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mercredi 23 avril 2025

La plantation de végétaux est une priorité politique en ville de Fribourg

 

La ville de Fribourg compte plus de 5200 arbres dans ses rues et ses jardins 

Obsession ou souci légitime? Les arbres sont devenus un souci majeur à Fribourg. Ces derniers mois, le sujet s’invite avec une régularité de métronome dans les débats du Conseil général. Pas moins de dix postulats ont été déposés depuis 2023 pour parler de végétalisation. La plupart émanent des rangs socialistes, verts et dans une moindre mesure chrétiens-sociaux. Des instruments parlementaires systématiquement approuvés par la majorité.

Le 10 mars dernier, un postulat interpartis réclamait «la promotion de places et de rues végétalisées en tant que lieux de rencontre dans les quartiers, avec une approche participative». Un postulat socialiste pour le réaménagement de l’avenue Jean-Marie-Musy au Schoenberg réclame aussi l’aménagement de «bandes végétalisées». En janvier, un autre postulat estimait que la commune de Fribourg «ne devrait planter que des essences d’arbres indigènes dans ses rues et les cultiver dans sa propre pépinière».

Mesures de biodiversité

Verdir davantage la ville, telle était la demande d’une autre intervention l’an dernier, réclamant notamment la plantation d’arbres et de haies pour «obtenir un soutien financier dans le cadre de la Stratégie cantonale biodiversité». Les Verts exigeaient en même temps des mesures de biodiversité dans les jardins et parcs de la ville tout en plaidant pour «un parc urbain et végétalisé sur le site de la Poya».

En 2023, l’exécutif du chef-lieu cantonal s’était vu prier de: lancer «un programme pluriannuel pour la renaturation des espaces extérieurs» (PS), créer des «réserves forestières urbaines» (PS) ainsi qu’une «stratégie de fraîcheur» en ville passant par la plantation de végétaux (Verts), tout en aidant les propriétaires privés à végétaliser leurs parcelles (PS). Des dizaines de questions s’ajoutent à ces interventions.

Et cela sans compter les platanes à 263 000 francs (un prix justifié par les fouilles archéologiques) que le parlement de ville a décidé de planter derrière la cathédrale l’an dernier. Ni le sauvetage du marronnier de l’Auge, en février dernier, décrété par la majorité politique moyennant un surcoût de 100 000 francs sur les travaux de transformation de l’Auge.

«Etres vivants»

Ce souci des arbres est légitime, à entendre le conseiller général Marc Vonlanthen (ps). «Longtemps, on a traité les arbres comme du mobilier urbain. On les considère enfin comme des êtres vivants. Il est normal qu’on en parle beaucoup avec les chantiers de requalification. Et puis planter des arbres, en milieu urbain, est une solution low cost mais efficace pour s’adapter au réchauffement climatique», souligne l’élu.

Cette préoccupation n’est pas seulement présente à gauche: la libérale-radicale Véronique Grady a signé plusieurs interventions. «J’ai une passion pour les arbres qui me vient de mon grand-père paysagiste», dit l’élue. «Cela dit, cela me paraît important de combattre les îlots de chaleur et d’assurer une qualité de vie pour les habitants.» Pascal Wicht (udc) y voit cependant une surenchère: «Personne n’est contre les arbres mais c’est devenu un thème de campagne pour certains.»

«Course des partis»

Le groupe du Centre/PVL dit «partager ces préoccupations et les partis de gauche n’en ont pas le monopole. D’ailleurs, nous soutenons également la plantation de végétaux chaque fois que c’est possible», dit Jean-Thomas Vacher. Mais le centriste considère qu’on «assiste depuis le début de cette législature à une course des partis de gauche pour savoir qui est le plus écologique. Le PS qui a perdu sept sièges aux dernières élections essaie de marquer le terrain et les Verts en rajoutent. Cela ne concerne d’ailleurs pas seulement les arbres mais tous les sujets environnementaux».

