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jeudi 15 décembre 2011

Alain Berset au sommet

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A 39 ans, le voilà propulsé 4e conseiller fédéral fribourgeois de l’histoire! A. Wicht





Le canton de Fribourg fêtera le quatrième conseiller fédéral de son histoire. Le Belfagien a été élu sans trembler face au Vaudois Pierre-Yves Maillard. A 39 ans, il incarne la stabilité qui a présidé à la reconduction des six ministres en place. L’UDC a échoué à reconquérir un 2e siège.

Lorsqu’il a rejoint ses futurs collègues dans le salon du Conseil fédéral, sitôt après avoir annoncé à la tribune qu’il acceptait son élection, Alain Berset paraissait déjà chez lui. Comme si, pour le conseiller aux Etats fribourgeois, devenir ministre relevait de l’évidence. C’est en tout cas avec grande facilité que le socialiste, 39 ans, a été porté, au deuxième tour déjà, au rang de successeur de Micheline Calmy-Rey.

En soi, la victoire du sénateur ne constitue pas une surprise. Alain Berset passait pour le favori de la course au siège socialiste. Mais bien des observateurs s’attendaient à un duel plus serré avec son rival Pierre-Yves Maillard. Le conseiller d’Etat vaudois avait de l’avis unanime effectué une bonne campagne et des auditions convaincantes, meilleures peut-être qu’un Berset soucieux avant tout de ne commettre aucun faux pas et visiblement crispé, du moins au début, par l’importance de l’enjeu. Ses tentatives maladroites de se débarrasser de l’image de politicien lisse qui lui colle à la peau trahissaient même une étonnante nervosité. «Moi, je me suis toujours senti calme, mais concentré», analyse après coup l’intéressé.

Une ascension éclair

Et dans les urnes, le favori a tenu son rang. Ainsi, dès le premier tour, le Fribourgeois approchait la majorité absolue. Pierre-Yves Maillard et le candidat de combat de l’UDC Jean-François Rime obtenaient tous deux 59 voix. Alain Berset finissait le travail au deuxième tour déjà, à 11h54 précises, en décrochant 126 voix, contre 63 pour Maillard. Le nouvel élu en fut le premier surpris, lui qui spéculait sur un tour supplémentaire pour peaufiner son discours...

Son élection express reflète une carrière menée au pas de charge: conseiller aux Etats à 31 ans, ministre à 39, Alain Berset a tout fait très vite. Et presque tout juste. En huit ans sous la Coupole, il s’est affirmé comme un spécialiste reconnu des dossiers économiques et financiers. Politicien professionnel, il a pris soin de tisser un réseau dense qui a facilité son ascension. Sans compter que le Fribourgeois avait l’immense majorité de 46 conseillers aux Etats derrière lui. «De toute évidence, son ancrage au sein de l’Assemblée fédérale a fait la différence», estime le conseiller aux Etats Luc Recordon (Verts/VD). «Il est intelligent, pas dogmatique. Et on le connaît», enchérit Christophe Darbellay, président du PDC.

Maillard est amer

Hier, le Parlement fédéral a donc préféré miser sur une valeur sûre. Au grand dam de Pierre-Yves Maillard. «L’expérience du gouvernement, apparemment, ne compte plus. Mais je regretterais que le Conseil fédéral ne soit plus composé à l’avenir que de gens provenant du sérail.» «En tant qu’ancien conseiller national et actuel directeur de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, Pierre-Yves Maillard en fait presque partie», rétorque Christian Levrat.

Le président du PS suisse essuyait hier les critiques de ses camarades vaudois. «La stratégie du PS suisse aurait dû privilégier un vrai duel loyal entre Berset et Maillard» en organisant un report de voix sur le second pour se défaire de l’UDC Jean-François Rime, regrettait ainsi Cesla Amarelle, présidente du PS vaudois et conseillère nationale. Qui soupçonne les lobbies de la pharma, des télécoms et des assurances d’avoir fait pression sur le Parti libéral-radical pour faire élire Alain Berset.

Le drôle de jeu de l’UDC

De fait, le PDC et le PLR ont majoritairement voté en faveur du sénateur. «Il est plus centriste, plus consensuel, plus ouvert sur les dossiers», confirme Jacques Bourgeois (plr/FR). «Disons qu’Alain Berset est le moins à gauche des deux candidats», analyse pour sa part Toni Brunner, président de l’UDC suisse. Les démocrates du centre qui ont facilité en réalité la tâche du citoyen de Belfaux en lançant Jean-François Rime dans les pattes de Maillard. Car si l’UDC n’avait pas eu son propre candidat dans la course, elle aurait sans doute majoritairement soutenu l’ancien syndicaliste.

