«Pour l'avoir vécu personnellement, à partir de 50 ans, vous commencez à être vieux sur le marché du travail, et à partir de 60 ans plus personne ne veut de vous. Alors c'est bien beau d'inciter les gens à travailler plus longtemps que l'âge de l'AVS, mais encore faut-il trouver des entreprises qui soient d'accord de vous engager!».
Voilà un commentaire plein de bon sens d'un lecteur du matin.ch aux réformes de l'AVS proposées jeudi par le Conseil fédéral et sa ministre de l'Intérieur Elisabeth Baume-Schneider. La réalité du monde de l'emploi est en contradiction avec la volonté de faire travailler les gens plus longtemps.
Aujourd'hui, les personnes de 55 ans et plus ont droit à 520 indemnités de chômage (au lieu de 400) et, si elles se trouvent à quatre ans de la retraite, elles ont droit à 120 indemnités supplémentaires. Les personnes qui arrivent en fin de droit dans l’assurance-chômage après 60 ans peuvent bénéficier de prestations transitoires jusqu'à la retraite.
Entre 63 et 70 ans
Le législateur est donc bien conscient que la situation des personnes de plus de 55 ans, soit dix ans avant l'âge de référence, est déjà problématique sur le marché de l'emploi. Les Suisses ont voté la réforme AVS 21 en septembre 2022, celle-ci prévoit l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, mais également la possibilité de partir à la retraite à partir de n’importe quel mois entre 63 et 70 ans.
Aujourd'hui, le Conseil fédéral se projette dans les années 2030-2040 pour assurer la stabilité de l'AVS en prônant moins de retraites anticipées (le contraire de ce qu'on vient de voter!) et de favoriser le travail au-delà de l'âge de référence, au-delà de 70 ans... Mais encore faut-il en avoir l'envie de travailler dans un monde où les compétences changent très vite et où l'accent est mis sur la rapidité d'adaptation.
5,5 milliards de bénéfices
En votant pour une 13ᵉ rente AVS — et en rejetant l'augmentation de l'âge de référence ainsi que la réforme de la LPP — le peuple a montré qu'il voulait une sécurité, une forme de justice redistributive dans notre système de prévoyance. Cela ne plaît pas à tout le monde, mais ne gâchons pas nos années de retraite en s'infligeant du travail supplémentaire pour faire plaisir à quelques oiseaux de mauvais augures. L'année dernière, l'AVS a fait pour 5,5 milliards de bénéfices, largement de quoi voir venir.
Eric Felley
