Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 19 janvier 2011

Une mousse scandinave à Fribourg

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Le couvent des Cordeliers à Fribourg abrite une microbrasserie qui marche plutôt bien. Mais ce ne sont pas les franciscains qui brassent la bière. Il s’agit d’un Iranien, qui avait servi dans l’armée américaine en Irak, et d’un Norvégien, professeur d’anglais et de philo.

Jens Tomas Afindsen est Norvégien. Mehdi Abbaszadeh est Iranien. Ensemble, ils brassent depuis peu de la bière... fribourgeoise. Dans les anciennes cuisines de l'imposant couvent des Cordeliers à Fribourg. Non, ce n'est pas une plaisanterie! Et les deux hommes réservent encore bien des surprises: le premier est docteur en philosophie, spécialiste d'Aristote. Le second est réfugié en Suisse depuis deux ans et a servi durant quatre ans dans l'armée américaine en Irak. De concert, l'improbable duo élabore avec passion la «Freiburger Biermanufaktur», une bière de caractère qui est en train de séduire les Fribourgeois. La première bouteille, une bière de Noël, est sortie de cuve au début décembre de l'année passée. Et toute la production - quatre hectolitres - a été écoulée en moins de temps qu'il n'en faut pour la boire.

«Un don du ciel»

Aujourd'hui, la petite entreprise produit 400 litres par semaine. Principalement, elle fait dans la blonde et l'ambrée tout en proposant quelques autres spécialités. De la bière à haute fermentation, non filtrée et non pasteurisée, brassée selon la recette ancestrale des «Altbier» allemandes. «Une bière vivante, plus grande en bouche et plus riche en arôme que l'industrielle. Car chez nous, tout est fait à la main», explique celui qui est aussi prof de philo et d'anglais au Collège Gambach. Selon ce dernier, la création de la «Freiburger Biermanufaktur» résulte d'un véritable don du ciel: «Depuis longtemps, j'adore la bière. J'en ai brassé très souvent, par hobby, à la maison, en Norvège et en Suisse. J'en ai même fabriqué dans mon studio du foyer Saint-Justin à Fribourg. Je rêvais de faire quelque chose de plus sérieux. En 2009, j'ai rencontré le Frère Pascal Marquard qui m'a proposé de louer les anciennes cuisines et l'excellente cave des Cordeliers. Puis, j'ai rencontré Mehdi qui a accepté de se lancer dans l'aventure. Et tout s'est alors rapidement enchaîné.» Actuellement, la brasserie emploie deux personnes: Mehdi et Hans Rüegsegger, un autre «assoiffé» enthousiaste d'origine bernoise. Elle bénéficie également des conseils avisés de Jean-Pierre Wicht, un ancien maître-brasseur de Cardinal: «Quand j'ai eu vent de ce projet, j'ai pris contact pour me mettre à disposition. Surtout quand je me suis rendu compte que la démarche était non seulement artisanale, mais aussi professionnelle. Pour moi, c'est un immense plaisir de contribuer à faire de la bière qui ait une âme. Ce qui n'est malheureusement plus le cas depuis des lustres de la Cardinal. En plus, Mehdi est un brasseur qui apprend très vite. Il est méticuleux, précis et très propre dans son travail, la qualité première pour faire de la bonne bière.»Agé de 32 ans, le jeune brasseur est ravi de sa nouvelle profession, même s'il admet que cette dernière est peu conventionnelle pour un Iranien: «J'avais déjà une certaine expérience dans les boissons. Car j'avais travaillé quel- que temps pour Coca-Cola en Irak. Ce boulot est une chance pour moi. Il me permet de mieux m'intégrer à Fribourg et de gagner en indépendance. C'est comme un nouveau départ, après des années de souffrances.»

Amoureux de Fribourg

Dans cette histoire abracadabrante, une inconnue demeure: qu'est-ce qui a amené un Norvégien de 37 ans et père de deux enfants à brasser à Fribourg?Le polyglotte - outre sa langue maternelle, il maîtrise parfaitement l'anglais, le français, l'allemand et le suédois - a débarqué une première fois à Fribourg en 2002. Dans le cadre de son travail de doctorat. Il y rencontre son épouse allemande et repart s'établir à Oslo en 2006. «Nous étions tous deux tombés amoureux de Fribourg et nous avons décidé d'y revenir en 2008», raconte l'intéressé. A l'entendre, il est très fier de redonner à la ville de Fribourg une brasserie après le retrait de Cardinal, décidé à Copenhague par Carlsberg: «Je redore le blason des Scandinaves à Fribourg. Et en même temps, c'est une petite revanche sur les Danois qui ont occupé mon pays pendant deux siècles», plaisante-t-il.

Des visites peuvent être organisées sur demande au 079 256 87 41.> Infos sous http://www.freiburger-biermanufaktur.ch/


Samuel JORDAN