En plus de ses qualités, Alain Berset a su tirer profit des circonstances pour se hisser au gouvernement. Une équipe sans ténor, mais qui joue collectif. La photo de groupe, hier, parlait d’elle-même: il s’est déjà fondu dans le collectif. I

CHRISTIAN LEVRAT
«L’UDC a joué avec un fou en moins»



PIERRE-ANDRÉ SIEBER




Christian Levrat, en tant qu’excellent joueur d’échecs, le stratège que vous êtes n’est-il pas un peu déçu, tout de même, par la facilité avec laquelle Alain Berset a été élu?

Christian Levrat: Non, je ne suis pas déçu. Il est vrai que la stratégie de l’UDC était vraiment suicidaire. Ils ont décidé de jouer sans les tours et avec un fou en moins, c’est leur problème.

C’est tout de même bizarre, cette décision de lancer Jean-François Rime contre Simonetta Sommaruga. Une diagonale du fou en quelque sorte…

C’est clairement une tentative de vengeance. Aujourd’hui, le mot d’ordre de l’UDC était clair. C’était la vengeance à tout prix. Ils voulaient se venger de la réélection d’Eveline Widmer-Schlumpf. Ensuite, de rage, ils ont tenté de se calmer avec l’essai de conquête du siège de Simonetta Sommaruga et après de celui de Johann Schneider-Ammann et du nôtre, mais c’était sans aucune chance dès le départ.

Que doit penser Hansjörg Walter? A-t-on joué avec lui comme avec une marionnette?

Oh, je crois qu’il a été un peu victime de sa naïveté. Alors qu’il était président du Conseil national, qu’il devait faire en sorte que les choses se passent tranquillement, il a mis une partie de sa fonction en jeu pour se livrer à un numéro de cirque, cela n’a pas grand sens.

Qu’est-ce qui a joué le plus en faveur de l’élection d’Alain Berset contre Pierre-Yves Maillard?

Je suis probablement le seul à ne pas pouvoir répondre à cette question dans le parlement. Ce sont mes adversaires politiques que vous devriez interroger. Au final, c’est à l’évidence une majorité très nette qui fait le choix d’Alain Berset. Faites le tour des élus, ils vous exposeront leurs motifs.

Sans doute, mais Alain Berset avait pour lui l’immense avantage d’avoir siégé durant huit ans au Conseil des Etats…

C’est clair. Les gens le voient travailler ici depuis 2003. Il est spécialisé sur les questions sociales, économiques et fiscales. Pour les années à venir, beaucoup craignent un coup de tabac sur le plan conjoncturel, cela a probablement joué un rôle.

Au niveau du Parti socialiste fribourgeois, comment voit-on maintenant sa succession au Conseil des Etats?

On va commencer à s’en occuper. Jusqu’à présent, j’avais quelques soucis à Berne et je me suis concentré sur ces problèmes-là. Maintenant que le job a été fait ici, on réfléchira sur la manière dont on veut continuer à Fribourg. I

P.-Y. Maillard: de la défaite fédérale au triomphe vaudois?

JÉRÔME CACHIN





Pierre-Yves Maillard reprend le combat cantonal, le vent en poupe. Une majorité de gauche au Conseil d’Etat, c’est peut-être déjà pour dimanche. L’écologiste Béatrice Métraux est favorite, contre l’UDC Pierre-Yves Rapaz. Ce qui est sûr, depuis hier, c’est qu’il appartient toujours à ce gouvernement. Il peut préparer – de l’intérieur – sa victoire et celle de la gauche lors des cantonales de mars 2012: le vrai grand rendez-vous politique après la complémentaire de dimanche qui réglera la succession Mermoud.

Hier, les socialistes vaudois lustraient leur locomotive électorale: «Il sort grandi de cet exercice et sa présence sur les listes pour les prochaines cantonales constitue un atout redoutable», proclamait le communiqué qui n’oublie pas de louer sa «stature d’homme d’Etat». Aux côtés de Pierre-Yves Maillard et d'Anne-Catherine Lyon, les socialistes vaudois peuvent ambitionner d’obtenir un troisième siège, quelle que soit la stratégie globale de la gauche.

Pierre-Yves Maillard est déjà vu comme celui qui détrônera le radical Pascal Broulis. L’actuel président et ministre des Finances avait obtenu 58,4% des suffrages lors des élections cantonales de 2007. Mais il s’était ensablé dans sa tentative d’entrer au Conseil fédéral en 2009. La comparaison avec Pierre-Yves Maillard se révèle aujourd’hui cruelle.

