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lundi 14 juillet 2025

Comment Thierry Ardisson a révolutionné notre télévision

Audrey Crespo-Mara et Thierry Ardisson surnomé «L'homme en noir» 
étaient en couple depuis 2009 et mariés depuis 2014

Une gueule. Une insolence. Une capacité unique à transpercer l’armure de ses invités, en alliant l’humour aux plaisanteries parfois salaces, lesté d’une formidable érudition musicale, cinématographique et culturelle: Thierry Ardisson, décédé ce 14 juillet à 76 ans, a révolutionné la télévision française à partir du milieu des années 80. En maniant avec brio deux aspirateurs à forte audience: la provocation et le goût de la conversation libre.

«Il avait une liberté de ton et d’esprit unique», confie à Blick son vieux compère Yves Bigot, ancien président de la chaîne francophone TV5 Monde, dont la Suisse est actionnaire. «Il refusait tous les compromis. Son immense culture, son amour du service public – apporter la culture au plus grand nombre – se doublait d’une créativité sans bornes.»

L’élégance de la transgression

Il y avait chez Thierry Ardisson ce qui manque sans doute le plus à la télévision d’aujourd’hui: l’élégance de la transgression. Une transgression pas toujours fine, souvent grivoise, servie par des «snipers» sur le plateau de ses émissions dont la mission était de déstabiliser les invités. Mais une formule est née avec Ardisson, invité à produire sa première émission de TV en 1985 par Marie-France Brière, alors grande prêtresse de TF1 pas encore privatisée: celle du talk-show «à la française». «On pense tout de suite à 'Lunettes noires pour nuits blanches' ou à ses interviews», poursuit Yves Bigot, en partance pour le festival de Montreux. «Ardisson, c’était le rock à la télé. Même quand il n’était pas question de musique.»

Sa première incursion télévisuelle dit tout. Sur le modèle de ses reportages déjantés pour la revue «Rockn' Folk», Thierry Ardisson débarque sur TF1 en 1985 avec «Descente de Police» une émission où les personnalités invitées sont supposées subir un interrogatoire sans concession. Quelques mois plus tard, le couperet tombe: l’autorité de l’audiovisuel intervient. Son programme disparaît. Mais lui reste. Avec un concept dont il deviendra le grand-maitre: les interviews formatées. Pas d’entretien libre où les personnalités peuvent réciter leurs propos préparés par un communicant. Les politesses de Michel Drucker, le grand-prêtre de la variété française, sont soudainement renvoyées aux archives de l'histoire. Ardisson préfère mettre ses invités sur le grill avec ses «auto-interviews» ou ses «questions cons».

Justicier cathodique

Le dandy qui affiche ses convictions royalistes et ne cache pas aimer vivre dans le luxe impose un personnage de justicier cathodique: celui de «l’homme en noir» – sa tenue préférée, veste et tee-shirt noir – qui ne s’en laisse pas conter et interroge comme on le ferait au bistrot. Mais avec classe: «Il a aussi été un animateur courageux» ce qu’on dit très peu complète Yves Bigot. «Viré par Elkabbach en 1994, par Patrick de Carolis (alors patron de France TV) en 2006 puis par le milliardaire Vincent Bollore, il leur a tenu tête et s’est permis de rebondir à chaque fois ailleurs.»

Ardisson, ou l’anti vedette accro à l’audimat, lui qui recevait ses invités chez lui dans 93, Faubourg Saint-Honoré, son adresse parisienne de l’époque? «Il eut l’humilité de repartir de zéro sur une petite chaîne, Paris première, fidèle à sa volonté de transgression typique de la génération rock se souvient Yves Bigot, habitué de leurs déjeuners communs à paris, rue de Rivoli, au café de l’hôtel Meurice, sa «cantine».

Dans «l’Hôtel du temps»

Thierry Ardisson avait une qualité que tous ses concurrents et ses employeurs lui ont reconnu: l’inventivité. Sur France 2 en 2004, il invente la nuit du débarquement comme si elle avait été vécue en direct sur une chaîne info de l’époque. Vingt ans plus tard, sa dernière émission joue avec le temps. L’intelligence artificielle lui permet son ultime facétie télévisuelle: «Hôtel du temps», un magazine d’interview fiction nourri d’images d’archives qui lui permet d’échanger avec Jean Gabin, Dalida ou Coluche.

Aussitôt, le concept s’exporte. Car Thierry Ardisson, venu du monde de la publicité, savait faire de la télévision qui se vend. Et qui parle à tous les francophones, suisses inclus. Ses «confessions d’un baby-boomer» disaient toutefois son amertume: celle d’être un enfant surdoué d’un siècle révolu dont il n’en finissait pas de prononcer l’oraison funèbre: «Nous, babyboomers, avons été les acteurs d’une utopie planétaire. On voulait jouir. On se croyait géniaux, on était juste égoïstes.» Thierry Ardisson parlait à tous parce qu’il incarnait à la télévision ce qui fait les meilleurs programmes: une performance originale et lucide à la fois sur chacun d’entre nous et sur la société.

Richard Werly

blick.ch