Le nouveau théâtre impose ses porte-à-fauxau cœur de la ville. L’inauguration aura lieu lundi.
Enfin! Depuis 37 ans que les Fribourgeois attendaient un théâtre digne d’une capitale cantonale, le voici, avec ses porte-à-faux, dominant le centre-ville de Fribourg, à deux pas de la gare. Le théâtre Equilibre sera inauguré lundi, devant un parterre d’invités. Les places des trois représentations d’ouverture, mardi, mercredi et jeudi, ont été tirées au sort sur concours et offertes au public.
La fin des années 90 et les années 2000 ont vu d’autres salles de spectacle essaimer dans le canton:Podium, Nuithonie, la salle CO2, le Bicubic, l’Univers@lle. Sans oublier le Théâtre des Osses, qui a ouvert la voie à la création professionnelle en 1990. Parallèlement, le besoin et l’offre de culture ont connu un essor fulgurant. Equilibre en quelque sorte couronne ce développement. Mais ce grand théâtre qui manquait à Fribourg, depuis la disparition du Livio en 1975, n’a été accepté que de justesse en votation populaire et ne fait toujours pas l’unanimité. C’est confronté aux attaques et au stress des derniers travaux que son directeur, Thierry Loup, veut se réjouir de ce nouveau lieu de culture: «Je suis impatient d’y être avec les artistes et le public. La salle est très belle, chaleureuse, elle offre un excellent rapport entre le public et la scène.»
Il faudra attendre les premiers spectacles pour confirmer la qualité de l’acoustique et la convivialité de la salle. Le public, en tout cas, attend cette ouverture: Equilibre et Nuithonie – chapeautés par la même fondation et une direction unique – ont doublé leurs abonnés: 1200 abonnements ont trouvé preneurs pour la saison 2011-2012 en cours. Les 18 spectacles programmés à Equilibre affichent tous déjà quasiment complet. En fait, Thierry Loup programmera désormais une seule saison répartie sur trois salles (Equilibre avec sa jauge de 700 places, la grande salle de Nuithonie avec 467 places et la petite avec une centaine): «Nous allons tourner autour de 50 à 55 spectacles par saison. Le rôle de Nuithonie dévolu à la création va prendre de l’envergure: nous pourrons prévoir plus de représentations successives.»
Pas de création en ouverture
Mais hormis les spectacles de théâtre, danse et opéra programmés par son directeur, Equilibre sera ouvert en priorité aux nombreux acteurs culturels fribourgeois, qui s’étaient rabattus jusqu’ici, faute d’un espace adapté, sur l’aula de l’Université de Fribourg. L’Opéra de Fribourg, la Société des concerts de Fribourg, le Theater in Freiburg, l’Orchestre des jeunes de Fribourg, le Festival du lied, et les harmonies La Landwehr et La Concordia notamment auront la priorité sur le choix des dates. Les grands chœurs amateurs de la région, explique Thierry Loup, attendent aussi de pouvoir réserver la salle.
Tandis que cette inauguration devait être l’occasion de grosses réjouissances, la déception est de mise dans les milieux culturels. Thierry Loup a renoncé à un spectacle d’inauguration fribourgeois, fort et marquant. Le comédien Roger Jendly lui avait pourtant proposé d’incarner «Le bourgeois gentilhomme» de Molière, mis en scène par Jérôme Savary, une création qui aurait réuni des artistes fribourgeois. A la place, c’est le Ballet du Grand Théâtre de Genève qui «essuiera les plâtres» d’un théâtre pas tout à fait fini (l’équipe technique n’a pu prendre possession de la cage de scène que le 12 décembre), avec le ballet «Cendrillon», revisité par Michel Kelemenis. Une consolation: faute d’avoir pu repousser la date d’ouverture, la danse était pour Thierry Loup un moyen de fédérer les deux parties linguistiques du canton. I
«Equilibre offre un excellent rapport entre le public et la scène»
Thierry Loup
Elisabeth Haas
La Liberté