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jeudi 20 juin 2019

Le parlement va-t-il enterrer la candidature de la Suisse au Conseil de sécurité ?


Le Conseil de sécurité de l'ONU à New York est composé de cinq membres permanents (États-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne) et de dix membres non permanents. Ces derniers sont élus par l'Assemblée générale des Nations Unies pour un mandat de deux ans.


Depuis 2011, la Suisse tente de convaincre la scène diplomatique du bien-fondé de sa candidature au Conseil de sécurité de l’ONU. L’opposition interne au nom de la neutralité n’a jusqu’ici rencontré que peu d’écho. Mais le vent pourrait tourner.

En 2023, la Suisse aimerait occuper l’un des deux sièges non permanents réservés à l’Europe de l’Ouest au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le Conseil fédéral (gouvernement) a pris la décision de lancer sa candidature il y a environ 8 ans. L’élection est prévue en 2022 et les chances de la Suisse sont théoriquement plutôt bonnes, l’unique concurrent à ce stade étant Malte.

La petite et neutre Helvétie pourrait donc s’asseoir à la même table que les plus grandes puissances mondiales… Une idée qui a dès le début hérissé le poil de l’UDC, le parti de la droite conservatrice. Il estime que la Suisse n’est pas à sa place au Conseil de sécurité, car en tant que pays neutre elle ne doit pas participer à des décisions sur la guerre et la paix. L’UDC a tenté de combattre cette candidature au parlement, arguant notamment qu’une telle décision devait être obligatoirement soumise au législatif. Une vision qui n’a pas réuni de majorité politique en 2013.

Le vent a tourné

La position de l’UDC a reçu de nouveaux soutiens l’été dernier: les médias suisses ont rapporté le scepticisme grandissant des autres partis de droite à une candidature suisse au Conseil de sécurité. Une majorité des membres du Parti libéral-radical (PLR, droite libérale) est contre et les démocrates-chrétiens (PDC, centre-droite) sont divisés.

Le président du PDC, Gerhard Pfister, affirme dans une tribune publiée dans le journal conservateur Weltwoche en février dernier que la situation mondiale a changé depuis la décision du Conseil fédéral de soumettre la candidature de la Suisse: «Les États-Unis, la Russie et la Chine tiennent de moins en moins compte des organisations et accord internationaux. Ils suivent désormais la politique du plus fort qui dominait dans les pays européens avant la Première Guerre mondiale. Le Conseil de sécurité devient le théâtre des nouveaux jeux de pouvoir de la politique mondiale.»

Paul Widmer est un ex-ambassadeur et professeur dans le domaine des relations internationales à l’Université de St-Gall. Il estime également que le parlement devrait conseiller au Conseil fédéral de retirer sa candidature. La Suisse doit se contenter de ce qui fait sa force: «Servir la communauté internationale par sa neutralité», écrit Paul Widmer dans le journal NZZ am Sonntag.

Parole contre parole

Les partisans de cette candidature au Conseil de sécurité de l’ONU ne voient aucun conflit avec le principe de neutralité. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) soutient qu’en tant qu’État neutre, la Suisse est relativement indépendante et peu s’orienter plus facilement vers la recherche de consensus. De plus, la Confédération doit déjà soutenir les décisions du Conseil de sécurité, rappelle Frank Grütter, chef de la division Nations Unies et organisations internationales du DFAE, dans une interview à la radio alémanique SRF. Avec un siège au Conseil de sécurité, la Suisse pourrait participer à l’élaboration de ces décisions.




Le gouvernement lui-même écrit en 2015 dans une réponse à un postulat du parlement: «Un mandat de la Suisse au Conseil de sécurité est parfaitement compatible avec le droit de la neutralité et la politique de neutralité de la Suisse.»

L’UDC fait pression

L’UDC veut maintenant une nouvelle prise de position: dans une motion, elle demande au Conseil fédéral de renoncer «définitivement» à cette candidature au Conseil de sécurité. La proposition est débattue ce jeudi au Conseil national, et l’issue du vote est incertaine.



Kathrin Ammann