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vendredi 5 décembre 2025

Alléluia, saint Nicolas retrouve sa crosse à l’entrée de la cathédrale

 

Dérobée il y a plus de deux ans, l’ancienne crosse de saint Nicolas n’a pas été retrouvée. 
Une réplique a été sculptée et posée ce jeudi
Antoine Vullioud


Sonnez hautbois, résonnez musettes! Le saint Nicolas de la cathédrale a retrouvé sa crosse traditionnelle. L’objet liturgique a été reposé ce jeudi dans la main droite de la statue du saint homme. Celle qui est placée juste en dessous du Christ en majesté sur le porche de la cathédrale. Le vénérable évêque de Myre, patron de la ville de Fribourg, pourra à nouveau tenir son rang dans quelques heures: sa fête patronale promet d’attirer, samedi, plus de 25 000 personnes en ville. La crosse d’origine, dérobée depuis plus de deux ans, est restée introuvable à ce jour.

L’ADN de Fribourg

«C’est une bonne nouvelle… une très bonne nouvelle», se réjouit Jean-Jacques Martin, prévôt de la cathédrale. Il contemplait jeudi la pose de la crosse de rechange par les employés de l’atelier d’ébénisterie d’Aurélien Chenaux, à Hauterive. En faisant remarquer que l’événement est discret mais qu’il revêt une grande importance pour l’édifice religieux. Comme pour la ville et le canton. On aurait pu, c’est vrai, convoquer les fifres, les fanfares et donner des concerts d’orgue pendant trois jours, tant l’évêque de Myre a de l’importance pour les Fribourgeois, bien au-delà des milieux catholiques. «L’ADN de Fribourg, c’est Saint-Nicolas, Gottéron et le gruyère», rappelait un badaud ce jeudi.

Le vol de la crosse de saint Nicolas, probablement survenu en 2022, révélé par La Liberté il y a tout juste une année, avait tout d’un acte sacrilège. Le larcin a été commis au cœur de Fribourg, sur la devanture de son bâtiment le plus emblématique. «Nous avons d’abord voulu croire qu’il s’agissait d’une mauvaise farce et que cette crosse allait être restituée», explique Natascha Gross, responsable de la cathédrale au Service des bâtiments de l’Etat. Une plainte avait été déposée à la police cantonale et une enquête ouverte pour tenter de retrouver l’objet patrimonial.

Un mécréant culotté

Malgré un minutieux visionnage des caméras de surveillance installées sur la façade du bâtiment de police de la place de Notre-Dame, le monte-en-l’air mécréant n’a pas pu être identifié. Il en a fallu du culot pour dérober la crosse de l’évêque de Myre, en se hissant à plus de quatre mètres du parvis, probablement avec une échelle. La crosse n’est jamais reparue, contrairement à ce pied de chandelier qui avait été dérobé à la cathédrale il y a une quinzaine d’années et que l’auteur de «l’emprunt» avait restitué.

Si la statue polychrome du XVIIe siècle possède une valeur patrimoniale, la crosse «n’a aucune valeur marchande», souligne Stanislas Rück, chef du Service des biens culturels. «Heureusement que l’auteur de ce vol n’a pas abîmé la statue ou d’autres éléments du porche.»

Propriétaire du bâtiment religieux, l’Etat de Fribourg a décidé de faire fabriquer une nouvelle crosse. «Nous avons attendu que les travaux de rénovation du quartier du Bourg soient terminés avant de la reposer», indique Natascha Gross. A l’atelier d’Hauterive, c’est la sculptrice Sophie Ney qui a été chargée d’en réaliser une nouvelle, copie conforme de l’originale. Elle a été fabriquée en bois de tilleul, comme la statue.

Feuilles d’or

«Je me suis basée sur des photos pour la reconstituer en utilisant un tour et des gouges de manière traditionnelle», raconte Sophie Ney. Sculpter les ornements baroques de la houlette lui a pris plusieurs jours. Elle confie que «ça fait bizarre» de voir son travail mis en lumière de cette façon, alors que ses réalisations restent le plus souvent discrètes. «Saint Nicolas, c’est une star, on dit qu’il a fait des miracles et sauvé des enfants.» L’artisane a été autorisée à signer son œuvre de manière discrète.

Le restaurateur Christoph Fasel suivait lui aussi la pose, jeudi. «J’ai appliqué les dorures ces derniers jours en utilisant des feuilles d’or pour la tête et d’or blanc pour le manche. Il fallait respecter au mieux les tons d’origine pour que rien ne jure avec la statue polychrome», dit l’artisan de Tavel. L’opération de remplacement aura coûté environ 4000 francs.

Le retour de cette crosse constitue une nouvelle heureuse à quelques heures de la Saint-Nicolas. «Je crois que c’est un signe extrêmement positif pour beaucoup de Fribourgeois», se réjouit Natascha Gross. Elle-même enfant de Fribourg, ancienne élève du Collège Saint-Michel, qui organise le cortège et la fête chaque année, elle se dit sensible à ce symbole. «Saint Nicolas a toujours été un porteur de bonnes nouvelles, une figure qui rassemble», commente Stanislas Rück.

Objet anachronique

Evêque de Myre (dans l’actuelle Turquie) au IVe siècle, saint Nicolas porte traditionnellement la mitre et la crosse dans l’iconographie religieuse. Son sosie du cortège de samedi, incarné par un élève de Saint-Michel, arborera lui aussi une crosse face au véritable évêque du diocèse, Charles Morerod, qui l’accueillera devant «sa» cathédrale. Pourtant, l’évêque historique de Myre n’a jamais été «crossé», puisque cet attribut n’est apparu qu’au début du Moyen Age, rappelait en 2023 l’abbé historien Jacques Rime.

L’origine de la crosse de l’évêque est «pastorale, au sens premier du terme», indique le site d’information chrétien Aleteia. «La houlette est ainsi utilisée par les bergers pour ramener leurs brebis dans l’enclos. A l’image du Christ Bon Pasteur, l’évêque a charge d’âmes sur le territoire qu’il se voit confié. Le bâton pastoral est le signe de cette juridiction qui est d’abord un ministère: garder la foi des apôtres et conduire le peuple de Dieu.»

Patrick Chuard

laliberte.ch