L’atlas compte près de 500 pages et fait état de 186 espèces, dont une quinzaine qui ne niche plus dans le canton. Il fait écho à un autre livre paru dans les années 1990, qui relevait lui aussi les différents nicheurs fribourgeois. «Cette nouvelle étude de terrain nous permet d’observer l’évolution des oiseaux nicheurs dans le canton et peut servir de repère pour prendre des mesures de protection», appuie Jérôme Gremaud, l’un des quatre auteurs ayant coordonné la publication aux côtés de Yann Rime, Adrian Aebischer et Pierre Beaud.
Impact du climat
Que dit cet ouvrage sur la situation des oiseaux nicheurs dans le canton de Fribourg? Difficile de faire une synthèse, tant les paysages fribourgeois sont variés: «Nous disposons d’une grande diversité de milieux naturels, entre les Préalpes, les lacs et marais, les grands cours d’eau, les falaises, les forêts, les zones agricoles ou celles urbanisées», pointe Jérôme Gremaud. Le gradient latitudinal est lui aussi important, entre le bord du lac de Neuchâtel et le sommet du Vanil-Noir. «Les oiseaux qui nichent dans le canton sont donc aussi bien liés aux zones alpines qu’à celles de grands lacs», ajoute le spécialiste.
Si les populations d’oiseaux forestiers et des zones humides se portent bien, il est difficile d’en dire autant pour celles des prairies et des grandes cultures. «Les mesures de promotion de la biodiversité sont efficaces localement, mais insuffisantes à plus large échelle», soutient le coauteur. La diminution du nombre de prairies et l’activité agricole sont entre autres à l’origine de cette baisse de population.
En montagne, le réchauffement climatique pousse les oiseaux à nicher toujours plus en hauteur. De telle sorte que les zones les plus basses occupées par le lagopède alpin il y a 30 ans ont été désertées. Et l’ornithologue de compléter: «l’altitude est limitée dans le canton, certaines espèces risquent de ne plus y nicher ces prochaines années».
Gagnants et perdants
Il demeure que la région fribourgeoise peut admirer la diversité de sa faune aviaire. «La Suisse compte 210 espèces d’oiseaux nicheurs et le canton de Fribourg ne représente environ que 4% de sa superficie. Pourtant, nous avons plus des trois quarts des espèces nationales dans notre région», mentionne Jérôme Gremaud.
En trente ans, certaines espèces ont disparu de nos latitudes, tandis que d’autres s’y sont installées. Le guêpier d’Europe est remonté vers le nord jusqu’à arriver dans le canton, tandis que le grand tétras ne niche plus dans les Préalpes. L’espèce la plus abondante n’est pas le moineau, qui termine sur la troisième marche du podium, mais le pinson des Alpes. Le chevalier guignette s’empare, lui, du titre d’espèce la plus rarement observée.
Patience et observation
Avant de pouvoir tirer ces conclusions, il a fallu récolter et compiler les données. Ainsi, pas moins de 948 observateurs se sont rendus sur le terrain entre 2013 et 2017. Une méthodologie minutieuse a été mise en place: la carte du canton de Fribourg a été quadrillée en 365 carrés de 2,5 km sur 2,5 km, avec des relevés de présence des espèces pour chaque carré. Les participants ont répertorié en tout 278 112 données, comme l’observation d’un nid d’une espèce nicheuse ou d’un spécimen.
Il ressort que 172 espèces ont été observées entre le canton et la Broye vaudoise, dont 159 uniquement dans les limites cantonales. «Plusieurs espèces nichent sur la rive sud du lac de Neuchâtel», pointe Jérôme Gremaud. Une estimation du nombre de spécimens par espèce a également été menée avec l’aide de la Station ornithologique suisse.
Dans la publication, chaque oiseau a droit à une double page présentant son cycle annuel, son habitat, sa répartition dans le canton ainsi que son évolution sur les trente dernières années. Une photo prise par un des membres du Cercle ornithologique de Fribourg orne également la page, ainsi qu’une carte d’identité regroupant différentes informations sur l’espèce.
Le livre est disponible dans les librairies de la région au prix de 69 francs ou peut être commandé sur le site du Cercle ornithologique de Fribourg. Les bénéfices seront versés à une association de protection des oiseaux.
Rémi Alt
