Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

lundi 23 janvier 2017

La victoire de Hamon ouvrira un boulevard à Macron


Jean-Christophe Cambadélis n’a pas perdu de temps pour se montrer à la télévision dimanche soir peu après 20 heures. Il n’avait pas grand-chose à dire mais ce n’était pas une raison pour se taire. Il a salué l’avènement d’un « nouveau temps » et s’est félicité de la mobilisation d’un « ensemble stable et durable dans une Belle Alliance ».

« Nouveau temps » ? Ça reste à démontrer. Benoît Hamon est arrivé en tête avec cinq points d’avance sur Manuel Valls. Il incarne une gauche bien à gauche avec tout ce que cela implique de vieilles lunes, d’idéologie et de gabegie financière (revenu universel d’existence atteignant, à terme, 750 euros pour toute personne âgée de plus de 18 ans, hausse des rémunérations dans la fonction publique, recrutement de 40.000 enseignants, légalisation du cannabis, droit de vote des étrangers aux élections locales, mixité sociale et diversité obligatoires dans les écoles privées). Ses propositions permettent de ratisser large, font allègrement fi du réel et ont de quoi séduire ceux qui sont drogués, notamment à l’argent public.

« Ensemble stable et durable » ? C’est, à tout le moins, discutable, avec environ 1.800.000 votants, soit un recul de presque un million par rapport au niveau de participation atteint à la primaire de 2011. Vincent Peillon, l’un des perdants, a reconnu que cette participation était moyenne, voire décevante.

Le premier secrétaire du Parti socialiste avait fixé la barre à un million et demi. Il ne prenait pas trop de risques. Laurent Joffrin, directeur de Libération, peu suspect de détestation ciblée à l’encontre du PS, estimait qu’à moins de deux millions de votants, ce parti aurait du mal à survivre en l’état.
« Belle Alliance » ? La gauche façonnée par François Mitterrand a explosé depuis belle lurette. Jean-Luc Mélenchon poursuit son bonhomme de chemin avec ses imprécations, ses péroraisons et ses sondages à deux chiffres. Emmanuel Macron a pris son envol, il remplit ses salles en se mouillant le moins possible et il se rapproche de François Fillon, retranché dans son silence assourdissant. Entre les deux, François Hollande abandonne ses petits camarades presque dans l’état où il laisse le pays. On va assister, dimanche prochain, à un face-à-face entre une gauche qui se présente comme responsable, apte à gouverner (mais ses résultats sont loin de plaider en sa faveur) et une gauche des utopies, des symboles et des dérives. Dans la grande tradition socialiste, cette dernière a toutes les chances de l’emporter.

Avec, si ce scénario se réalise, deux conséquences : conformément au code de bonne conduite accepté par les participants à la primaire, Manuel Valls devra soutenir le candidat Hamon et son fameux revenu universel, dont il pense et dont il dit pourtant beaucoup de mal ; et puis l’espace politique s’ouvrant devant Emmanuel Macron s’élargira davantage encore. Mieux qu’un boulevard. Peut-être une autoroute sur laquelle il pourra embarquer en auto-stop de nombreux amis de Manuel Valls et d’Alain Juppé.

La boîte à gifles est ouverte !

Deux gifles en une semaine, cela fait tout de même beaucoup. Pour Manuel Valls, qui pratique la boxe, cela doit être difficile à encaisser. C’est en effet une gifle, pour celui qui était Premier ministre il y a moins de deux mois, puisqu’il arrive derrière Benoît Hamon au premier tour de la primaire. Au moment où j’écris ces lignes, Hamon obtiendrait plus de 35 % des voix contre 31 % pour Valls. Arnaud Montebourg obtient la troisième place avec 18 % et vient d’appeler à voter pour Hamon. Mais cette gifle, ou plutôt ce coup de poing qui pèse 53 % (les scores additionnés de Hamon et Montebourg), atteint aussi – et peut-être surtout – François Hollande et son quinquennat.

Comparée à cette gifle, la claque des petits candidats à cette primaire n’est qu’un soufflet amical, à hauteur de leur gentille participation à la compétition. Au fond, Jean-Luc Bennahmias, avec 1,6 %, fait mieux en pourcentage que Jean-François Copé. Il a donc bien mérité un petit chichon récréatif ! Sylvia Pinel obtiendrait 1,6 % et va pouvoir retourner, satisfaite, dans sa réserve d’Indiens que constitue le Parti radical de gauche. Allez, elle a bien mérité une investiture ! François de Rugy, avec près de 3,5 %, ne fera pas rimer sa particule avec le ridicule. Vincent Peillon, totalisant près de 6,5 %, va rejoindre le Parlement européen qui ne s’est sans doute même pas aperçu de son absence. Les forces en présence, en ce soir du premier tour, lui permettent-elles de jouer le faiseur de rois ? Pas certain.

Le roi de quoi, d’ailleurs ? De quel royaume ? Un Parti socialiste crépusculaire qui pourrait avoir pour décor Sigmaringen !

Sauf surprise, donc, Benoît Hamon devrait emporter cette primaire. Au programme : un revenu universel et toujours plus d’immigration. Que du rêve, en somme : panem et circences. On confirme : le socialisme est bien une maladie infantile.

Il paraît que ce serait une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron. Voire. Le dernier sondage Ipsos-Sopra-Steria, en date du 19 janvier, crédite l’ancien ministre de l’Économie de 17 % si Benoît Hamon est le candidat socialiste. 17 %, c’est 8 points derrière François Fillon et Marine Le Pen, au coude-à-coude autour de 25 %. Il y a donc encore loin de la coupe aux lèvres.

Néanmoins, depuis plusieurs jours, une petite musique commence à se faire entendre : le candidat victorieux de cette primaire pourrait, non pas se désister, mais renoncer à se présenter, au profit d’Emmanuel Macron, afin d’éviter un second tour Le Pen-Fillon. Valls, qui n’a pas hésité à appeler, en 2015, à voter Estrosi et Bertrand, aux élections régionales, n’est pas à un renoncement près, on le sait. Benoît Hamon, qui n’a cessé de combattre la politique économique de Macron, irait-il jusque-là ? On peut tout imaginer.

Ce serait, en tout cas, un nouveau déni de démocratie dont les socialistes, quel que soit leur courant, sont largement capables. Car il faut tout de même reconnaître que cette primaire – procédé certes fort contestable dans notre Ve République – n’a pas été un bide : près de deux millions de participants, peut-être plus la semaine prochaine, si les électeurs veulent porter le coup de grâce à Valls. Le renoncement d’un candidat tirant tout de même une certaine légitimité des urnes au profit d’un candidat, jamais élu, chouchou des médias et gonflé aux sondages, serait une nouvelle preuve que la gauche méprise le peuple dont elle se prétend le défenseur.

Quoi qu’il en soit, la boîte à gifles est ouverte au Parti socialiste !

Fabrice Le Quintrec
Journaliste

Georges Michel
Colonel à la retraite