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samedi 4 décembre 2010

San-Antonio, à relire dare-dare

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Les 175 enquêtes du commissaire sont rééditées chronolo- giquement. Entretien avec François Rivière, un «san-antoniophile».

Si Frédéric Dard est décédé il y a dix ans dans sa ferme fribourgeoise de Bonnefontaine, San-Antonio est quant à lui plus vivant que jamais! Depuis quelques semaines, le commissaire aux 175 enquêtes, double littéraire du prolifique romancier français, est en effet au coeur d'une réédition intégrale et chronologique pilotée par François Rivière, écrivain, critique littéraire et scénariste BD. Entretien avec un «san-antoniophile» qui considère - et il n'est pas le seul - que Frédéric Dard est le plus grand écrivain populaire de l'histoire de la littérature française.

Si un jeune lecteur ne connaissant pas San-Antonio vous demande pourquoi il devrait le lire aujourd'hui, que lui répondriez-vous?

François Rivière: Pour n'avoir jamais cessé de lire des San-Antonio depuis l'âge de 14 ans, je pense que c'est une oeuvre qui reste très jeune dans la mesure où dès le départ ils étaient en réaction contre une forme plus classique de romans policiers, des romans soumis à certaines règles auxquelles Frédéric Dard voulait déroger. Son ambition en tant qu'écrivain était d'être différent, d'écrire des romans de gare - terme qui n'est absolument pas péjoratif - qui seraient également des brûlots contre une forme de littérature qui était à ses yeux trop conventionnelle. De ce fait, il n'a jamais suivi les modes et n'est donc pas démodé.

Peut-on dire qu'il a inventé, notamment à travers son utilisation particulière de la langue française, une nouvelle forme de littérature?¨

Ce qu'il a inventé, c'est une façon de mélanger un peu tout en s'appuyant sur l'argot traditionnel du roman noir mais en imaginant d'autres combinaisons, en fabriquant par exemple des mots, des néologismes. On a à la fois un jeu avec les mots et avec les situations romanesques. Il a bousculé les règles du genre.

Ce qui est frappant avec les San-Antonio, c'est qu'ils mettent d'accord des gens de différentes générations et de différentes classes sociales. Parce qu'ils jouent sur plusieurs niveaux de lecture?

Absolument. Pour aller plus loin, je dirais même que Frédéric Dard jouait tellement avec les mots que parfois il se perdait. On peut ainsi lire les San-Antonio de plusieurs façons: comme des romans d'action remplis d'humour ou, à travers ses références à des gens et des événements qui ont jalonné les 50 ans de la saga, comme des romans permettant d'apprendre des choses. Et il y a évidemment ces jeux avec les mots qui aujourd'hui vont jusqu'à intéresser les universitaires.

Vous publiez les 175 enquêtes de San-Antonio chronologiquement. Y a-t-il une nette évolution entre les premières et les dernières?

Il y a une très grande évolution. On part vraiment d'une forme de pastiche des romans de Peter Cheyney, qui était l'un des rois du polar anglais dans les années 1950, pour glisser dès les années 1960 vers une forme très personnelle de romans policiers, avec une faconde et une dérision très particulière. Vers la fin, on évolue encore vers une sorte de tribune permettant à Frédéric Dard de dire tout ce qu'il a à dire. Je profite d'ailleurs de cette interview pour dire que son exil en Suisse, près de Fribourg, lui a permis de voir la France avec un peu de recul. Même s'il est resté Français, il se permettait depuis chez vous des choses que peut-être des romanciers plus hexagonaux ne se seraient pas permises. En lisant les cinquante derniers San-Antonio, on oublie par moment que l'on est dans des romans policiers.

Vous dites qu'à un moment donné, la série devient une saga...

Il y a un moment où effectivement on n'est plus dans une série, où l'on répète des histoires policières avec des intrigues du même type, comme les enquêtes d'Hercule Poirot, mais dans une saga avec des protagonistes qui évoluent et des nouveaux personnages qui arrivent. D'où l'intérêt de rééditer les San-Antonio chronologiquement. On peut ainsi voir arriver Marie-Marie, la fille adoptive de Bérurier, ou l'étonnant balayeur malien qui va devenir l'adjoint du commissaire. Si on lit les romans dans le désordre, l'arrivée de ces personnages est beaucoup moins efficace.

Y a-t-il un âge d'or dans la saga?

Il y a certains livres qui haussent le ton, qui sont plus forts que d'autres. Je dirais qu'entre le milieu des années 1960 et le milieu de la décennie suivante, on a quelques sommets du fait que Frédéric Dard était en très grande forme. Durant cette période, San-Antonio était un véritable phénomène éditorial, certains titres étant tirés à 800 000 exemplaires, ce qui aujourd'hui ferait rêver n'importe quel auteur.

> Les 175 enquêtes de San-Antonio écrites par Frédéric Dard sont rééditées par les Editions Robert Laffont dans leur collection Bouquins. Six tomes sont parus à ce jour sur un total de dix-sept.

Stéphane GOBBO