La Chandeleur (appelée aussi la Fête des Chandelles) est une fête religieuse chrétienne officiellement appelée la Présentation du Christ au Temple. On disait aussi autrefois Hypapante. Elle commémore la Présentation de l'enfant Jésus au Temple de Jérusalem et la purification (ou les relevailles) de sa mère, la sainte Vierge.
L'Évangile de Luc raconte : Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la Loi de Moïse, ils l'emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur
(Luc II, 22)
Selon la loi juive de cette époque (Lévitique, XII), une mère qui accouche d'un garçon était considérée comme impure pendant 7 jours et devait ensuite attendre la purification de son sang pendant 33 jours (donc pas question de se rendre dans un lieu sacré durant cette période). Après la naissance d'une fille, les délais étaient plus longs: la mère était impure pendant 14 jours et la purification avait lieu au bout de 66 jours !
La circoncision du garçon avait lieu le huitième jour. La circoncision de Jésus se fête donc le jour de l'an. Cette célébration est aujourd'hui tombée en désuétude... plus personne ne pense à fêter la circoncision du petit Jésus ce jour-là !
Dans l'Antiquité, on comptait le premier jour (aujourd'hui, si on parle du 8e jour, il tomberait le 2 janvier). Jésus est mort un vendredi et ressuscité le troisième jour qui tombe... un dimanche, et non le lundi de Pâques!
Des chandelles à la Chandeleur
Cette célébration de la présentation de Jésus au Temple, célébrée en orient, a été instaurée à Rome à la fin du VIIe siècle par le pape Serge Ier. Pour commémorer la venue au temple de Marie et son fils, il organise une procession du forum à la basilique Sainte-Marie-Majeure. Et dans le cadre de cette procession, des chandelles étaient allumées.
La chandeleur provient de l'expression festa candelarum : la fête des chandelles. Le latin candela désigne une bougie : il a donné en français la chandelle qui s'est effacée devant la bougie, d'origine algérienne. Bougie est en effet le nom d'une ville de Kabylie (Algérie), en arabe Bejaïa, qui fournissait au Moyen Âge de la cire pour fabriquer des chandelles. Mais au Québec, on allume toujours des chandelles ! Cependant, dans la célébration de la Chandeleur, il est plutôt question de cierges !
La fête des chandelles, c'est la bénédiction des chandelles, ou des cierges.
Définition du Dictionnaire de l'Académie française de 1762 :
Chandeleur :
La fête de la Présentation de Notre-Seigneur au Temple, & de la Purification de la Vierge, ainsi nommée, à cause que ce jour-là il se fait une Procession où tout le monde porte des chandelles de cire, ou des cierges.
Les communautés qui utilisent le calendrier julien célèbrent aussi cette fête le 2 février qui tombe actuellement le 15 février dans le calendrier grégorien.
Chez les Romains, on fêtait les Lupercales aux environs du 15 février, fêtes inspirées de Lupercus, dieu de la fécondité et des troupeaux.
Chez les Celtes, on fêtait Imbolc le 1er février. Ce rite en l’honneur de la déesse Brigid, célébrait la purification et la fertilité au sortir de l’hiver. Les paysans portaient des flambeaux et parcouraient les champs en procession, priant la déesse de purifier la terre avant les semailles.
Au Ve siècle, le pape Gélase Ier substitue cette fête aux antiques lupercales ou aux fêtes de Proserpine et de Cérès. Selon Lévitique 12, un petit garçon premier né doit être présenté au Seigneur par sa mère, 40 jours après la naissance, avec une offrande de deux tourterelles. Dans les églises, on remplace les torches par des chandelles bénies dont la lueur éloigne le Mal et rappelle que le Christ est la lumière du monde, tout comme la fête juive de Hanoukka, qui dure huit jours est la "fête des Lumières". Les chrétiens rapportaient ensuite les cierges chez eux afin de protéger leur foyer. C’est à cette époque de l’année que les semailles d’hiver commençaient. On se servait donc de la farine excédante pour confectionner des crêpes, symbole de prospérité pour l’année à venir.
Mais ce n’est qu’en 1372 que cette fête sera officiellement associée à la purification de la Vierge.
Le rite observé par la Sainte Famille est décrit en Luc 2, 21-24.
Dans les églises, on remplace les torches par des chandelles bénites dont la lueur éloigne le Mal et rappelle que le Christ est la lumière du monde. Les chrétiens rapportaient ensuite les cierges chez eux afin de protéger leur foyer. C’est à cette époque de l’année que les semailles d’hiver commençaient. On se servait donc de la farine excédentaire pour confectionner des crêpes, symbole de prospérité pour l’année à venir.
Mais ce n’est qu’en 1372 que cette fête sera officiellement associée à la purification de la Vierge.
