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samedi 14 mai 2011

Quand courir nuit gravement à la santé

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Une étude allemande met en garde contre les effets nocifs du jogging, qui toucheraient deux tiers des adeptes de la course à pied.

De bon matin, durant la pause de midi ou en fin de journée, ils courent. Seuls ou en groupes. Ces joggeurs résistent à la tentation de la sédentarité à l’origine de tant de maux. Persuadés des bienfaits de leur activité, ils ne se doutent pas qu’elle peut être nocive.

Le professeur Henning Allmer de l’Institut des sciences appliquées de la santé de Cologne, mandaté par une des plus grandes sociétés allemandes d’assurance maladie, AOK, a mis en ligne un test permettant à chaque joggeur de vérifier si sa pratique était favorable ou délétère pour sa santé. L’étude a démarré en décembre 2006 et s’est achevée en décembre 2010. Ses conclusions viennent d’être communiquées et la presse allemande en a largement fait l’écho avec des titres alarmants.

Dix mille personnes ont pris part (10′626 exactement) à ce sondage, soit un échantillon jugé représentatif de la grande famille des coureurs à pied avec cependant une surreprésentation des femmes. Il ressort que 78% des participants courent seuls, plusieurs fois par semaine, avec une régularité supérieure du côté des hommes. Il est également à relever que la fréquence des entraînements ne diffère pas entre coureurs solitaires et membres d’un groupe. Enfin, 70% des données proviennent de sportifs âgés de 21 à 50 ans.

En se penchant sur les résultats enregistrés, le scientifique a été confronté à des constatations surprenantes. Ainsi, l’évaluation de questions telles que «Vous arrive-t-il d’être à bout de souffle?», «Prévoyez-vous des pauses?», «Ressentez-vous des crampes musculaires?» ou «Eprouvez-vous quelques fois de la douleur intense?» a débouché sur la division des réponses en trois catégories.

Dans la première se trouvent les personnes au profil le plus favorable pour la santé. En cas de réactions négatives de leur corps, pouls rapide ou crampes, elles réagissent immédiatement par des pauses. Au terme de leurs sorties, elles éprouvent une sensation de bien être physique.

Dans une deuxième catégorie, la performance est privilégiées et les limites corporelles dépassées de telle sorte que, après l’entraînement, on constate un état d’épuisement. Allmer qualifie ce type de comportement de franchement défavorable à la santé. Des problèmes cardio-vasculaires et des blessures musculaires peuvent en résulter.

Entre ces deux extrêmes se trouve la catégorie de «profil critique»: des joggeurs qui «ne font pas tout faux mais pas tout juste non plus». Ils mettent néanmoins leur santé en danger.

L’aspect le plus effrayant de cette étude, de l’avis de son auteur, est le fait que 32% seulement des adeptes de la course à pied en tirent un effet profitable. Les autres (36%) exposent leur santé à des risques et 32% lui portent carrément atteinte. On notera que seuls 29% des joggeurs en solo appartiennent aux bénéficiaires contre 39% pour les «collectifs». Il leur manque la force de régulation présente dans un groupe qui freine les prouesses exagérées. Un constat qui bat en brèche l’idée bien répandue qu’une pression plus grande s’exercerait au sein d’un groupe.

Les femmes, plus que les hommes, subissent des répercussions physiques négatives en courant, ce que le professeur imputent à une moins grande régularité de leur part. La pratique irrégulière du jogging étant particulièrement exposée à des conséquences néfastes.

Les participants au sondage ont pu bénéficier de conseils à même de modifier leur comportement. «La principale recommandation consiste à, si possible, ne pas courir seul mais en compagnie de personnes expérimentées. Dans tous les cas, il s’agit de ne pas ignorer les symptômes de fatigue et ne pas hésiter alors à ralentir ou s’arrêter pour récupérer», résume Allmer.

Quelle bonne nouvelle! Bouger pour sa santé ne devrait donc plus être synonyme d’activité masochiste mais demeurer agréable. Tout ce qui est «bon» ne doit pas forcément faire mal!

Geneviève Grimm-Gobat