Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

dimanche 22 août 2010

La "lutte à la culotte" véhicule des valeurs que beaucoup de sports ont perdu

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Doris Leuthard voit les lutteurs comme un exemple pour la Suisse

Esprit de compétition, franc-jeu et collégialité: la présidente de la Confédération Doris Leuthard attend des citoyens et des citoyennes du pays le même engagement que celui des lutteurs dans l'arène de Frauenfeld (TG).

"Conjuguant respect de l'autre, égards pour les minorités et saine concurrence, la lutte incarne l'esprit de la Suisse comme aucun autre sport", a déclaré dimanche Doris Leuthard devant les 40'000 spectateurs venus assister aux joutes de la Fête fédérale de lutte.

La crise financière de ces dernières années a montré que la Suisse est bien entraînée, qu'elle résiste bien aux "stress tests", qu'elle réagit rapidement et qu'elle est aussi prête à apprendre des choses nouvelles, selon la ministre de l'économie.

Depuis vendredi, le chef-lieu thurgovien a accueilli 200'000 visiteurs, dont 47'400 par jour dans l'arène provisoire construite pour l'occasion. Les chiffres définitifs devaient être connus en soirée.
La compétition, qui a vu s'affronter 280 athlètes aux bras noueux sous un soleil de plomb, doit désigner le Roi de la lutte suisse. Lanceurs de la pierre d'Unspunnen, équipes de hornuss, yodleurs, joueurs de cors des Alpes et lanceurs de drapeau ont également animé le week-end.

A guichets fermés

La Fête fédérale de lutte constitue le plus grand événement sportif de l'année en Suisse. Elle affiche complet depuis des mois. Ceux qui n'ont pas obtenu de billet ont pu suivre les combats sur de multiples écrans géants installés à proximité de l'arène.

Quelque 130'000 saucisses ont été grillées et 200'000 litres de bière mis au frais pour les visiteurs. Les CFF avaient prévu de nombreux trains spéciaux.

La Fête fédérale de lutte dispose d'un budget de 20 millions de francs. Un quart de ses recettes provient des sponsors. Quelque 2 millions de vignettes de lutteurs lancées sous le mode des images "Panini" ont en outre été vendues.

La chaleur est étouffante, mais qu'importe. Samedi, 200.000 Suisses ont bravé le soleil pour assister au tournoi national de "lutte à la culotte", un sport de bergers méconnu à l'étranger mais bien plus populaire dans la Confédération que le football.

Ce tournoi, organisé tous les trois ans, est considéré par les Suisses comme le plus important événement sportif du pays, qui se déroule cette année du 20 au 22 août dans la bourgade de Frauenfeld (nord) dans le cadre des grandes fêtes alpestres qui proposent également un concours de lancer de pierre ou encore du "hornuss", une sorte de base-ball avec des palettes en bois.

Pratique ancestrale des bergers, la "lutte à la culotte", qui doit son nom au bermuda de jute muni d'une ceinture que portent les lutteurs, devient plus populaire d'année en année, symbolisant la tradition et l'identité suisse qui cherche à s'affirmer dans un monde de plus en plus globalisé.

"La lutte est une combinaison idéale entre la tradition, le sport et le progrès", explique le directeur de l'Association fédérale de lutte suisse, Ernst Schlaepfer.

C'est "très suisse", abonde Eric Haldi, un lutteur qui se réjouit des "costumes traditionnels, cor des Alpes et chants" qui accompagnent l'événement.

"Ce n'est pas que du sport, c'est aussi du folklore", résume une spectatrice, Margrith, vêtue de la robe traditionnelle de Schaffhouse (nord).

Reber Fritz et ses cinq amis, arrivés tôt samedi matin des environs de Zurich (nord) pour ne rien rater des combats, apprécient l'esprit des lieux. "Ce sport nous plaît car il y a une ambiance spéciale", explique M. Fritz, 66 ans.

Le verre à la main, ils suivent les matchs sur des écrans géants installés à l'extérieur de l'arène où ont été étalés des cercles de sciure d'une dizaine de mètres de diamètre et épais d'une quinzaine de centimètres où s'affrontent, sueur au front, les "Böse" (méchants), comme on les surnomme.

Les lutteurs sont vêtus de traditionnels habits de bergers et de la fameuse culotte qu'ils ne doivent pas lâcher chez leur adversaire. Chaque combat dure dix minutes où jambes s'entremêlent, corps s'envolent, s'arqueboutent et résistent jusqu'à ce que l'un des deux lutteurs se retrouve dos à terre.

