En réponse à mes détracteurs, je me dois de mettre les points sur les i: je ne nie nullement le changement climatique, mais je considère que le réchauffement global n'est pas le phénomène essentiel
Ma chronique sur le «réchauffement climatique» ayant suscité trois ou quatre réactions d'une violence hors de propos, je me dois de mettre les points sur les i. Il me semble y avoir effectivement une modification climatique comme on en connaît dans l'histoire des hommes ou l'histoire géologique. L'idée la plus généralement admise postule que ce changement consiste principalement en un réchauffement global et qu'il serait causé par le gaz carbonique (CO2) émis par l'homme suivant le phénomène physique dit de l'effet de serre. Je fais partie des membres de la communauté scientifique, certes aujourd'hui très minoritaires, qui contestent cette interprétation, la trouvant simpliste et occultant les dangers véritables.
Nous ne nions nullement le changement climatique, mais nous considérons que le réchauffement global n'est pas le phénomène essentiel. Si la température augmente de 1 ou 2 °C par siècle et que le niveau de la mer augmente de 25 centimètres, cela ne nous paraît pas catastrophique. Nous pensons, pour notre part, que le phénomène essentiel est l'augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes: canicule ou hiver russe, fortes pluies avec inondations et sécheresse avec manque d'eau potable, tornades violentes et fréquentes. Le tout avec des répartitions géographiques apparemment aléatoires.
La seconde question est celle de l'influence du CO2. L'augmentation des teneurs en CO2 dans l'atmosphère est un fait d'observation et l'homme en est très certainement responsable. A terme, cette augmentation deviendra sans nul doute une pollution néfaste, mais son rôle exact sur le climat est moins clair. Divers paramètres nous paraissent plus importants que le CO2. Ainsi, le cycle de l'eau et la formation de divers types de nuages, avec les effets complexes des poussières industrielles ou agricoles. Ou bien les fluctuations de l'intensité du rayonnement solaire à l'échelle du siècle et de l'année, qui semblent mieux corrélés avec les effets thermiques que les variations de teneur en CO2.
Enfin, les effets observés sont, à nos yeux, différents dans l'hémisphère Sud et dans l'hémisphère Nord, où la disparition de la calotte glaciaire du Groenland paraît incontestable, au contraire de l'Antarctique. Troisième point de désaccord, nous pensons qu'il est impossible de prévoir à long terme l'évolution du climat, car il dépend de la logique des phénomènes chaotiques, comme l'a montré Edward Lorenz. Ce que confirment l'observation paléoclimatique - avec l'occurrence des événements imprévisibles qu'on appelle les Dryas ou les événements de Heinrich - et encore plus les études historiques comme celle de Le Roy Ladurie, qui relève l'existence de phénomènes de canicule mortelle au XVIIIe siècle, lors du Petit Age glaciaire.
Mais ce qui me distingue des fanatiques de l'effet de serre, c'est que leurs proclamations consistent à dénoncer le rôle de l'homme sur le climat sans rien faire pour combattre ce danger, si ce n'est organiser des colloques et préparer des protocoles qui restent lettre morte. C'est l'attitude de l'écologie dénonciatrice. Je me situe clairement dans l'écologie réparatrice. Celle qui propose des solutions concrètes pour préserver notre planète. Dans le cas présent, en aménageant le territoire pour la préservation de l'eau et la prévention contre les cyclones, en défendant l'idée des voitures hybrides ou électriques dans les villes et les recherches sur la séquestration du CO2.
Enfin, je rappelle à ceux qui ne le sauraient pas que j'ai écrit deux livres, en 1990 et en 1993, sur l'écologie, que j'ai été à la pointe du combat contre les dangers du plomb atmosphérique, que j'ai soutenu les recherches sur la couche d'ozone et l'effet des CFC et que, bien que partisan de l'énergie nucléaire pour préserver le pétrole, je me suis opposé à l'enfouissement profond des déchets radioactifs! Ce qui me distingue de certains, c'est que je crois en la capacité de l'homme à résoudre les défis, à condition de ne pas se tromper sur l'origine du danger! Ce dont je rêve, c'est que l'écologie soit le moteur du développement économique et non un obstacle créateur de peurs.
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Egger Ph.