Il existe de nombreuses méthodes pour tenter de prévoir les tremblements de terre. Quelques unes seulement ont fait l'objet d'études sérieuses et critiques. Par exemple, en 1991, une commission a étudié 20 publications qui traitaient de méthodes de prédictions utilisant des événements précurseurs. La conclusion est que seuls trois articles présentaient des précurseurs indiscutables.
1. Les scientifiques ont aussi élaboré des méthodes de prédictions à plus court terme utilisant des éléments précurseurs à un séisme. Dès les années 60, par exemple, des scientifiques soviétiques ont remarqué que la vitesse des ondes P diminuait de 10% environ avant un séisme alors que celle des ondes S était constante. Ils remarquèrent ensuite que la vitesse des ondes P redevenait "normale" juste avant le séisme. Lorsque des roches sont soumises à des contraintes suffisamment fortes, elles se fissurent. Comme les ondes P ne se propagent pas bien dans l'air, leur vitesse diminue à cause de ces fissures. Lorsque la fracturation atteint une valeur limite et s'y maintient quelque temps avant la rupture finale, l'eau souterraine inonde ces fractures, rétablissant la pression initiale, ce qui permet aux ondes P de retrouver leur valeur initiale. Cette méthode, appelé méthode de la dilatance, a suscité beaucoup d'espoir mais le phénomène n'est pas observé systématiquement. Enfin, si ce phénomène dure quelques jours pour un séisme de magnitude 3, il peut durer jusqu'à 40 ans pour un séisme de magnitude 8 !
2. On a également étudié la concentration en radon des eaux souterraines proches d'une faille active. Le radon est un gaz radioactif naturel (donc dû à une réaction nucléaire naturelle) dont la concentration varie en fonction de la nature du sol ou encore des variations météorologiques. On a observé que la teneur en radon augmentait dans les eaux à l'approche d'un séisme. Ceci serait dû aux frictions dans la roche à cause des contraintes à l'approche de la rupture provoquant le séisme. Ces frictions provoqueraient la fracturation de la roche, entraînant une remontée vers la surface, grâce à ces fractures, du radon piégé dans les roches profondes. Il a été établi de façon formelle qu'il existait une relation entre la teneur en radon et l'activité sismique. Il est cependant délicat d'utiliser cette technique seule car on ne sait pas précisément déterminer les fluctuations de la teneur en radon dues à d'autres activités naturelles comme les variations climatiques. Il est donc difficile de donner une alerte fiable avec ce seul élément. Mais on utilise fréquemment cette technique couplée à d'autres éléments de prédiction. Pour la petite histoire : le sismologue Giampaolo Giuliani du laboratoire de recherche du “Gran Sasso”, avait annoncé une semaine avant le tremblement de L’Aquila, un tremblement de terre désastreux dans la même zone. Il avait été accusé d’avoir créé une atmosphère de psychose dans cette zone de L’Aquila, les dimanche 28 et lundi 29 mars 2009. Il fut alors violemment dénoncé par Guido Bertolaso. Le fait fut relaté par la presse le 1er avril, alors que l’on dénonçait le fatalisme de Giampaolo Giuliani et son “tremblement de terre imaginaire”. La méthode d'analyse de Giuliani se base sur l'analyse des quantités de gaz radon libéré par la croûte terrestre. Il a construit d'énormes cubes en plomb afin de réaliser les mesures nécessaires aux analyses prévues par sa méthode "révolutionnaire". Guido Bertolaso a lui déclaré plusieurs fois qu’il était “impossible de prévoir quoi que ce soit” en matière de séisme.
3. Des scientifiques japonais ont remarqué que dans certaines régions, le sol (ou le niveau marin) se "soulevait" de plusieurs dizaines de centimètres à l'approche d'un séisme, comme s'il "gonflait" avant le choc. Ce phénomène peut en particulier être observé en relevant le niveau d'eau dans les puits ou en mesurant l'inclinaison du sol. En étudiant la surface de la zone surélevée, on peut estimer la magnitude du séisme à venir. Cependant, là aussi, cette surélévation du sol n'est pas systématique. De plus, ce phénomène a été observé dans des régions où aucun séisme n'a eu lieu, ce qui rend ce phénomène difficilement utilisable, en tous cas s'il est utilisé seul, pour prévoir des séismes. Dans de nombreux cas, un séisme violent est aussi précédé d'une multitude de petits séismes. Ainsi dans une zone de lacune sismique particulièrement calme, une soudaine activité, même de faible magnitude, peut indiquer l'imminence d'un séisme plus important. Cette méthode a permis de prévoir plusieurs séismes mais est assez imprécise et aléatoire car on ne connaît pas a priori la durée de cette phase de faible activité qui peut être entrecoupée de longues phases de calme. De plus, de nombreux séismes ne sont pas précédés de ces séismes précurseurs et il existe des périodes d'activité faible qui ne sont pas suivies de séismes importants.
La méthode du gaz Radon
Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle, présent dans la plupart des roches. Il est inodore, incolore et insipide. L’intensité de son dégagement varie selon la région, la saison ou le moment de la journée. Par exemple, c’est durant la nuit que les émanations de radon sont plus intenses après le réchauffement du sous-sol pendant la journée. Il y a entre autres deux causes principales à la variation de la concentration de radon. D’une part, une isolation trop robuste du bâtiment, d’autre part, une ventilation réduite ou qui laisse à désirer.