Felix Hofstetter y assiste pour la première fois, et ça lui "plaît", assure-t-il, manifestement enthousiaste.

Ici, tout le monde est "fier d'être Suisse", comme l'indique le T-shirt rouge et blanc d'un jeune homme.

Outre le côté couleur helvétique rappelant les images d'Epinal, le succès de la lutte à la culotte s'est confirmé dans un monde où d'autres sports engendrent des excès, assurent certains.

"Ce sport est redevenu à la mode car il engendre peu de violence. Les gens en ont marre des sports à fric. Ici la publicité est interdite", explique un des responsables techniques de l'événement, Ruedi Schäfli.

Les 281 lutteurs sont d'ailleurs tous des amateurs, la plupart étant agriculteurs ou artisans. Ils n'en sont pas moins de véritables sportifs, dotés de musculatures d'athlètes, qui n'ont rien à envier aux footballeurs ou autres rugbymen.

Mais rien à voir avec les sumos japonais. Le gabarit idéal pour la lutte à la culotte est de 1,85 cm pour une centaine de kilos.

"La force physique ne fait pas tout. Il faut être rapide et connaître bien les prises", souligne un journaliste sportif, Michel Bordier.

Faute de quoi, on finit rapidement la tête dans la sciure! Ce qui arrive plus souvent aux lutteurs de Suisse francophone, ce sport étant encore dominé par les Suisses alémaniques, relève-t-il.

La lutte suisse

La formule allemande Ringen und Schwingen, que l'on rencontre fréquemment dès la Réforme, indique que, dans l'ancienne Confédération, on distinguait entre deux formes de lutte. Si la saisie de l'adversaire par les habits, typique du Schwingen, apparaît déjà sur des illustrations du XIIIe s., la "lutte à la culotte" en tant que forme de lutte spécifique à la culture des bergers d'alpage n'est attestée que depuis 1600 environ. De nombreuses ordonnances et interdictions officielles témoignent de l'existence de rencontres annuelles, le plus souvent sur un alpage, où s'affrontaient les représentants de différentes communautés; ces fêtes de lutte alpestres (Bergschwinget) tombaient souvent en même temps que la fête de l'alpage en question (Älplerchilbi). Elles étaient particulièrement fréquentes dans la vallée du Hasli et dans l'Entlebuch, sur l'alpe de Seewen, l'Axalp, l'Engstlenalp, la Balisalp ainsi qu'au Brünig. Connus dans la partie francophone du pays sous la dénomination de "lutte" ou de "lutte suisse", ces jeux avaient aussi lieu dans la région limitrophe entre les cantons de Fribourg et de Berne; leur pratique s'étendait donc à une partie de la Suisse romande.

Dans les récits de voyage du XVIIIe s., l'évocation de la lutte suisse comme exemple de coutume alpestre ancestrale est déjà un lieu commun. De nombreuses gravures présentent, souvent avec emphase, de paisibles lutteurs entourés de spectateurs en costume, sur fond de paysage idyllique. Dans ses études sur l'Entlebuch (région où il était curé), Franz Josef Stalder donne en 1797 une description détaillée et un aperçu historique de la discipline. Il lui suppose des règles immuables, qui pourtant semblent avoir eu des variantes. D'autres sources attestent qu'en lieu et place de la culotte courte portée aujourd'hui, les lutteurs utilisaient aussi une ceinture de faucheurs ou un tissu noué autour de la cuisse. La durée des passes n'était pas non plus unifiée.
Selon les règles en vigueur depuis la création de l'Association fédérale de lutte suisse, la passe dure de 10 à 12 minutes. Le vainqueur doit jeter son adversaire à terre, les omoplates plaquées au sol, sans lâcher la culotte de ce dernier. Un jury évalue les prestations des joueurs selon un système de points et décide des paires d'adversaires de la passe suivante. Lors de grandes manifestations telles que la fête d'Unspunnen (tous les six ans) et la fête fédérale de lutte (tous les trois ans), le vainqueur, appelé roi des lutteurs, reçoit un jeune taureau (Muneli). L'agenda des lutteurs comporte près de 120 manifestations annuelles. Les fêtes du Brünig, du Stoos et du Rigi sont très prisées.

Egger Ph.