Que ferait Pierre-Yves Maillard d’un tel triomphe? Il faut qu’il prenne la présidence du Gouvernement vaudois, espèrent ses camarades. Il pourrait aussi choisir un autre département, envisagent-ils. A la tête de celui de la santé et de l’action sociale depuis son entrée au Château cantonal en 2004, le leader socialiste semble avoir fait le tour des grands dossiers: «Dans le domaine sanitaire, il y a des grands projets d’investissements: l’hôpital Riviera-Chablais et l’Hôpital de l’enfant et de l’adolescent. Et d’autres grands dossiers importants», tempère Pierre-Yves Maillard.

Un coup de sonde chez ses camarades montre que l’ancien syndicaliste est attendu à la tête du Département de l’économie, plutôt qu’ailleurs: il y mènerait une politique de relance et fonderait une vraie stratégie cantonale du logement. Questionné, l’intéressé se garde bien de répondre avant les élections de mars et les discussions collégiales qui suivront: «C’est trop tôt pour parler de tout cela. Il y a trois ou quatre départements qui m’intéressent, comme tout le monde...»

Burkhalter aux Affaires étrangères?

FRANCOIS NUSSBAUM




Va-t-on assister à une redistribution des départements fédéraux, suite à l’élection d’Alain Berset? Rien ne filtrera avant que les décisions ne soient prises, et ce sera demain.

On peut toutefois envisager quelques scénarios, non dénués de fondements. Par exemple le fait que Didier Burkhalter est tenté par les Affaires étrangères, après le départ de Micheline Calmy-Rey. Mais ce serait donner l’Intérieur à Alain Berset, qui y est peu préparé (contrairement à son colistier malheureux Pierre-Yves Maillard).

Mais – autre changement possible – Simonetta Sommaruga pourrait viser un autre département (peut-être aussi les Affaires étrangères), ayant atterri à Justice et police contre son gré. Alain Berset hériterait alors de dossiers ingrats comme la politique migratoire et l’asile.

Pour le reste, on voit mal Doris Leuthard quitter si vite l’Energie, les transports et l’environnement. Tout comme Eveline Widmer-Schlumpf abandonner les Finances. Quant à Johann Schneider-Ammann, il ne briguera certainement pas un département plus lourd que l’Economie.

Reste Ueli Maurer, qui pourrait être tenté de laisser à d’autres la Défense et ses nouveaux avions. Mais, outre que personne ne s’y précipitera, ses collègues s’arrangeraient probablement pour le convaincre de ne pas bouger.

ATS/AP


Micheline Calmy-Rey quitte la présidence de la Confédération qu’elle aura occupée deux fois. Mais ce sont ses neuf ans passés aux Affaires étrangères qu’elle a avant tout évoqués en prenant congé hier du parlement. Elle a livré un plaidoyer en faveur du rôle de la Suisse dans le monde et de sa manière de le tenir: «La Suisse a plus que jamais besoin d’engagement.»


SALAIRE

Alain Berset gagnera plusde 440000 francs par an
Alain Berset restera politicien professionnel mais va gagner près de quatre fois plus au Conseil fédéral. Le nouvel élu peut compter sur un salaire brut de plus de 440000 francs par an et divers avantages dont une indemnité de représentation de 30000 francs. Au 1er janvier 2011, le revenu brut était de 443000 francs. Le montant sera adapté l’an prochain au renchérissement, à l’instar des salaires du personnel de la Confédération. Le nouveau conseiller fédéral aura par ailleurs droit à deux voitures de fonction, dont l’une avec chauffeur. Le second véhicule pourra également être utilisé par sa femme.

«J’y pense depuis trois mois, mais pas plus»

SERGE GUMY ET PIERRE-ANDRÉ SIEBER




Restaurant de la galerie des Alpes du Palais fédéral, 19 heures hier soir. Alain Berset termine une journée harassante pourtant détendu, avec le sourire. Avant un dernier plateau TV, il accorde à «La Liberté» sa première interview à la presse écrite en tant que conseiller fédéral élu.

Réalisez-vous ce qui vous arrive?

Alain Berset: Ce n’est pas facile. Comme parlementaire, j’ai vécu l’élection de six conseillers fédéraux. A chaque fois, j’ai été frappé de la transformation, y compris physique, des personnes que l’Assemblée fédérale venait d’élire. Mais ce matin, alors que cela me concernait, cela ne m’a pas touché de la même manière. Il me faudra un peu de temps pour réaliser, même si j’ai déjà constaté ce qui a changé dans l’agenda et les activités.

