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lundi 17 juin 2024

Bürgenstock ou Bürgenflop ? Quand la montagne accouche d'une souris

 

20 millions pour rien, dépensés sur le dos des contribuables, c'est grave!


Au Bürgenstock, après deux jours d'âpres discussions, le Sommet pour la paix en Ukraine a livré son verdict. Une déclaration finale signée par 84 pays et institutions. Sans surprise, aucun membre des BRICS, proche de Moscou, ne figure parmi eux. Ni le Mexique, l’Indonésie ou encore la Thaïlande. «Pour la première fois, nous avons parlé au plus haut niveau de paix en Ukraine», a affirmé la présidente de la Confédération Viola Amherd devant les participants. La question de «quand et comment la Russie peut être associée» reste ouverte, selon elle. 

Le texte final appelle « à impliquer toutes les parties » au conflit pour faire cesser les hostilités. Et les participants de demander la sécurisation de la centrale nucléaire de Zaporijjia et une navigation «libre» et «entière». Mais aussi, le rapatriement de Russie des enfants déportés et la libération des prisonniers de guerre et civils.

Critique de la première heure, le conseiller national fribourgeois UDC Pierre-André Page, a suivi de loin cette conférence pour la paix. Pourtant, ce membre de la Commission de politique extérieure du Conseil national, ne mâche pas ses mots. Interview

Pierre-André Page, alors Bürgenstock ou «Bürgenflop», pour reprendre le terme que vous employez ces derniers jours pour qualifier le Sommet pour la paix?

Je peux confirmer que c'est un «Bürgenflop» au vu de cette déclaration signée par quelques pays seulement.

84 pays et institutions quand même...

Il y en a une quinzaine qui a refusé de signer (NDLR: notamment le Brésil, la Thaïlande, les Émirats arabes unis, le Vatican, l'Inde, le Mexique, l'Arabie saoudite, ou encore l'Afrique du Sud). C'est bien la preuve que cette conférence était inutile. On n'a pas fait le moindre pas vers la paix. 

Pourtant, dès le premier jour, un pas vers la paix a été fait, l'Ukraine déclarant ne pas exclure la participation russe dans une prochaine conférence.

C'est la seule déclaration à peu près positive. Mais au final, il n'y a pas une trace de cette dernière dans la déclaration finale. Inutile! D'autant plus, qu'il ne faut pas oublier que cette rencontre a été organisée sur le dos de la population suisse. 20 millions dépensés sur le dos de nos contribuables, c'est grave!

Comment ça?

C'est grave que soit organisée une rencontre d'une telle ampleur juste pour se dire bonjour! Alors, c'est vrai qu'ils ont eu du beau temps là-haut. Une magnifique vue aussi. Dans ces conditions, moi aussi, j'aurais aussi accepté l'invitation! Même si on voit que ça n'a servi à rien.

Vous, qui êtes un féru défenseur de la neutralité suisse, est-ce que ce n'est pas justement le rôle du pays que d'organiser cette conférence pour la paix?

Oui, ça l'était, mais nous avons gâché l'effet de notre neutralité en prenant d'entrée position pour Zelensky dès le début de l'invasion russe en Ukraine. On a perdu notre neutralité et notre crédibilité. Et Monsieur Poutine nous l'a clairement fait savoir. Jamais, il n'acceptera une invitation de la Suisse pour la paix. La Suisse doit rester neutre dans les guerres et ne prendre, ni position pour l'un, ni pour l'autre. Elle doit offrir ses offices pour promouvoir la paix. Et force est de constater que nous avons lamentablement échoué dans cet exercice. La conséquence? Je pense que le futur sommet pour la paix aura lieu au Moyen-Orient ou dans un autre pays des BRICS mais pas chez nous! 

Vous reprochez à la Suisse d'avoir condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie?

Je lui reproche d'avoir pris position avec l'Union européenne en faveur de Monsieur Zelensky. Bien sûr que je suis opposé à cette guerre. L'invasion russe est scandaleuse. Mais nous n'aurions pas dû nous positionner. Résultat, les pays alliés de la Russie ne veulent pas entendre de pourparlers en Suisse. Je ne comprends pas pourquoi Ignazio Cassis et Viola Ahmerd ont voulu organiser ce sommet si rapidement, sans la Russie. Sûrement pour se faire bien voir...

À l'issue de la conférence, Zelensky a déclaré que le sommet avait été un grand succès pour l'Ukraine et l'ensemble des partenaires. C'est plutôt positif, non?

Bien sûr qu'il est heureux. Il a obtenu de l'argent supplémentaire et des armes aussi. Il a fédéré un team autour de lui pour se défendre alors qu'un sommet pour la paix est censé trouver une solution pour la paix et non réarmer un pays.

Vous mettiez en garde la semaine dernière contre le risque que ce sommet se transforme en conférence unilatérale de propagande et d'armement, vous ne pensez pas que vous avez un peu exagéré?

Non. Dès le début, on a entendu Ursula von der Leyen dire qu'elle promettait un milliard supplémentaire à l'Ukraine. Zelensky a rencontré des personnes pour leur demander davantage de soutien. Si certains pays se sont abstenus de signer la déclaration, c'est pour cette raison à mon avis.

Vous seriez favorable à une nouvelle conférence en Suisse?

C'est le rôle de la Suisse de promouvoir la paix. Mais avec tout le monde! On ne peut pas dire: «On veut promouvoir la paix, juste avec Monsieur Zelensky autour de la table!» C'est impensable. Il faut que les deux parties soient là. Sinon, on se met hors-jeu.

Pour résumer votre point de vue, avec ce sommet, la montagne a accouché d'une souris?

Complètement.

Alessia Barbezat

blick.ch