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vendredi 25 juin 2010

Comment Sarkozy a arbitré le match Bachelot vs Yade

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C'est l'énième retour de l'omniprésident. Cette fois par le biais du football. Nicolas Sarkozy s'est fortement impliqué dans la communication de crise après la débâcle de l'équipe de France, distribuant tour à tour les autorisations de s'exprimer dans les médias à la ministre des Sports Roselyne Bachelot et sa secrétaire d'Etat Rama Yade.

Rama Yade qui a d'abord payé sa langue trop bien pendue d'avant Coupe du monde, elle qui avait critiqué le « clinquant » de l'hôtel des Bleus, regrettant un manque de « décence ». A la veille de l'élimination des Tricolores mardi après-midi contre l'Afrique du Sud, l'Elysée et Matignon décident de confier à la seule Roselyne Bachelot le soin de parler publiquement.

« Je te demande de te conformer à la position calée »

La ministre rappelle l'ordre présidentiel à la secrétaire d'Etat mardi matin par un SMS, aussi sobre que direct, dévoilé par le journaliste de RMC, Christophe Jakubyszyn :

« Chère Rama, tu vas être sollicitée dans les médias. Je te demande de te conformer à la position calée avec Matignon depuis lundi soir. »


Invitée au 20 heures de France 2 mardi soir puis au micro de RMC mercredi matin, Rama Yade annule alors ses deux interventions, visiblement peu encline à outrepasser cette « position ».

Résultat : un membre du gouvernement fait bien un 20 heures mardi soir, mais il s'agit de Roselyne Bachelot et ça se passe sur TF1. La ministre doit montrer une image rassurante, après le tourbillon qui a emporté l'équipe de France :

« La première décision est de se livrer à une analyse extrêmement poussée du déroulement de cette Coupe du monde, avant et pendant. […] Je demanderai à un cabinet d'audit externe de pratiquer cette analyse. »

Sarkozy retient l'idée de Yade et recale Bachelot

Au lendemain de la défaite, changement de cap. Président, Premier ministre, ministre et secrétaire d'Etat se retrouvent mercredi en fin d'après-midi autour d'une table à l'Elysée. Nicolas Sarkozy veut montrer sa fermeté. Il demande aux trois membres du gouvernement de veiller à ce que les joueurs français ne touchent pas un centime de prime.

Il tranche surtout en faveur des états généraux du football, une idée avancée par Rama Yade. L'audit de l'équipe de France, pour lequel militait plutôt Roselyne Bachelot, est donc refusé.

Revigorée, la secrétaire d'Etat est même de nouveau autorisée à parler, aussi librement qu'elle le souhaite. Ce que son cabinet fait immédiatement savoir à France 2, qui l'accueille enfin mercredi soir sur son plateau.

« Une équipe très soudée avec Rama Yade »

Rama Yade s'en donne à cœur joie. Elle tacle d'abord sans la nommer Roselyne Bachelot, se disant très heureuse que le chef de l'Etat ait retenu sa proposition, « ait entendu cette requête sur laquelle [elle] travaille depuis des mois ». Avant de se lâcher à l'encontre de l'équipe de France :

« J'ai été consternée devant tant d'indignité. Le maillot français a été bafoué par des joueurs qui ont eu un comportement qui était tout sauf exemplaire. »

Roselyne Bachelot ne pouvait plus qu'en prendre acte et tenter de faire bonne figure, jeudi matin sur RTL. Assurant former « une équipe très soudée avec Rama Yade », elle a toutefois reconnu, concernant le silence initial de sa secrétaire d'Etat, que c'est bien Nicolas Sarkozy qui avait tiré depuis le début les ficelles de la gestion de ce psychodrame sportif dont s'est emparé le politique :

« Le président de la République m'a demandé d'assurer la communication pendant cette période de la Coupe du monde, et il m'a demandé de faire seule cette communication. »

Julien Martin et Augustin Scalbert