Vous êtes sous surveillance du service de sécurité, les médias vous harcèlent. Vous appartenez-vous encore?

Je crois que oui. Je ne vais pas changer. Je prends une responsabilité de gouvernement, et pour cela, mieux vaut mener la barque que de subir le courant. Et je n’ai pas l’impression que ce dispositif de sécurité propre aux jours d’élection sera toujours le même, et cela me rassure plutôt!

Ce matin, en quittant Belfaux, vous attendiez-vous à pareil sacre?

J’étais prêt à vivre tous les scénarios imaginables, car on ne se présente pas à une telle élection sans savoir que tout est possible. J’étais donc très ouvert et je suis – bien sûr – très, très heureux de ce résultat qui m’a surpris par sa clarté.

… et par sa rapidité!

Je crois que cette rapidité ne reflète pas très bien la campagne menée avec Pierre-Yves Maillard. J’ai l’impression que c’était une volonté du parlement de se décider très rapidement entre lui, moi et Jean-François Rime. Je souligne, au passage, à quel point cette campagne avec Pierre-Yves a très bien marché.

Conseiller fédéral, c’était le but de votre carrière?

Si on persiste à poursuivre d’autres buts que ce qu’on est en train de faire, on ne peut être que malheureux. Et j’ai toujours vécu ce que je faisais – mon mandat de sénateur, la présidence du Conseil des Etats en 2009 – avec passion et dans l’instant. Par contre, c’est vrai, ces trois derniers mois, j’avais envie de ce poste et j’ai mis l’accent sur ma candidature. Mais c’était pendant trois mois, pas plus.

Etes-vous l’élu de la majorité bourgeoise du parlement?

Je suis élu par l’Assemblée fédérale dans laquelle aucun parti n’a la majorité. Chaque conseiller fédéral est donc élu avec le soutien de quatre, cinq, six groupes politiques différents, en obtenant, par la force des choses, plus de voix dans les autres partis que dans son propre camp.

Vous ne vous sentez donc pas l’otage du camp bourgeois?

Le parlement sait qui il a élu: un socialiste fortement engagé pour limiter les abus de la concurrence fiscale; qui, très tôt, a demandé le doublement des fonds propres des grandes banques. Autant de dossiers sur lesquels je suis en désaccord avec les partis bourgeois. Mais ce qui importe, c’est d’avoir l’impression de pouvoir, à partir de visions de la société parfois différentes, débattre, beaucoup s’écouter, comprendre les points de vue des uns et des autres et trouver des solutions.

On vous dit consensuel. Une qualité ou un défaut?

La politique, c’est faire des choix, mais pas tout seul. Et si être consensuel, c’est savoir qui l’on est, où sont ses racines, tout en étant ouvert à de bons compromis, c’est une qualité.

Vous êtes pressenti pour reprendre le Département des affaires étrangères…

Comme conseiller aux Etats, actif en politique fédérale depuis 8 ans, j’ai en poche un brevet de généraliste. J’ai pu mener quelques expériences dans les domaines des relations internationales, des finances ou de l’économie, mais je peux m’imaginer dans n’importe quel département. Décision vendredi!

Didier Burkhalter pourrait s’intéresser au DFAE et quitter l’Intérieur. Imaginez-vous vous frotter à sa place aux défis de l’AVS et de l’assurance-maladie?

Bien sûr, comme je m’imagine me frotter aux défis des autres départements. Je connais le dossier des assurances sociales, qui est essentiel pour notre pays. Par contre, c’est vrai, ce ne sont pas des sujets que j’ai particulièrement mis en avant jusqu’à aujourd’hui.

Vous partez pour combien de temps au Conseil fédéral?

On verra bien, je n’ai aucun plan précis ni l’intention de battre des records de longévité. J’estime cependant qu’en trois législatures, au moins, on doit pouvoir être en mesure d’amener quelque chose au gouvernement.

Comment comptez-vous réserver quelques fenêtres à votre famille?

J’ai la chance d’habiter à 25 minutes de mon futur bureau. Cela dit, je m’attends à un niveau d’activité très élevé et à des horaires irréguliers, comme ce que je connais déjà au Conseil des Etats. Je sais que ce ne sera pas facile, mais je pense qu’il est possible de concilier Conseil fédéral et vie de famille.

Imaginez-vous pouvoir vous amuser au Conseil fédéral?

