Un étudiant de l’EPFL d’une vingtaine d’année, militant pour le climat, est sanctionné par le Ministère public pour contrainte et entrave à la circulation publique.
Un activiste vaudois, membre du groupe Renovate Switzerland qui exige que la Confédération investisse 4 milliards de francs pour isoler le plus rapidement possible 1 million de bâtiments, vient d’être condamné par le Ministère public de l’arrondissement de Lausanne pour une série de blocages de routes. Parmi elles: celle menant au tunnel du Gothard, en avril 2023.
La première action pour laquelle cet étudiant à l’EPFL d’une vingtaine d’années est sanctionné remonte à octobre 2022. Peu avant 9 heures du matin, il s’était assis au milieu de l’avenue du Chablais à Lausanne avec cinq autres militants, sur le pont qui enjambe l’autoroute à hauteur de la Bourdonnette, l’obstruant entièrement. Un des activistes s’était collé la main sur le bitume. Refusant de libérer les lieux, la police avait été contrainte de tous les porter. Une quarantaine de minutes plus tard, la circulation était rétablie.
Aussi à Sion
En avril 2023, ce même étudiant participait à une autre action, plus retentissante. À Göschenen, sur l’A2 en direction du Tessin juste avant le tunnel du Gothard, il s’était collé la main au bitume avec six autres membres de Renovate Switzerland. C’était un vendredi particulier: le Vendredi-Saint, synonyme de départ en long week-end pour de nombreux usagers de la route. Les policiers avaient d’ailleurs dû s'interposer entre les manifestants et des automobilistes très énervés. La route avait été bloquée près d’une heure en tout.
Enfin, c’est à Sion que l’accusé avait encore sévi en juin suivant, sur le pont du Rhône. Pendant que sept de ses camarades s'asseyaient sur la chaussée et déployaient des banderoles, le Vaudois allait à la rencontre des automobilistes et distribuait des tracts. Cette fois, la police était intervenue avant que quiconque ne se colle la main au bitume.
Une bannière sur le major Davel
À noter que l’étudiant a participé à d’autres actions-chocs, comme sur le pont du Mont-Blanc à Genève. À cette occasion, il avait déclaré: «Une majorité de la population soutient la nécessité de faire de la rénovation thermique des bâtiments une priorité au niveau fédéral. C’est une mesure efficace pour réduire nos émissions, ça réduit les coûts de chauffage. Qu’attend le Conseil fédéral pour agir?»
C’est aussi lui qui, en avril 2023, avait perturbé une cérémonie en l’honneur du major Davel à la place du Château à Lausanne. En cette journée du tricentenaire de la mort du patriote vaudois, il avait accroché à sa statue une bannière estampillée «Je soutiens Renovate Switzerland». L’étudiant avait expliqué que le major Davel avait été jugé et condamné comme un criminel, alors qu’il croyait simplement en la possibilité d’un futur plus digne pour les Vaudois. «Comme lui, je considère qu’il est de ma responsabilité d’agir si le gouvernement ne garantit pas la préservation du bien commun. Et j’invite tout le monde à en faire de même.»
Coupable de contrainte
Le militant a été reconnu coupable de contrainte pour avoir paralysé des axes routiers importants, dont un lors du week-end de Pâques où il savait que la circulation serait encore plus dense que d’habitude. Il a aussi été reconnu coupable d’entrave à la circulation publique pour avoir intentionnellement bloqué le trafic, créé des embouteillages importants et «accepté l’éventualité de créer un danger pour lui et pour les usagers de la route», des collisions en chaîne notamment. L’infraction d’empêchement d’accomplir un acte officiel a également été retenue contre lui.
Dans son ordonnance publique, le procureur sanctionne le Vaudois d’une peine pécuniaire de 2250 francs. Il devra aussi s’acquitter des 200 francs de frais de procédure.
Laurent Antonoff