Origine
On trouve la famille Guisan dès le XVème siècle dans le canton de Vaud. Les Guisan, châtelains d’Avenches, seigneurs de Donatyre et d’Oleyres durent céder leurs biens et leurs charges à Leurs Excellences de Berne au moment de l’occupation du Pays de Vaud. Par sa mère, Henri Guisan descend des châtelains de Beaufort en France, famille huguenote émigrée en Suisse à la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685. Devise de la famille de Henri Guisan, bourgeois d’Avenches : « It recte nihil timet » (Le juste n’a rien à craindre).
Jeunesse
Henri Guisan voit le jour le 21 octobre 1874 à Mézières, Vaud où son père exerce la profession de médecin de campagne.
En 1893, il obtient le baccalauréat ès lettres après avoir fréquenté le collège classique cantonal et le gymnase à Lausanne. Membre de la Société d’étudiant de Zofingue, il entreprend des études de médecine qu’il abandonne bien vite pour s’orienter vers l’agronomie qu'il étudie à Hohenheim, en Allemagne, et à Lyon. En 1896, il achète le domaine de Bellevue, à Chesalles-sur-Oron.Dès 1897, il exploite un domaine agricole situé à Chesalles sur Oron et fonde un foyer en épousant Mary Doelker.
Carrière militaire
1894 Ecole de recrues à Bière dans l’artillerie hippomobile (arme dans laquelle il pouvait assouvir sa passion pour le cheval).
1894 Lieutenant
1898 Premier-lieutenant
1904 Capitaine, commandant de la batterie de campagne 6.
1908 Capitaine à l’état-major général (EMG)
1909 Major EMG
1913 Major d’infanterie, commandant du bataillon de fusiliers 2
1916 Lieutenant-colonel EMG puis
1919 Commandant ad interim du régiment d’infanterie 9
1920 Colonel d’infanterie, commandant de la brigade d’infanterie 5
1926 Colonel divisionnaire*, commandant de la 2e division puis
1931 Colonel divisionnaire, commandant de la 1ère division
1932 Colonel commandant de corps d’armée, commandant du 2e corps d’armée puis
1933 Colonel commandant de corps, commandant du 1er corps d’armée
1939 Général, élu par l’Assemblée fédérale le 30 août, commandant en chef de l’armée.
Le 30 août 1939, l'Assemblée fédérale le désigne comme général, commandant en chef de l'armée suisse par 204 voix contre 21, responsabilité qu'il assume durant toute la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Il est l'auteur du concept du Réduit national, visant à replier l'armée dans l'arc alpin en cas d'invasion. (46° 28' 33.00"N, 7° 39' 54.00"E = «Führungsanlage K20»/Gorges de Schöllenen, entre Andermatt et Göschenen = bunker en activité T.W. / 46° 38' 59" N 8° 25' 59" E coordonnées bunker )
Le 25 juillet 1940, il tient au Grütli un rapport d'armée qui eut un grand retentissement tant dans le pays qu'à l'étranger. Henri Guisan est aussi aimé et respecté en Suisse alémanique, où il s'exprime dans une sorte de dialecte de synthèse, qu'en Suisse romande.
Jusqu’à sa nomination au grade de colonel divisionnaire, Henri Guisan conserve son statut d’officier de milice tout en accomplissant de nombreux services comme officier instructeur volontaire.
*Les officiers généraux portaient alors le grade de colonel brigadier, colonel divisionnaire et colonel commandant de corps. La mention " colonel " a été supprimée dans les années 1960.
La mission donnée à l’armée et à son chef pour la période de la Deuxième Guerre Mondiale 1939 - 1945 peut se résumer en une phrase " Sauvegarder l’indépendance du pays et maintenir l’intégrité du territoire ".
Cette mission a amené le Général Guisan à prendre les décisions stratégiques dictées par la situation et son évolution tout au long de son temps de commandement. D’un dispositif d’attente dicté par le statut de neutralité du pays après la mobilisation, l’armée a gagné le dispositif de combat du Réduit dans le secteur alpin alors que la Suisse était encerclée par les Forces de l’Axe pour revenir, dans la dernière phase de la guerre, à un dispositif de couverture des frontières.
Le 20 août 1945, le Général Henri Guisan pouvait quitter son commandement avec le sentiment d’avoir rempli la mission qui lui avait été confiée.
Jusqu’à sa mort, le 7 avril 1960, le Général Henri Guisan a pu mesurer sa popularité à travers les innombrables témoignages de reconnaissance exprimés par le peuple suisse.
Au lendemain de sa mort, plusieurs quotidiens lui rendent hommage. La Suisse écrit : « Il incarnait le citoyen suisse et par-dessus tout le citoyen soldat. Il a été l'homme et le chef de la situation dans une période troublée de notre histoire, où tant de forces contraires agissaient à l'intérieur du pays. » Dans La Liberté, on peut lire : « qu'il nous a quittés sans qu'une ombre, ni une défaillance ne vienne ternir la netteté. Henri Guisan fut de ces hommes que la Providence place sur le chemin des peuples qu'elle veut conduire, et qui s'incorporent si totalement à leur mission qu'ils paraissent avoir été de tout temps faits pour elle. » Quant au quotidien socialiste La Sentinelle, il note : « ce que les travailleurs et les soldats aimaient dans le général, c'était sa simplicité et son naturel. Sa justice était la même pour tous. En raison de ses qualités d'homme, le général Guisan avait su créer entre l'armée et le peuple un esprit nouveau. »
Avec la levée du secret sur les archives, les historiens ont pu revoir, à la lumière des sources écrites de cette période, la trajectoire d’Henri Guisan. De l’historien Edgar Bonjour à la biographie de Willi Gautschi, ils ont été amenés à apporter quelques retouches à l’image un peu figée d’un général synonyme de résistance et d’unité inébranlables.
Egger Ph.