Je suis convaincu que la politique sans humour, sans un certain sens du jeu, sans capacité de prendre de la distance et sans autodérision, ça ne marche pas. J’ai toujours fonctionné ainsi et je compte bien continuer ainsi au Conseil fédéral. I

Serge Gumy


Le candidat socialiste fribourgeois à la succession de Micheline Calmy-Rey, Alain Berset, a été élu par l'Assemblée fédérale après deux tours avec 126 voix. Le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard et l'outsider UDC Jean-François Rime en ont reçu respectivement 63 et 54 voix (majorité absolue: 123 voix)

Alain Berset a accepté son élection au Conseil fédéral. Il s'est dit envahi du sentiment de responsabilité confié et a offert ses premières pensées à l'autre concurrent socialiste malheureux, le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard.

Le nouveau conseiller fédéral fribourgeois a également remercié son parti, sa famille et son canton pour leur soutien sans faille à son engagement politique. Dans les quatre langues nationales, il a évoqué les défis à venir pour le pays, citant notamment la situation économique difficile et les conséquences de l'abandon du nucléaire.

«Je me réjouis d'affronter ces défis et d'oeuvrer à la solution des problèmes dans l'intérêt du pays et de la cohésion nationale», a déclaré le nouvel élu. Qui s'est dit encore heureux de pouvoir compter sur le soutien de ceux qui partagent ses idéaux d'égalité et de justice sociale.

Le candidat socialiste fribourgeois à la succession de Micheline Calmy-Rey, Alain Berset, a été élu par l'Assemblée fédérale après deux tours avec 126 voix. Le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard et l'outsider UDC Jean-François Rime en ont reçu respectivement 63 et 54 voix (majorité absolue: 123 voix). Le conseiller aux Etats fribourgeois est déjà arrivé nettement en tête du premier tour avec 114 voix (majorité absolue: 122 voix).

Historique

Avec Alain Berset, le canton de Fribourg compte désormais quatre représentants à avoir été élus au Conseil fédéral. Avant le Sarinois, il y avait eu Jean-Marie Musy (1919) et Jean Bourgknecht (1959), tous deux membres du parti conservateur, ancêtre du PDC. En 1999, c’est le démocrate-chrétien Joseph Deiss qui accédait à la plus haute instance exécutive de Suisse.

C’est un 11 décembre, il y a 92 ans, que Jean-Marie Musy (1876-1952) est élu au Conseil fédéral. Ce natif d’Albeuve, petit fils de Pierre Musy – qui avait été en son temps préfet de la Gruyère – prend alors la tête du Département des finances et des douanes, qu’il ne lâchera plus jusqu’à sa démission, en 1934. Selon l’historien Francis Python, la Suisse lui doit l’assainissement de ses finances.
Conservateur pur, anti-socialiste à l’extrême, Musy n’aura de cesse de s’en prendre à la gauche, qu’il désigne comme l’ennemi à combattre. L’homme est égalemment décrié, durant la seconde guerre mondiale, pour les contacts qu’il entretient avec l’Italie de Mussolini et le Troisième Reich d’Hitler. On lui doit toutefois, en 1944, d’obtenir le départ pour la Suisse de 1200 Juifs du camp de concentration de Theresienstadt.

Jean Bourgknecht, pour sa part, fera nettement moins parler de lui. Né en 1902 à Fribourg, il est élu au Conseil fédéral en 1959. Mais quitte ses fonctions en 1962 déjà, invoquant de graves problèmes de santé. A la tête du Département de justice et police, puis de celui des finances et des douanes, ce bourreau de travail, qui s’était d’ailleurs plaint de la surcharge dont il souffrait lui et ses collègues, venait de subir une crise cardiaque. Il meurt deux ans plus tard, non sans avoir laissé l’image d’un homme politique efficace.

Le 11 mars 1999, le démocrate-chrétien Joseph Deiss est élu à l’âge de 53 ans au Conseil fédéral au terme de… six tours de scrutins. Le citoyen de Barberêche partage cette élection au côté d’une femme de son parti, Ruth Metzler, pour succéder à Arnold Koller et Flavio Cotti. Joseph Deiss siègera sept ans, d’abord aux Affaires étrangères, puis à l’Economie, avant de donner sa démision à la surprise générale. Même son frère, l’ancien préfet de la Sarine Nicolas Deiss, l’apprendra par les médias.
Joseph Deiss aura souffert de l’image d’intellectuel timide qu’il dégage. Il aura pourtant assuré un joli rôle d’arbitre au sein du Conseil fédéral, principalement pour atténuer les tensions entre Christoph Blocher et Pascal Couchepin. C’est sous l’ère Deiss, enfin, que la Suisse est entrée aux Nations Unies.

Kessava Packiry/Christine Wuillemin/ATS
La Liberté