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mardi 3 août 2010

La sexomnie, inquiétante sexualité somnambule

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Mal connue, la sexomnie est un trouble du sommeil qui se manifeste par une brutale montée du désir sexuel. Inconscient, le passage à l'acte peut se révéler aphrodisiaque ou dramatique.

« Il m'a dit : “Suce-moi.” Il était à genoux sur moi, me maintenait les bras contre le matelas et tentait de me forcer à lui faire une fellation. »

Cette nuit-là, Fabienne s'est rendue compte que son copain était un peu sexomniaque sur les bords. Pas obsédé sexuel, juste sexomniaque. Il lui arrive d'avoir une activité sexuelle tout en dormant, et sans en être conscient. Comme un somnambule qui irait se faire un sandwich sans s'en souvenir ensuite. Cette pathologie peut se manifester par un simple gémissement, une séance de masturbation, voire par un coït en bonne et due forme.

Votre partenaire vous saute dessus pendant la nuit ? Tout est normal. Là où ça devient bizarre et vexant, c'est quand le matin il ne s'en souvient même plus.

Isabelle Arnulf, spécialiste des troubles du sommeil à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, explique :

« La sexomnie n'est reconnue que depuis une quinzaine d'années, mais c'est une réalité. Les sexomniaques sont souvent somnambules à la base, mais des troubles comme l'apnée du sommeil peuvent aussi en être à l'origine. Les crises se déclenchent souvent quand le sujet est fatigué ou a bu de l'alcool. »

N'y voyez aucune perversion. Les sexomniaques ont une sexualité tout à fait épanouie. Même si le réveil peut être brutal pour le partenaire. Pour Fabienne, cette nuit-là s'est soldée par quelques larmes, de grandes explications et le garçon en a pris pour trois semaines d'abstinence. Depuis, ils se sont mariés.

« Des précautions à prendre pour éviter les drames »

Mais la sexomnie est parfois plus lourde de conséquences. En 2005, lors d'une soirée arrosée, JB, 22 ans, reste dormir sur le canapé d'une copine. Dans la nuit, la jeune femme sent qu'on lui touche les seins. Le garçon finit par la violer et s'en va comme si de rien était. Traumatisée, elle se lève. Au moment de partir, elle croise son agresseur debout dans le couloir, le regard vide. Le lendemain, c'est la police qui réveille le jeune homme et l'arrête pour viol. Il affirme n'avoir aucun souvenir de ce qu'on lui reproche. Il sera finalement acquitté. Heureusement pour lui, les expertises médicales ont pu prouver qu'il souffrait de sexomnie, ce qu'a confirmé le témoignage de ses ex-petites amies.

En mars dernier, c'est un autre fait divers, en Belgique, qui a défrayé la chronique. Frédéric L. est acquitté du viol de sa fille de 4 ans. Un an auparavant, il s'était retrouvé accroupi au-dessus d'elle, lui maintenant son pénis dans la bouche. C'est la petite fille qui l'avait réveillé en criant : « Papa, c'est moi ! » Isabelle Arnulf ne minimise pas les risques :

« Il y a des précautions à prendre pour éviter les drames. Ne pas dormir avec des enfants par exemple. »

D'autant que les phases de sexomnie ne sont pas régulières. « Elles peuvent durer trois jours de suite et puis plus rien pendant des mois », explique Fabienne. Les gens ne savent donc pas toujours qu'ils sont sexomniaque.

« C'est un sujet tabou et ils ne viennent pas toujours consulter »

Une étude canadienne parue en juin a établi que 8% des patients venus consulter dans des cliniques du sommeil souffraient de sexomnie. Trois fois plus d'hommes que de femmes. Si le mec bourré avec lequel vous dormez se met tout à coup à vous peloter frénétiquement les seins, il y a donc quand même plus de chances qu'il s'agisse d'une tentative d'approche un peu lourdingue. Le docteur Christophe Petiau, spécialiste des troubles du sommeil à la clinique Sainte-Barbe de Strasbourg, tempère :

« Le nombre de cas est sans doute très sous-estimé. C'est un sujet tabou et ils ne viennent pas toujours consulter. »

Dans un couple d'adultes consentants, la sexomnie n'est pas forcément problématique. Au contraire, elle a parfois du bon. Avec le temps, Fabienne a appris à s'en accommoder. « Son regard est plus passionné. Il est plus bestial, désinhibé. » Et ce n'est pas pour lui déplaire… « Ça m'a permis de développer notre sexualité. »

Au risque de frôler la schizophrénie. Christophe Petiau raconte :

« J'avais un patient dont la femme préférait faire l'amour avec lui lorsqu'il était sexomniaque. Il vivait très mal d'être son propre rival ! »

Aurore Lartigue