La grande majorité de la population vivant en Suisse (74,6%) se dit très satisfaite de ses revenus et de ses conditions de vie, sur la base des chiffres concernant l’année dernière. Seuls 6,7% des habitants sont confrontés à des privations matérielles d’envergure
Ces résultats ressortent de la première enquête menée par l’Office fédéral de la statistique (OFS) s’intéressant au bien-être et à la répartition des revenus en Suisse. Le document publié lundi révèle entre autres que la moitié de la population la mieux lotie dispose d’un revenu disponible équivalent moyen 2,3 fois plus élevé que la moitié la moins bien lotie.
Ecarts de revenus
En 2009, la médiane du revenu disponible équivalent se montait à 47’836 francs. Ce qui signifie qu’une moitié de la population gagnait moins et que l’autre gagnait davantage que cette somme. Il apparaît également que 10% des résidents composaient avec un revenu inférieur à 25’352 francs, tandis que 10% vivaient avec un revenu supérieur à 88’441 francs.
Le revenu considéré se calcule en soustrayant les dépenses obligatoires du revenu total du ménage et en divisant le solde par la taille d’équivalence du ménage. Ce que l’OFS appelle le «revenu disponible équivalent» constitue un indice du niveau de vie des personnes indépendamment du type de ménage dans lequel elles vivent.
En ne s’intéressant qu’aux 20% de la population la plus riche et aux 20% la plus pauvre, l’enquête montre que les revenus des plus favorisés sont de 4,4 fois supérieurs à ceux des plus défavorisés. Les groupes sociaux les plus fragiles sont notamment les personnes de 65 ans ou plus, les étrangers, en particulier extra-européens, et les femmes.
Groupes fragilisés
Ces groupes sont concernés en premier lieu par le risque de pauvreté. Le taux de ce dernier atteignait l’an passé 14,6% (soit une personne sur sept) en Suisse, selon le standard retenu dans l’Union européenne. Celui-ci est fixé à 60% de la médiane du revenu disponible équivalent.
Concrètement, le seuil de risque de pauvreté se montait en 2009 à 28’700 francs par an pour une personne seule et à 60’270 francs pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. Ici, les familles monoparentales et les familles nombreuses sont davantage exposées, avec des taux respectifs de 31,7% et de 27,2%.
Les personnes de 65 ans ou plus les plus chanceuses doivent souvent consommer leur patrimoine (celui-ci n’est toutefois pas pris en compte dans l’étude) pour financer leurs dépenses courantes. Elles sont 18,3% à devoir le faire, contre un taux de 8,3% pour l’ensemble de la population vivant en Suisse.
Dépenses imprévues
En abaissant le seuil à 50%, selon les standards de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux de risque de pauvreté atteint 8%. L’OFS a aussi mesuré l’exclusion sociale en termes plus absolus, en évaluant les privations matérielles en raison de la faiblesse des moyens financiers.
Ainsi, 6,7% de la population connaissent cette situation. Ces individus se trouvent par exemple dans l’incapacité de répondre à des dépenses imprévues. Ce taux grimpe à 28,8% pour les actifs non occupés, à 23,5% pour les personnes vivant dans une famille monoparentale, à 19,4% pour les ressortissants extra-européens et à 10,8% pour les adultes ayant uniquement suivi l’école obligatoire.
Au final, et malgré l’ensemble des inégalités constatées par l’enquête, l’OFS parvient à un taux de 74,6% de gens qui se disent très satisfaits de leur vie. Ce résultat n’est cependant pas comparable dans le temps, dans la mesure où le travail des statisticiens de la Confédération constitue une première.
ATS