Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 6 avril 2025

Baisser son pantalon face aux USA n'a pas payé

 

Lorsqu’on sacrifie sa liberté pour une éphémère sécurité, on ne mérite ni l’un ni l’autre, et on finit par perdre les deux. Les dirigeants helvétiques devraient méditer cette citation de Benjamin Franklin, suite à la décision de Donald Trump d’imposer 31% de droits de douane sur les produits suisses, un taux plus sévère que l’UE (20%) et à peine plus bas que «l’ennemi numéro 1», la Chine (34%). 

La justification de cet affront en est un autre: depuis mars, Washington a placé la Suisse sur la liste des pays «aux méthodes commerciales déloyales». Notre tort: dégager un excédent commercial avec les Etats-Unis et vouloir affaiblir le franc suisse. America First n’en a cure de la souveraineté ou de la compétitivité des autres. Son but est d'inciter les Américains à consommer ce qui est local ou produit localement. Tout ce qu’on reproche, en somme, à la Chine depuis longtemps. 

30 ans de dépendance excessive

Dans cette stratégie, des pays exportateurs comme la Suisse offrent peu d’intérêt pour l’Oncle Sam, qui n'aidera plus la compétitivité de quiconque ne le sert pas directement. Ce qui explique aussi pourquoi les Etats-Unis ont exclu sans explications la Suisse de la liste des 18 pays autorisés à importer leurs puces IA en quantités illimitées. 

Clairement, nous payons 30 années de dépendance excessive et coupable envers les Etats-Unis, sur les plans technologique, financier, industriel, mais aussi humanitaire (ce qu'a récemment révélé leur poids démesuré dans le financement de la Genève internationale). 

Très bon élève, la Suisse a montré patte blanche en toute circonstance. Ses grands patrons ont réservé un accueil chaleureux à l’administration Trump en janvier, puis Karin Keller-Sutter, dans un gros effort de diplomatie, a réussi à trouver des points communs entre le sermon de J. D. Vance à Munich et les valeurs de la Suisse. 

Relation à sens unique

Mais cela n’a pas suffi. Pourtant, la Suisse a fait des concessions majeures au grand frère américain ces dernières années, sur sa compétitivité et sur sa souveraineté. En 2009, nous avons aboli le secret bancaire suite à l’affaire UBS-USA. Seulement pour découvrir, quelques années plus tard, que les Etats-Unis étaient devenus eux-mêmes le plus grand paradis fiscal.

En 2014, la Suisse s’est pliée comme d'autres pays aux accords Fatca qui obligent ses entreprises à transmettre au fisc américain les données de ses ressortissants. Les Etats-Unis, quant à eux, n’ont jamais signé la réciproque. Idem en 2021, quand la Suisse signait l’accord sur un impôt mondial de 15% sur les multinationales, qui était l’idée des Etats-Unis. Ces derniers ont refusé de le signer. 

Et depuis 2022, avec la guerre russe en Ukraine, la Suisse a eu droit à des réprimandes de l’ambassadeur américain à Berne parce qu’elle ne gelait pas assez vite les fonds russes, mais elle a obtempéré. Se calquant sur la liste noire du département d’Etat américain, la place financière ne fait quasiment plus affaire avec tout pays qui n’est pas en odeur de sainteté à Washington. Une évidente perte de neutralité au plan bancaire qui, comme tout ce qui précède, se paie comptant.

Un club sélect qui fait le tri? Du bluff!

La réalité est que nous n’avons pas de levier sur les Etats-Unis, et c’est pourquoi le Conseil fédéral a renoncé à des contre-mesures aux droits inamicaux de 31%. Car nous savons que si nous menaçons de ne plus acheter de Harley-Davidson à l’Amérique, l’effet sera imperceptible et on nous rira au nez.

Par contre, une autre réalité, celle qui compte vraiment, nous échappe. Le bâton des sanctions de Donald Trump ne doit tromper personne. En économie, c’est la démographie qui compte. Les Etats-Unis, pays où la natalité est au plus bas depuis un siècle, ne sont plus le marché de consommation d’avenir. Qu’ils se comportent en club privé très sélect et qu’ils trient à l’entrée, c’est du marketing et beaucoup de bluff. 

La vraie croissance, elle, se passe ailleurs. Le centre de gravité commercial se déplace vers l’Asie et l’Afrique. La Suisse aurait tout intérêt à comprendre le message et à diversifier ses liens commerciaux en direction de la Chine et des BRICS. Et elle a déjà manqué des opportunités, tant elle a fait preuve d'une insistance têtue à vouloir accéder au marché américain quel qu'en soit le prix. En a-t-on assez cette fois, ou réclamons-nous encore quelques coups de fouet?

Myret Zaki

blick.ch