Hypothèse de l'ours
Longtemps en Europe, l’ours fut l’objet d’un culte qui s’étendit de l’Antiquité jusqu’au cœur du Moyen Âge. Les peuples germains, scandinaves, et dans une moindre mesure celtes, célébraient la sortie d’hibernation de l’ours vers la fin du mois de janvier ou le tout début du mois de février. Mais la date faisant l’objet des plus importantes célébrations était le 2 février, ou quelques fois le 3, dans la majeure partie de l’Europe. Il s’agissait du moment où l’ours sortait de sa tanière pour voir si le temps était clément. Cette fête était caractérisée par des déguisements ou travestissements en ours, et des simulacres de viols ou d’enlèvements de jeunes filles.
L’Église catholique chercha pendant longtemps à éradiquer ce culte païen. Pour ce faire, elle institua deux célébrations importantes à la date du 2 février : la présentation de Jésus au temple et la purification de la Vierge Marie. Cependant, les célébrations de l’ours et du retour de la lumière continuaient lors de feux de joie et autres processions de flambeaux. Le pape Gélase Ier institua donc au Ve siècle la fête des chandelles.
Du XIIe au XVIIIe siècle, la chandeleur fut appelée « chandelours » dans de nombreuses régions[Lesquelles ?] françaises où le souvenir du culte de l’ours était encore très présent.
Il est indéniable qu’il subsista longtemps des cultes païens en Europe que les souverains chrétiens et les Églises ont cherché à éradiquer. Mais pour que « l’hypothèse de l’ours » soit ici éclairante, il faudrait,selon certains, qu’elle soit opérante à Rome au milieu du Ve siècle, là où la fête de Noël a été fixée au 25 décembre, et à Jérusalem, là où l’usage liturgique s’est établi de fêter la Présentation. En fait il n'y a pas besoin de cet éclairage, le calendrier chrétien lui-même s'en chargeant. En effet on y voit que la Chandeleur y est fixée au 2 février, et la Sainte-Brigitte au 1er février (Brigitt étant le nom de la Déesse celtique, célébrée à date équivalente). Par ailleurs le 1er février il y a également la Saint-Ours d'Aoste, et le 3 février la St-Blaise (qui signifie "ours"). De plus la chandeleur est l'ouverture de la période carnavalesque, or l'ours est l'annimal carnavalesque par excellence, comme l'ont parfaitement démontré Pastoureau et Ph.Walter (mythologie chrétienne, chez Imago). La chandeleur, tout comme Noël et l'Epiphanie, est une fête de la Lumière, laquelle Lumière est sans doute la seule et unique chose célébrée dans les rites, liberté étant donnée de la nommer Lumière, Vie, Christ, Apollon, Création, Logos, Être, etc, etc... Reste que la "festa candelarum" à Rome commémorait la recherche de la Déesse de la Lumière Perséphone enlevée par le Roi de l'Autre Monde Hadès, par sa Mère la déesse de la Vie Déméter. Perséphone n'étant plus dans notre monde les ténèbres étaient omniprésentes, sa mère a alors éclairé sa recherche avec une torche (c'est un symbole, bien sur...), et a fini par obtenir que sa fille serait sur Terre et sur l'Olympe pendant 2/3 de l'année (période claire), et dans l'Autre Monde (les Enfers) durant 1/3 du temps (saison hivernale). La fête des chandelles symbolise le retour de la Lumière. Février par ailleurs tire son nom de "februar": purifications (depuis l'Antiquité). Le Christiannisme a donc placé la fête de la Purification de la Vierge à ce moment. La purification dont il s'agit est celle de la sortie de la "ténèbre hivernale". Les mythes de la Belle au Bois dormant ou de Thésée et Ariane (par exemple) narrent la libération de la lumière (l'Aurore de l'année) par le "chevalier solaire". D'ailleurs la Belle au bois dormant ne s'appelle-t-elle pas... Aurore?
France ; Belgique ; Suisse
La fête des crêpes aux chandelles
Aujourd'hui, la Chandeleur évoque plutôt les crêpes que les cierges : c'est la fête des crêpes! Et pourquoi ne pas faire de la Chandeleur, un repas de crêpes aux chandelles ?
En Bretagne, les crêpes portent le nom de krampouezh [-poué] et un krampoueshour [-sour], c'est un amateur de crêpes.
En Corse, les nicci désignent des crêpes à base de pisticcina (farine de châtaigne): mettez un peu de pisticcina dans vos crêpes : c'est un régal ! (environ 1/4 de farine de châtaigne et 3/4 de farine de blé)
Des crêpes, du cidre et des chandelles... et vive la Chandeleur !
A Marseille, on fête la Candélouse ! (en provençal : Candelouso) et on mange des navettes de saint Victor (naveto de sant Vitou) petites pâtisseries en forme de barque...
