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mardi 11 janvier 2011

Le médecin de Michael Jackson, coupable idéal

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Le docteur Conrad Murray. Pour se défendre, il pourrait embrasser la théorie du suicide, selon laquelle Michael Jackson se serait injecté des doses mortelles de Propofol dans le but d’en finir. (Keystone)


La justice américaine dira d’ici à deux semaines si le docteur Conrad Murray doit être poursuivi pour homicide involontaire. Sa condamnation éviterait à l’entourage de la pop star un examen de conscience délicat

Who’s bad? Qui est coupable de la mort de Michael Jackson? C’est ce que doit décider Michael Pastor, le juge de la Cour supérieure du comté de Los Angeles. Il préside ces jours-ci les audiences préliminaires dans le cadre des poursuites pour homicide involontaire contre le médecin personnel de la star, le docteur Conrad Murray. Ces audiences serviront à déterminer d’ici à une dizaine de jours si un procès doit avoir lieu, ou pas. S’il est alors condamné, Conrad Murray risque 4 ans de prison.

Les fans du musicien et sa famille accusent le cardiologue de négligence, voire de meurtre. «Conrad Murray est un monstre! Il devrait plaider coupable. Il a tué mon fils», a déclaré Katherine Jackson à la presse américaine. Le suspect, lui, clame son innocence et rappelle qu’il a toujours cherché à sevrer la star de toutes ses addictions médicamenteuses. Pour se défendre, il pourrait embrasser la théorie du suicide, selon laquelle le chanteur se serait injecté des doses mortelles de Propofol dans le but d’en finir. Alors? Alors, tout n’est pas tout noir ou tout blanc, dans cette affaire.

La partie sombre, pour commencer. Certains faits semblent accabler Conrad Murray. Selon le témoignage d’un ancien employé de la star, le 25 juin 2009, le médecin aurait dissimulé le matériel médical qui se trouvait près du corps avant l’arrivée des secours. Des flacons de médicaments et une «substance laiteuse» ont été ainsi cachés. Lors de l’audience, le procureur adjoint de Los Angeles a également indiqué que Conrad Murray n’avait pas conservé les dossiers médicaux du patient et lui avait administré du Propofol sans disposer du matériel médical nécessaire. Théoriquement, cet anesthésiant doit être injecté dans un bloc opératoire, sous la surveillance d’une équipe médicale.

Autre grief: l’un des secouristes affirme que lorsqu’il est arrivé sur place, Jackson était mort depuis au moins 20 minutes – Conrad Murray dit avoir appelé les urgences peu après que Michael a cessé de respirer. Or, les secouristes sont arrivés trois minutes après l’appel. Quoi qu’il en soit, leurs témoignages peignent un tableau très glauque du quotidien de «Wacko Jack». Maintes fois opéré du visage, dépendant de substances antidouleur et victime d’insomnies répétées, le musicien vivait dans une solitude extrême, excepté la présence de ses enfants et de son personnel.

Le passé du docteur pèse aussi sur l’idée qu’on peut se faire de lui. Murray a connu des jours troubles. Il naît en février 1953 dans les Caraïbes. Ses parents divorcent lorsqu’il est bébé et il part avec sa mère, Milta, vivre à Trinidad tandis que son père, Dawle, rejoint les Etats-Unis pour suivre des études de médecine. En attendant sa majorité, le jeune Conrad patiente en jouant au cricket et en développant des talents de séducteur. Selon Olivier O’Mahony, correspondant de Paris Match aux Etats-Unis, le géant noir de 1 m 93 plaît aux filles, qu’il aborde dans sa Dodge Avenger couleur crème et lors de cérémonies de mariage. On le décrit volontiers comme gentil et honnête. Beau garçon, surtout. Lorsqu’il s’envole pour la Faculté de médecine de Houston, il a déjà un enfant. Un vrai Dom Juan.

Diplômé en cardiologie, Conrad Murray multiplie d’ailleurs les rencontres. En tout, il aura cinq femmes et sept enfants, dont le dernier est né en mars 2009 d’une liaison avec une stripteaseuse. Ces aventures n’ont pas que des avantages: elles grèvent son porte-monnaie, creusent ses dettes. L’homme, que ses patients décrivent pourtant comme compétent et généreux, possède un cabinet à Las Vegas et un autre à Houston, dans un quartier défavorisé. Il y soigne volontiers les plus démunis. Mais ses largesses et son train de vie excessif le mettent en faillite. Il se relève mais reste très endetté – à hauteur d’environ 750 000 dollars selon les enquêteurs. C’est dans cette précarité qu’il fait la rencontre de Michael Jackson.

En février 2006, la star le consulte à Las Vegas au sujet de sa fille Paris, malade d’un méchant rhume. Le spécialiste laisse une bonne impression au chanteur, qui le rappelle trois années plus tard, pour l’accompagner sur sa tournée triomphale, «This is it». A 150 000 dollars mensuels.

Jusqu’ici, on serait tenté de croire à la thèse de l’homme, certes compétent, mais louche, pris au piège de ses ennuis financiers, qui aurait fini par nuire sciemment à son célèbre employeur. Et si c’était plus ordinaire? C’est en tout cas l’avis d’Olivier Cachin, journaliste auteur de la biographie Pop Life*. «Je ne crois pas à la théorie du complot qui est soutenue par le clan Jackson, explique-t-il. Conrad Murray n’était tout simplement pas à la hauteur de son patient. Il pensait, comme les autres, pouvoir le sevrer de ses dépendances et a échoué. Il s’est laissé dépasser par la situation et a commis des erreurs invraisemblables, comme celle de lui faire un massage cardiaque sur le lit alors qu’il aurait dû poser le corps par terre.» En outre, le téléphone portable du cardiologue montre que celui-ci a passé plusieurs appels durant l’heure qui a précédé le décès. Aux prises avec sa maîtresse, alors que la star agonisait.

Le médecin fait un coupable idéal. Mais que penser de la famille Jackson, qui connaissait la fragilité de Michael et n’a pas réagi? Et les maisons de disques, qui prévoyaient cette tournée phénoménale en dépit de la fragilité du chanteur? En choisissant Conrad Murray comme bouc émissaire, l’entourage de Bambi évite de se poser les questions embarrassantes. Et Olivier Cachin de conclure: «On peut toujours refaire l’histoire. Beaucoup de gens sont responsables de ce qui est arrivé au chanteur. Mais le principal coupable, c’est lui-même. Il s’est mis une telle pression que ça l’a tué. En vérité, Michael était son pire ennemi.»

* Editions Alphée – Jean-Paul Bertrand.

Marie Maurisse