entre autres arguments plus généraux, Tesla met aussi en avant une étude du site The Clunker Junker la citant comme la moins chère en entretien sur le segment premium, revendique la fidélité de ses clients, et assure que ses techniciens ne sont pas incités à facturer des interventions non-nécessaires.

largus.fr