Généralement, ce gaz se dilue rapidement dans l’atmosphère dès qu’il atteint la surface du sol. Par contre, lorsqu’il s’infiltre par les fissures du sol jusqu’aux caves et pièces d’habitation, il peut s’y accumuler et atteindre des concentrations élevées. Ce qui a des effets néfastes sur la santé. En effet, le radon se désintègre en fines poussières que nous respirons.
Le radon provient de la transformation de l’uranium naturellement présent dans le sol. La désintégration nucléaire du radon engendre des produits dérivés dits „descendants“ (polonium, bismuth et plomb), eux-mêmes radioactifs et en suspension dans l’air que l’on inspire. Dans les espaces clos, le radon se dépose peu à peu sur les objets, les particules de poussière et les particules ultrafines en suspension dites aérosols. Ces particules sont inhalées avec l’air inspiré et peuvent pénétrer dans les poumons, se déposer sur le tissu pulmonaire et l’irradier, avec pour conséquence possible le cancer du poumon.
« L’exposition au radon domestique serait à l’origine d’environ 9 % des décès par cancer du poumon et de 2 % de tous les décès dûs au cancer en Europe. » Le radon est un gaz très particulier. Il y en a un peu partout, souvent à très petites doses, parfois à doses plus élevées dans certaines habitations. Inodore, il passe inaperçu. « L’association entre l’exposition au radon et le cancer du poumon a été démontrée en premier lieu par des études menées sur des mineurs exposés sous terre à de fortes concentrations en radon. »
Pratiquement, les précautions à prendre sont simples. Mais, elles doivent être d’autant plus rigoureuses si cela concerne des enfants et/ou des fumeurs. Avant de construire, il convient de se renseigner au préalable sur le niveau de risque de votre lieu d’habitation - et le cas échéant - d’effectuer des mesures de radon à même le sol. Des aménagements pourront s’avérer nécessaires : une bonne aération et l’installation d’un film plastique imper-méable entre la chape et le sous-sol. Lorsque la maison est déjà occupée, il est aussi utile de se renseigner sur la situation locale du radon et d’avoir éventuellement recours à des tests afin d’évaluer le taux de concentration.
Plus récemment, il s’est confirmé que dans des lieux où le gaz est peu présent, une exposition continue, pendant de longues années, peut être aussi facteur de risque. « L’analyse conjointe des données d’études conduites dans treize pays, incluant la France, a généré les résultats les plus précis actuellement disponibles sur le risque de cancer du poumon suite à une exposition au radon. La conclusion principale de cette étude est l’augmentation linéaire du risque de cancer du poumon de 16 % pour un accroissement de 100 becquerels/m3 de la concentration en radon »
« Aujourd’hui, la science a pu démontrer l’existence d’une association entre le cancer du poumon et l’exposition au radon. Le défi est maintenant de communiquer ces informations à tous les acteurs et d’aider les décideurs à réaliser des actions pertinentes à tous les niveaux. »
D'après l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), lorsque la concentration en radon dépasse 1000 Bq/m3, il faut assainir le batiment. La concentration en gaz doit être ramener en dessous de 400 Bq/m3.
La concentration en radon dans l’air s’exprime en Becquerel par mètre cube (Bq/m3). Cela correspond au nombre de désintégrations du radon par seconde et par mètre cube d’air. L’Union européenne recommande que les concentrations restent inférieures à 400 Bq/m3 dans les maisons existantes, et 200 Bq/m3 dans les nouvelles habitations
Qu'est ce qu'un 1 Becquerel ?
Il s'agit de l'unité de radioactivité du système d'unités international SI. Son abbréviation est Bq. Son nom vient du physicien français Antoine Henri Becquerel.
1 Bq = 1 s-1
Une substance a une radioactivité de 1 Bq lorsque un atome de cette substance se désintègre en moyenne à chaque seconde.
Faut-il encore s’en inquiéter aujourd’hui ?
Il n’y a pas de raison de s’en préoccuper moins qu’auparavant. Au contraire, car si le radon pénètre dans les habitations de la même façon qu’il y a 50 ou 100 ans, il ne parvient plus à en sortir aussi facilement qu’avant. La crise pétrolière des années 70 a provoqué une isolation accrue des bâtiments et donc une diminution de la ventilation naturelle de ceux-ci. Selon une étude suédoise comparant les mesures effectuées dans les années 50 et dans les années 80, les taux de radon à l’intérieur des habitations ont doublé, voire triplé en 30 ans !
Quels sont les symptômes et les risques pour la santé ?
Le radon ne provoque pas de maux de tête, insomnies, rhumes... Trop de facteurs (milieu de vie et de travail, tabagisme actif et passif...) entrent en compte pour pouvoir estimer le risque précisément. On considère que le risque de développer un cancer du poumon suite à une exposition à une faible concentration en radon pendant toute une vie n’est probablement pas nul, mais aujourd’hui ce risque est toujours difficile à estimer. Des études menées sur des mineurs semblent indiquer qu’une exposition de longue durée à des taux élevés de radon pourrait augmenter le risque de développer un cancer du poumon. Mais c’est le tabac qui reste de loin la première cause de cancer pulmonaire ! Il faut appliquer un principe de précaution.
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Egger Ph.