Interpellé sans cesse au sujet des arbres, le conseiller communal Elias Moussa (ps), en charge de l’édilité, se fait une raison. Il refuse de parler d’obsession. «Ces interventions traduisent un souci bien compréhensible pour la qualité de vie à Fribourg. Je partage cette volonté de lutter contre les îlots de chaleur en lien avec le réchauffement climatique. Du reste, la végétalisation faisait également partie de mes préoccupations lorsque j’étais moi-même conseiller général», fait-il remarquer.

Liste à venir

Ce qui est nouveau, en revanche, «c’est qu’il ne s’agit plus seulement de végétaliser mais de savoir quelles essences on plante», observe Elias Moussa, encore interpellé le mois dernier pour savoir quelles variétés seraient choisies en bordure du cimetière Saint-Léonard. Il indique que la commune s’apprête à publier une liste des essences recommandées «pour son propre usage et pour les propriétaires privés. Cela afin de répondre au défi climatique, en favorisant la biodiversité et la qualité de vie de la population».

Le document listera les essences à privilégier. «Nous l’avons élaboré en consultant des spécialistes, notamment de Pro Natura et du Jardin botanique, et il sera dévoilé dans quelques semaines.»

Bacs à arbres

Le Conseil communal lui-même se veut très actif sur la question arboricole: «Nous profitons de chaque aménagement et chantier de requalification en ville pour essayer de planter de nouveaux végétaux. Bien sûr, ce n’est pas toujours possible en raison du sous-sol et de la place à disposition. Un arbre doit pouvoir s’épanouir.» Et de signaler que la ville a récemment également fait l’acquisition de «bacs à arbres dont certains seront munis de bancs circulaires. Ces bacs seront placés dans plusieurs endroits au centre-ville».

Elias Moussa fait aussi remarquer que Fribourg est une ville plutôt verte. «Cela apparaît nettement sur les photos prises avec des drones. En se promenant dans certaines rues, on peut avoir l’impression d’un désert minéral, mais ce n’est globalement pas le cas.» En 2019, le service des parcs et promenades recensait 2427 végétaux dans les rues sans compter les 2805 arbres des jardins et de Saint-Léonard. La ville n’était pas en mesure de fournir des chiffres à jour ce mardi en raison des vacances. Mais «cette proportion a certainement augmenté», fait remarquer Elias Moussa.

Dix végétaux champions en ville

La liste des essences «jugées les plus adéquates en milieu urbain», établie par le Service des forêts et de la nature (SFN) du canton de Fribourg en 2023, recense plusieurs dizaines de variétés. Elles ont été classées en trois catégories en fonction de leur «potentiel de biodiversité» et de leur résistance au réchauffement. Une dizaine d’arbres figurent dans le peloton de tête de ce classement et devraient faire partie de «la majorité des arbres plantés» en milieu urbain.

L’érable a sa place dans les rues et sur les squares. Plusieurs variétés sont recommandées, mais l’érable plane et le sycomore sont toutefois sensibles au compactage du sol – et le premier n’aime pas le sel de saumure. Le charme, intéressant pour sa robustesse et l’ombre qu’il peut apporter, est sélectionné. Le peuplier et le tremble sont également des concurrents sérieux. Le chêne figure lui aussi parmi les favoris. Cependant sa croissance est lente. «Il demande également beaucoup de place, sans compter les glands qui tombent», faisait remarquer, en 2019, Hervé Despont, contremaître des parcs et promenades de la ville de Fribourg.

Le saule, le sorbier, l’if, l’orme et le tilleul font également partie de l’équipe championne sélectionnée par le canton. Mais le sorbier à larges feuilles est «sensible au feu bactérien» et l’if «est toxique: à ne pas planter près des écoles ou des places de jeu». Le tilleul est déjà maillot jaune, avec plus de 1000 spécimens présents dans les rues de la capitale cantonale.

Patrick Chuard

laliberte.ch