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samedi 19 février 2011

LA CRÈME DE CASSIS SIED MAL AU GRUYÈRE D'ALPAGE

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Et avec votre gruyère d’alpage, un petit verre de cassis de Dijon? La proposition n’est pas du tout du goût des producteurs suisses. Avec le principe dit du «Cassis de Dijon», les paysans de montagne crai- gnent la concurrence de produits européens au rabais. Un fromage labellisé «alpage» pro- duit en plaine? D’aucuns crient à la tromperie. Des discussions sont en cours pour sortir les produits de montagne et d’alpage, mais aussi le bio et les vins sucrés, du champ d’application du Cassis de Dijon.

Un gruyère d'alpage arrosé d'un verre de cassis de Dijon: cet audacieux mariage gastronomique n'est pas du tout du goût des producteurs suisses. Ils se battent pour que leur viande, leur lait ou leurs fromages labellisés d'alpage et de montagne soient mis au bénéfice d'une exception au principe dit du «Cassis de Dijon». Celui-ci permet à la Suisse d'importer sans contrôle supplémentaire des produits répondant aux normes techniques en vigueur dans l'Union européenne.

Plaintes entendues

L'opposition des paysans suisses au Cassis de Dijon ne date pas d'hier. Ce qui est plus neuf, par contre, c'est que leurs plaintes semblent avoir été entendues: selon nos informations, des discussions sont bel et bien en cours au sein de l'administration fédérale pour sortir non seulement les produits de montagne et d'alpage, mais aussi le bio et les vins sucrés du champ d'application du Cassis de Dijon. Officiellement, pourtant, personne ne confirme la nouvelle dévoilée en début de semaine par le «Tages-Anzeiger» et le «Bund».Mais pourquoi les producteurs d'alpage et de montagne vomissent-ils le Cassis de Dijon, alors qu'aucune demande concrète d'importation n'est pendante? Leur grande crainte, c'est que des collègues suisses invoquent les critères de production en vigueur dans l'Union européenne pour contourner les prescriptions plus sévères en vigueur en Suisse. Un exemple: pour qu'un fromage mérite le label de montagne, Berne exige qu'il soit produit avec du lait provenant essentiellement des régions de montagne. Mais tous les pays de l'UE ne sont pas aussi pointilleux. Sans compter que l'altitude à partir de laquelle commence la montagne varie d'un pays à l'autre.

Une «tromperie»

«Les produits portant l'appellation «montagne» ou «alpage», mais fabriqués à partir de matières premières en provenance du plateau, voire de l'étranger, constituent une véritable tromperie», dénonce le Groupement suisse pour les régions de montagne. «Les normes étrangères vont moins loin que les suisses», enchérit Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs (FRC). «Par ailleurs, depuis l'entrée en vigueur du Cassis de Dijon, nous observons que la qualité de l'information au consommateur baisse de manière inquiétante. Il est inadmissible qu'on puisse vendre sous la même dénomination des produits si différents.»André Remy est moins alarmiste par rapport à la possible concurrence européenne: «Pour l'instant, nous exportons même notre gruyère», indique le président de la Coopérative fribourgeoise des producteurs de fromages d'alpage. «Tant que nous aurons la qualité, je ne me fais pas trop de souci. Mais je ne trouve effectivement pas normal que les règles auxquelles nous sommes soumis puissent ne pas valoir pour tout le monde.»Au Parlement fédéral aussi, la résistance s'organise. Directeur de l'Union suisse des paysans et conseiller national (plr/FR), Jacques Bourgeois demande ainsi que tous les produits alimentaires soient exclus du champ d'application du Cassis de Dijon. A l'entendre, en effet, l'importation de crème avec une teneur moindre en matière grasse, par exemple, ou d'un sirop avec seulement 10% de jus de fruits incite les producteurs helvétiques à revoir à la baisse leurs propres critères de production. La qualité suisse en pâtira, prédit Jacques Bourgeois, alors qu'elle constitue la planche de salut pour notre agriculture.

Schneider-Ammann sensible

Cet argument de la stratégie qualité ne laisse pas insensible le nouveau ministre de l'Economie Johann Schneider-Ammann, indiquent des sources convergentes. En atteste la réponse du Conseil fédéral à une motion d'Erich von Siebenthal (udc/BE). Il y admet que «dans le cas de certains produits agricoles, des prescriptions plus sévères peuvent être souhaitables pour les produits fabriqués en Suisse, afin de les distinguer plus facilement des produits fabriqués à l'étranger.» Et le gouvernement d'ajouter que «si certains producteurs suisses en venaient à contourner ces prescriptions spéciales» en utilisant le Cassis de Dijon, il examinerait de serrer la vis.Ira-t-il jusqu'à faire une exception pour les produits d'alpage et de montagne? Les paysans l'espèrent. Mais le Secrétariat d'Etat à l'économie, garant de l'orthodoxie libre-échangiste, veille au grain.

Serge GUMY