La Chandeleur, fête des crêpes.Aujourd’hui, on connaît surtout la Chandeleur en tant que jour des crêpes. On raconte que c’est ce même pape Gélase Ier qui faisait distribuer des crêpes aux pèlerins qui arrivaient à Rome.
On dit aussi que les crêpes, par leur forme ronde et dorée, rappellent le disque solaire, évoquant le retour du printemps après l’hiver sombre et froid.
Il existe encore de nos jours toute une symbolique liée à la confection des crêpes. On fait ainsi parfois sauter les crêpes de la main droite en tenant une pièce (un Louis d’or) dans la main gauche afin de connaître la prospérité pendant toute l’année. On dit aussi que la première crêpe confectionnée doit être gardée dans une armoire et qu’ainsi les prochaines récoltes seront abondantes.
Mexique
C’est l’occasion de manger des tamales. C’est aussi un jour férié.
États-Unis et Canada
La célébration de la Chandeleur a été remplacée par le jour de la marmotte.
Aux États-Unis, on ne fête pas la Chandeleur ; le 2 février, c'est le Groundhog Day : le jour des marmottes. On célèbre (un peu tôt) la fin de l'hiver et de l'hibernation.
Groundhog vient de ground (terre) et hog désigne le cochon ! Ce mot est d'origine celtique et apparenté au gallois hwch, (cf. breton hoc'h : porc) de même sens.
C'est un synonyme de woodchuck : ce terme est une adaptation anglaise d'un mot indien. Ce nom n'a donc rien à voir avec un quelconque animal des bois tel que le woodcock (coq des bois ou bécasse).
En français, nous l'appelons la marmotte d'Amérique dont le nom latin est marmota monax. Elle vit en Alaska, au Canada et au nord-est des États-Unis.
Selon un dicton populaire, le temps du 2 février indique la fin de l'hiver : si le jour est nuageux, alors le printemps sera précoce ; si le jour est ensoleillé, alors l'hiver durera encore six semaines !
D'où cette légende : une marmotte qui sort de son terrier le 2 février retourne hiberner si elle voit son ombre !
La marmotte commence à hiberner en octobre et sort de son sommeil hivernal à partir de la fin mars... et non le 2 février ! L'hibernation dure environ 6 mois.
En fait, cette légende a été importée d'Europe par les premiers colons qui ont remplacé l'ours par la marmotte ! Même si la marmotte d'Amérique est plus grasse que la marmotte des Alpes, elle est cependant loin d'atteindre la taille d'un ours !
Imbolc, la fête du printemps
Dans l'Antiquité, le printemps commençait début février. En effet, les solstices et les équinoxes ne déterminaient pas le début, comme aujourd'hui, mais le milieu des saisons. Il y a donc un décalage de 8 semaines par rapport aux saisons actuelles. Dans les pays celtiques, c'est la fête d'Imbolc.
Si on prend comme référence la date du 21 pour le solstice ou l'équinoxe, il faut retirer 15 jours pour avoir la date du début de la saison des gaulois et des romains. Ainsi, le printemps commençait autrefois autour du 6 février. Arbitrairement, on a fixé le début de la saison celtique le 1er du mois.
Chez les Celtes, on fêtait Imbolc le 1er février. Ce rite, en l’honneur de la déesse Brigid, célébrait la purification et la fertilité au sortir de l’hiver. Les paysans portaient des flambeaux et parcouraient les champs en procession, priant la déesse de purifier la terre avant les semailles.
Le 1er février, c'est aussi la Sainte-Brigitte : Lá Fhéile Bríde, en gaélique. Brigitte est à l'origine le nom de la grande (et presque unique) déesse du panthéon celtique. On a gardé le prénom et l'église catholique célèbre ce jour-là une banale sainte irlandaise qu'elle a baptisée du nom de Brigitte...
Proverbes
De nombreux proverbes sont également associés à la Chandeleur. En voici quelques-uns :
À la Chandeleur, l'hiver se meurt ou prend vigueur.
À la Chandeleur, la neige est à sa hauteur, ce qui signifie que c'est souvent à cette date que l'épaisseur de la neige est à son maximum, au Québec.
À la Chandeleur, le jour croît de deux heures.
À la Chandeleur, grande neige et froideur.
À la Chandeleur, le froid fait douleur.
À la Chandeleur, au grand jour, les grandes douleurs.
À la Chandeleur, Quéré fait des crêpes jusqu'à pas d'heure.
À la Chandeleur, Rose n'en sentira que l'odeur.
Si la louve se met au soleil le 2 février : six semaines d'hiver derrière.
Rosée à la Chandeleur, l'hiver à sa dernière heure.
Si la chandelle est belle et claire, nous avons l'hiver derrière. Si le ciel n'est ni clair ni beau, nous aurons plus de vin que d'eau. (bordelais)
.
Egger Ph.