La menace de piratage des communications téléphoniques est devenue telle que la société de protection Cellcrypt a multiplié ses clients par 10 en à peine un an.
Du point de vue informatique, une conversation vocale depuis un téléphone est une application comme les autres. Elle peut être interceptée et révéler les données confidentielles qu’elle transporte. Présente sur le salon MCW qui se déroule à Barcelone, la société Cellcrypt, spécialisée dans le chiffrement des communications mobiles, a accepté de répondre à nos questions en la personne de Simon Bransfield-Garth, son directeur général.
Comment évolue la sécurité des conversations téléphoniques ?
Simon Bransfield-Garth : En douze mois, il s’est passé énormément de choses. La première étant que les moyens pour réaliser des écoutes téléphoniques sont plus accessibles. Il y a un an, une écoute pouvait coûter près d’un demi-million de dollars. Aujourd’hui 10 000 dollars suffisent. Entre temps, les protections des algorithmes ont été sérieusement bousculées. Et la menace d’espionnage industriel par ce biais a d’autant plus pesé sur l’entreprise.
Votre clientèle a-t-elle évolué en conséquence ?
Et comment ! Depuis 2009, nous avons multiplié par dix nos clients et quadruplé nos effectifs. En 2005, nous collaborions essentiellement avec les gouvernements des Etats-Unis et d’Amérique latine. Aujourd’hui, le cercle s’est fortement agrandi, notamment avec l’arrivée de certains gouvernements africains et, comme je le disais, du monde de l’entreprise. Celui-ci est représenté en grande partie par les banques et les sociétés qui comptent de nombreux voyageurs d’affaires.
La sécurité des communications vocales va-t-elle s’améliorer d’elle-même ?
Je ne pense pas. La sécurité au travers des standards va continuer de s’affaiblir. A terme, les fabricants de téléphones devront certainement intègrer des solutions de chiffrement, comme la nôtre, par défaut.
Tout le monde peut chiffrer ses communications ?
Oui. A condition que les interlocuteurs avec qui vous voulez avoir des conversations chiffrées soient équipés de la même solution de chiffrement. Il n’existe pas, pour l’instant, de quoi faire dialoguer des produits de chiffrement différents.
Notre solution utilise les chiffrements RSA, DSA et l’échange de clés Diffie-Hellman par courbe elliptique pour l’authentification, ainsi que l’AES 256 bits pour la voix. Elle coûte environ 1 000 dollars par utilisateur.
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Stéphane Bellec