Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

vendredi 12 septembre 2008

Guillaume Tell (la légende)

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Guillaume et Walter Tell


Au treizième siècle, la Suisse dépendait encore du Saint Empire romain germanique. Les habitants des Waldstätten étaient sous la protection et la surveillance de l'empereur allemand qui avait l'habitude d'y envoyer des gouverneurs, appelés baillis, pour percevoir les taxes impériales. Vers la fin du siècle, les ducs de Habsbourg-Autriche tentèrent de réunir les Waldstätten à leurs domaines afin de contrôler le commerce transalpin. Lorsque Albert d'Autriche fut élu empereur, il y envoya ses propres baillis autrichiens. Ce fait provoqua la résistance et la colère des paysans.

A Uri, le bailli se nommait Herman Gessler et n'était pas connu pour sa grande mansuétude. Afin de savoir ce que le peuple pensait de sa charge il fit arborer, sur la grande place d'Altdorf, un chapeau au haut d'une perche. Il ordonna que chacun qui passait par là se découvre pour rendre ainsi hommage à son chapeau.

Un jour, Guillaume Tell de Bürglen, accompagné de son fils Walter, passe devant le chapeau sans le saluer comme il le faudrait. Tell est arrêté et immédiatement confronté à Gessler. Celui-ci lui demande pourquoi il n´a pas obéi à ses ordres. La réponse de Tell est assez vague. Gessler n´en est pas content et lui dit : « Tell, tu es un fameux arbalétrier, voici ta punition : tu abattras une pomme placée sur la tête de ton enfant. » Le pauvre Tell offre sa propre vie pour éviter à tout prix de mettre en danger la vie de son fils. Il supplie en vain Gessler de modifier cet ordre terrible. Le bailli féroce décide que, si Tell refuse ou s´il manque à la première fois, tous les deux, lui et son fils, devront mourir. Tell n´a plus de choix. Il vise la pomme, et la flèche la frappe droit au centre. La foule rassemblée ne cache pas sa sympathie pour Tell et applaudit frénétiquement son coup de maître. Cependant, Gessler s´est aperçu que Tell avait caché une seconde flèche dans son sein. Il lui en demande la raison. Tell répond évasivement que c´est une coutume des tireurs. Gessler n'en est pas convaincu du tout.

Il promet à Tell d'épargner sa vie, s'il lui dit la vérité. Alors Tell lui dit : « Si j´avais manqué la pomme et tué mon enfant par la première flèche, avec cette seconde flèche, j´aurais frappé... vous-même... » A cette réplique téméraire, le bailli donne l'ordre d'emmener Tell dans la prison de son château fort de Küssnacht ; c'est là qu´il végétera pour le reste de sa vie.

Gessler, accompagné de son escorte, s'embarque à Flüelen pour Küssnacht. Mais, peu de temps après, un orage terrible éclate et la barque est sur le point de sombrer. Les rameurs pâlissent. On dit à Gessler que seul Tell, aussi expert navigateur qu'adroit arbalétrier, pourrait les sauver. Le bailli fait ôter les fers à Tell et celui-ci se met au gouvernail. Tell dirige la barque vers le rivage de l'Axen. Lorsqu´il en est assez proche, il saisit son arbalète et s'élance sur un rocher aplati, tout en repoussant d'un coup de pied la barque dans les ondes agitées.

Tell traverse en toute hâte les montagnes et les collines et se rend à la « Hohle Gasse » (chemin creux) près de Küssnacht. Il se place en embuscade et attend le tyran Gessler. Celui-ci, qui vient d´échapper à la tempête, arrive sur son cheval. Tell le tue par la seconde flèche dont il n´a pas eu besoin à Altdorf.

La nouvelle de l´action héroïque de Guillaume Tell se répand vite dans les Waldstätten. L'exploit de Tell confirme le peuple de la région dans sa volonté ferme d´acquérir l´indépendance et la liberté.

Pour beaucoup de personnes, Guillaume Tell demeure encore ce héro charismatique à l'origine de la fondation de la Suisse. Même s'il s'agit d'un personnage légendaire, ses qualités font de lui un leader naturel. Aussi habile à manier l'arbalète qu'à mener sa barque, c'est homme courageux et téméraire ne craint pas de défier l'autorité pour défendre sa dignité. Franc, il ne craint pas le danger non plus et traverse les orages sans dommage. C'est en ce sens qu'il faut voir dans Guillaume Tell l'image d'un leader plutôt comme modèle, comme inspiration que véritablement comme un meneur d'homme au sens propre du terme.

Ce n'est pas un hasard si le personnage de Guillaume Tell devint très populaire durant la révolution française en tant que défenseur de la liberté. La légende aurait même servit à justifier la condamnation à mort de Louis XVI ce qui n'est guère surprenant étant donné que les révolutionnaires français combattaient le même ennemie, à savoir les Habsbourgs-Autriche. Guillaume Tell a ensuite été repris dans toute l'Europe comme symbole de liberté, que ce soit chez les révolutionnaires russes du XIXème siècle ou encore chez les républicains espagnols du XXème siècle.

Bien que le bailli Gessler n'ait jamais existé et que Tell soit sans doute qu'un surnom, cette grande popularité à travers toute l'Europe, Tell la doit notamment au dramaturge allemand Schiller qui lui consacra une pièce de théâtre d'après d'anciennes chroniques suisses et les récits de son ami Goethe récemment rentré d'un voyage en Suisse. Joué pour la première fois en 1804 à Weimar, la pièce est depuis jouée tous les ans à Interlaken où elle attire de nombreux touristes.

Enfin l'opéra de Gioacchino Rossini, Guillaume Tell, joué pour la première fois à Paris en 1829, contribua a diffuser la légende de ce héro suisse dans l'ensemble des pays européens.

En conclusion, la légende a fait de Guillaume Tell une figure de proue dans le sens où les peuples oppressés ont pu se reconnaître en lui. Cependant, si Guillaume Tell est un symbol de liberté, il ne représente que cet aspect idéaliste et ne se soucie guère des règles indispensables pour vivre en société, notamment en se rendant justice lui-même. Sans respect ni véritable vision ou même sens de l'organisation, un leader ne peut changer le cours de l'histoire tout seul. Par contre il peut mettre en marche une révolution.



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Guillaume Tell était très populaire chez les révolutionnaires français et il avançait comme symbole officiel de la République Helvétique en Suisse (1798 - 1803).
Même les révolutionnaires russes au 19eme siècle et les républicains espagnols au 20eme siècle se sont rapportés à Guillaume Tell.

Egger Ph.