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vendredi 6 novembre 2009

Une exfiltration ratée?

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La Suisse a-t-elle tenté une opération militaire pour libérer les deux otages en Libye? Une rumeur insistante court et Micheline Calmy-Rey ne dément pas...

Trois fois. La question a été posée trois fois à Micheline Calmy-Rey lors de la séance de la Commission de politique extérieure en début de semaine à Baden (AG). Y a-t-il eu tentative de la part de la Suisse de monter une opération militaire pour libérer les deux otages suisses retenus en Libye? Et trois fois la ministre suisse des Affaires étrangères a noyé le poisson. Préférant même rire une fois. Au final, elle a refusé aussi bien de confirmer que de démentir cette rumeur qui ne cesse d'enfler.

Luc Barthassat (PDC/GE) est l'un des parlementaires de cette commission qui s'intéresse de près à l'affaire. Il a particulièrement insisté lors de cette séance. «Aujourd'hui, nous n'avons toujours pas de réponse», regrette-t-il.

Pourtant, le sujet devient de plus en plus brûlant. Car la rumeur va bon train. Elle est colportée par des personnalités en position de connaître la vérité. Et surtout elle est précise: si les Libyens ont placé les deux Suisses dans un lieu secret le 16 septembre dernier, c'est bel et bien parce que les Suisses ont tenté de monter une opération d'exfiltration.

Le tout aurait capoté au moment de la planification. La Suisse aurait eu des contacts avec l'Algérie. Le but étant d'y constituer une base arrière indispensable pour recueillir les otages une fois libérés. «Mais les négociations ont fait trop de bruit, raconte-t-on. Un bruit qui a alerté les oreilles libyennes bien déployées dans la région.»

Libyens au courant

Ce n'est pas tout. L'opération d'exfiltration fait causer même à l'étranger. «Un diplomate français m'a parlé de négociations avec le Niger», a confié hier une autre source au «Matin»...

Aussi incroyable qu'il y paraît, la Suisse a-t-elle vraiment essayé de passer à l'action? En tout cas, le silence de Micheline Calmy-Rey ainsi que des proches du dossier fait planer le doute. Même Jean Ziegler, qui a été à plusieurs reprises consulté par la task force du Conseil fédéral dans ce dossier, affiche un «no comment» de circonstance.

Plus troublant encore, une source autorisée prétend avoir eu un contact le 17 septembre dernier, soit le lendemain de la mise en détention des deux otages, avec un membre influent du gouvernement libyen. Déjà à ce moment-là, ce représentant du pouvoir libyen parlait d'une tentative d'exfiltration. Plus tard, Hans-Rudolf Merz avait aussi expliqué que Muammar Kadhafi lui avait parlé de cette opération pour justifier l'arrestation des deux otages suisses.

Terrain idéal

A l'époque, tout le monde avait fait le lien avec les déclarations de Didier Burkhalter. Dans une interview, celui qui n'était pas encore conseiller fédéral avait expliqué que la Suisse avait les capacités de mener une telle opération. Précisant ensuite très vite qu'il avait parlé sur un plan théorique et qu'il n'avait aucune envie de voir la Suisse se prêter à ce jeu-là.

Pourtant cette version n'a jamais contenté les experts du dossier. Est-il possible qu'un pays comme la Libye, qui a engagé à grands frais une entreprise spécialisée dans la communication pour décortiquer les médias suisses, se laisse avoir par les propos d'un futur membre du Conseil fédéral? Pourtant, à l'époque, le fait que l'arrestation soit survenue le jour de l'élection de Didier Burkhalter avait fini par faire taire les experts les plus sceptiques...

Quelques semaines plus tard, cette version prend du plomb dans l'aile. Ce d'autant plus que, selon les experts militaires, la Libye, avec ses frontières maritimes et terrestres très étendues, serait un terrain idéal pour une exfiltration. Ne serait-il pas logique dans ces conditions que la Suisse analyse sérieusement une telle éventualité?
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Fabian Muhieddine