Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 2 mai 2025

Elisabeth Baume-Schneider copieusement huée et sifflée à la place Georges-Python

 

Free, free Palestine! Israël criminel, la Suisse complice!» Scandés par une militante du Collectif Solidarité Palestine Fribourg et repris en chœur par une bonne partie des quelque 300 personnes présentes, jeudi en fin d’après-midi, à la manifestation du 1er mai organisée dans la capitale cantonale, ce sont les slogans qui marqueront cette journée de mobilisation dans la Cité des Zaehringen.

La conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider, venue à Fribourg pour aborder des sujets plus traditionnellement associés à la Fête du travail, en particulier au lendemain de l’annonce du plan d’austérité du Conseil d’Etat, en aura été pour ses frais. Copieusement sifflée par les supporters de la cause palestinienne, dont les drapeaux et pancartes submergeaient les premiers rangs de l’assistance, la patronne du Département fédéral de l’intérieur s’est tout de même efforcée de faire entendre son discours dénonçant l’«explosion des inégalités dans le monde entier et dans notre pays», ou le renchérissement qui touche en premier lieu les personnes et les familles ne disposant que de faibles revenus.

Officiellement invités

Difficilement audible, son discours a été en grande partie couvert par les sifflets et les huées des militants propalestiniens. Ceux-ci n’avaient pas imposé leur présence: ils avaient été dûment invités et leur représentante a pu prendre la parole en fin de partie officielle. Elle a dénoncé «le mal, rampant et ignoble, qui s’est inséré partout dans la politique suisse, même dans les partis de gauche, et qui place le profit capitaliste au centre des décisions, tout en négligeant les droits de celles et ceux dont le travail est exploité pour grossir ses profits». Puis fustigé l’achat, par la Confédération, de drones israéliens «testés sur la population de Gaza» et ayant participé au massacre des quelque 15 000 enfants tués par l’Etat hébreu.

Dans une partie de l’assistance, en particulier parmi les membres du Parti socialiste fribourgeois, la pilule a eu du mal à passer. La conseillère nationale Valérie Piller Carrard, qui est pour beaucoup dans le déplacement d’Elisabeth Baume-Schneider à Fribourg, s’est notamment entretenue sur un ton cordial mais ferme avec l’un des militants. «Je lui ai expliqué notre engagement pour dénoncer ce qui se passe à Gaza, que ce soit au sein du Conseil national ou du Conseil de l’Europe, et les actions que nous menons pour que cela cesse», a-t-elle confié en aparté. «Siffler une conseillère fédérale, c’est un manque de respect. J’ai été heurtée par la manière dont cela s’est passé. Je suis d’accord avec la cause qu’ils défendent, mais pas avec la manière.»

«Un peu déçue»

Elisabeth Baume-Schneider, quant à elle, s’est déclarée un peu déçue et surprise par l’ampleur prise par les protestations propalestiniennes. «La liberté d’expression fait partie de l’ADN de notre pays», a-t-elle assuré à l’issue de sa prise de parole mouvementée. «Je peux comprendre que ces militants ne veuillent pas entendre la voix de l’autorité que je représente, mais je regrette que nous n’ayons pas pu dialoguer.» Elle a tout de même décidé de poursuivre son discours. «Non par arrogance, mais pour leur dire que je voulais les écouter et que je souhaitais qu’ils essayent eux aussi. Cela n’a malheureusement pas été possible. Mais au-delà de cet incident, l’accueil que j’ai reçu à Fribourg a été positif et généreux. Le 1er mai, c’est aussi ça: on ne peut pas être toujours tous d’accord.»

Et la conseillère fédérale d’affirmer que l’important, c’est que toutes les solidarités puissent s’exprimer, «que ce soit pour les travailleurs en Suisse et dans le monde entier, les questions de droit et de justice pour les femmes, mais aussi ce qui se passe à Gaza, en Ukraine et au Soudan».

Manif le 4 juin

Bien qu’un peu noyés dans le brouhaha militant axé sur la situation au Proche-Orient, les thèmes liés à la défense des travailleurs n’ont pas été totalement occultés jeudi. Plusieurs représentants syndicaux ont ainsi pris la parole pour prendre la défense des fonctionnaires de l’Etat de Fribourg, les dépeignant en boucs émissaires de la politique d’austérité du gouvernement cantonal. Isabelle Castella, présidente de la faîtière des associations du personnel de l’Etat (FEDE), a notamment annoncé une manifestation générale le 4 juin, afin de s’opposer à ces mesures.

Quant à Gaétan Zurkinden, secrétaire régional du Syndicat des services publics (SSP), il a dénoncé un programme d’économies hors de propos: l’Etat de Fribourg aligne les bénéfices depuis onze ans et le canton dispose d’une fortune, a-t-il rappelé. «Mais le but d’un Etat n’est pas d’être une banque. Son but est d’investir dans le service public et parapublic, pas de le démanteler.»

Marc-Roland Zoellig

laliberte.ch