Face aux polémiques, une commission demande au groupe de recherche sur le climat de changer ses méthodes.
Les méthodes du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), prix Nobel de la paix 2007, ont été passées au crible d'une commission indépendante. Celle-ci fait six recommandations essentielles pour sauver la crédibilité de l'institution, entamée par une série de polémiques récentes.
Le Conseil inter-académique (InterAcademy Council, IAC), composé de quinze Académies des sciences de différents pays, saisi par l'Onu pour analyser les pratiques du Giec vient de rendre son rapport.
Il ne fait pas de cadeau au Giec, sans pour autant donner le moindre avis scientifique sur les conclusions de cette instance scientifique unique en son genre et dont les prédictions sur le réchauffement avaient vocation à orienter les décisions politiques. Sans réel succès, comme l'a montré l'échec du sommet de Copenhague, en décembre.
Des procédures bureaucratiques que le Giec devra revoir
L'aveu de la bourde sur l'Himalaya, qui avait suivi le « Climategate », avait jeté un froid : dans son dernier rapport, celui de 2007, le Giec annonçait par erreur que les glaciers himalayens pourraient avoir disparu d'ici 2035. La réponse aux critiques sur les différentes erreurs contenues dans ce dernier rapport a été « lente et inadéquate », souligne le Conseil inter-académique.
Au-delà, c'est un ensemble de procédures bureaucratiques que le Giec est lourdement incité à revoir. Depuis sa création en 1988, les structures du groupe n'ont pas évolué alors qu'il est soumis à de plus en plus de pressions émanant de différents groupes d'intérêts.
C'est l'une des raisons pour lesquels, dans un langage très diplomatique, lui sont suggérées un certain nombre de réformes de fond. Les voici.
Moderniser l'organisation
Le Conseil inter-académique appelle de ses voeux la création d'un comité exécutif capable de décider au nom du Giec lors des sessions plénières. Ce comité serait composé du président, des vice-présidents en charge des différents groupes de travail, du secrétariat, et surtout de trois membres indépendants extérieurs à la communauté des scientifiques du climat.
Un directeur exécutif prendrait en charge l'organisation au jour le jour et son mandat serait limité à la durée d'un rapport. Si cette réforme avait été appliquée, la réélection de Rajendra Pachauri pour un second mandat en 2008 n'aurait pas été possible.
La révision éditoriale
Le Giec se doit, toujours selon ce texte, d'adopter des méthodes rigoureuses pour prévenir tout conflit d'intérêt. Les procédures de révision par les pairs ne sont pas forcément suivies et d'autres sont jugées faibles, et les sujets controversés doivent être rendus comme tels.
Les rôles des relecteurs doivent ainsi être clarifiés afin qu'ils puissent exercer toute leur autorité et que les auteurs prennent en compte leurs remarques et y répondent.
Le degré de certitude
Selon l'IAC, tous les groupes de travail devraient remplir une échelle de certitude et définir le degré de probabilité qu'un événement se produise, en fonction des preuves à leur disposition.
L'usage de la « littérature grise », c'est-à-dire de publications n'ayant pas fait l'objet d'une relecture par des pairs, devrait être clarifié et toutes les sources du Giec tracées.
La communication
Le manque de stratégie de communication a rendu le Giec particulièrement vulnérable vis à vis des médias et a contribué à une certaine perte de confiance de l'opinion publique dans la parole scientifique.
Le Giec devrait mettre en oeuvre une stratégie de communication qui repose sur la transparence, et des réponses rapides et réfléchies.
La sélection des participants
Le Giec devrait rendre plus transparente la procédure de sélection des auteurs, et la diversité des points de vue devrait être respectée.
Le résumé à destination des politiques
Le Giec devrait réviser sa procédure d'adoption du « résumé pour les décideurs » qui a parfois tendance à trop réduire la complexité du rapport et à gommer certaines incertitudes.
Sophie Verney-Caillat