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Histoire du maïs
Lorsque les Européens exploraient les Amériques, le maïs était déjà cultivé du nord au sud du continent depuis les rives du Saint-Laurent au Canada à celles du Rio de la Plata en Argentine. Le maïs a été vu par les européens pour la première fois par Christophe Colomb en 1492 à Cuba. Magellan le trouva à Rio de Janeiro en 1520 et Jacques Cartier rapporta en 1535 que Hochelaga, la future Montréal se trouvait au milieu de champs de maïs, qu’il comparait à du « millet du Brésil ».
Les Méso-Amérindiens (Olmèques, Mayas, Aztèques), peuples du centre de l’Amérique, en étaient très dépendants. Certains Nord-Amérindiens le connaissaient également : c’est d’eux que nous vient le maïs soufflé.
La première introduction du maïs en Europe, et dans l’Ancien monde, est certainement due à Christophe Colomb au retour de son premier (4 mars 1493) ou deuxième (11 juin 1496) voyage en Amérique selon son propre témoignage.
Du sud de l’Espagne, il s’est diffusé dans toutes les régions d’Europe méridionale au climat suffisamment chaud et humide, le Portugal (1515), le pays basque espagnol (1576), la Galice, le Sud-Ouest de la France et la Bresse (1612), la Franche-Comté alors possession espagnole, et où il est nommé « blé d'Espagne », le reste de la France restant longtemps réticente à sa culture au profit du blé, la Vénétie (1554), puis toute la plaine du Pô. D’Italie, il s’est répandu vers l’est : Serbie, Roumanie, Turquie.
En Afrique, le maïs a été introduit d’une part en Égypte vers 1540, par la Turquie et la Syrie, d’autre part dans la région du golfe de Guinée par les Portugais vers 1550.
Le premier dessin du maïs en Europe est dû au botaniste allemand Fuchs en 1542. En Chine, le premier dessin du maïs est daté de 1637, mais sa culture y était déjà répandue.
La première description scientifique de la plante est due au médecin et botaniste espagnol Francisco Hernández de Toledo . Le premier ouvrage consacré au maïs en Europe, Le Maïs ou blé de Turquie apprécié sous tous ses rapports, est écrit par Parmentier en 1784.
Le succès du maïs tient d’abord à sa facilité de culture et à son rendement très nettement supérieur à celui du blé ou des céréales secondaires qu’il a remplacé, comme le millet (dont il a pris le nom en portugais, milho) et le sorgho, puis au XXe siècle au progrès génétique qui lui a permis de s’adapter à des conditions de culture de plus en plus septentrionales, tout en permettant une production de matière sèche intéressante, cela grâce à des variétés précoces. Les rendements ont quadruplé en 25 ans.
Symbolisme
Le maïs a actuellement trois grands type d’utilisations : l’alimentation animale qui est de loin le premier débouché (environ les deux tiers globalement) et concerne surtout les pays industrialisés, l’alimentation humaine, particulièrement importante dans certains pays du Tiers monde, notamment l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine, et marginale dans les pays industrialisés, et enfin les industries agro-alimentaires, y compris pour la production d’alcool comme bio-carburants.
Le maïs (aussi appelé blé d’Inde au Canada) est une plante tropicale herbacée annuelle de la famille des Poacées (graminées), largement cultivée comme céréale pour ses grains riches en amidon, mais aussi comme plante fourragère. Le terme désigne aussi le grain de maïs lui-même, de la taille d’un petit pois.
Cette espèce, originaire du Mexique, constituait l'aliment de base des Amérindiens avant l'arrivée en Amérique de Christophe Colomb. La plante fut divinisée dans les anciennes civilisations d’Amérique centrale et méridionale et était connue chez les tribus d’Amérique du Nord comme l’une des trois sœurs. Introduite en Europe au XVIe siècle, elle est aujourd’hui cultivée mondialement et est devenue la première céréale mondiale devant le riz et le blé. Avec l’avènement des semences hybrides dans la première moitié du XXe siècle, puis des semences transgéniques tout récemment, le maïs est le symbole de l’agriculture intensive.
Son nom vernaculaire le plus commun est maïs. Ce terme vient de l’espagnol maíz, emprunté lui-même à la langue des Taínos de Haïti qui le cultivaient. De nombreux autres noms vernaculaires ont été appliqués à cette céréale, notamment blé indien, blé de Turquie et blé de Barbarie. Désuets pour la plupart, ces noms témoignent de la confusion qui a longtemps régné en Europe sur l’origine de la plante.
• Nom scientifique : Zea mays de la famille des poacées, les graminées.
• Synonymes : maïs sucré : maïs doux, blé de Barbarie, blé de Guinée, blé de Turquie, froment des Indes ; maïs éclaté : maïs fulminant, maïs perlé, pop-corn…
• Maïs sucré : anglais : sugar corn, sugar maiza, sweet corn, allemand : Zuckermais, Süßmais, Welsch Korn, espagnol : maiz dulce, italien : grano turco, mais dolce, néerlandais : maïs, turksche tarwe
• Maïs éclaté : anglais : pop corn, allemand : Puffmais, Perlmais, espagnol : maiz reventón, maiz palomero, italien : mais ibrido, néerlandais : pofmais
D’innombrables formes du maïs sont cultivées. Au XIXe siècle un botaniste américain, Sturtevant, établit une classification en groupes, fondée principalement sur les caractéristiques du grain :
1. Zea mays saccharata, maïs doux,
2. Zea mays cerotina, maïs cireux,
3. Zea mays amylacea, maïs farineux,
4. Zea mays indentata, maïs denté,
5. Zea mays indurata, maïs corné,
6. Zea mays everta, maïs perlé,
7. Zea mays tunicata, maïs vêtu.
Ce système, considéré comme artificiel, a été remplacé au cours des soixante dernières années par des classifications multicritères faisant appel à beaucoup d’autres données. Les données agronomiques ont été complétées par des caractéristiques botaniques pour constituer une robuste classification initiale, puis des données génétiques, cytologiques, et d’autres liées aux protéines et à l’ADN, ont été ajoutées. On a désormais diverses catégories : formes (peu employées), races, complexes raciaux et plus récemment branches.
Robert Bird et Major Goodman, en 1977, reconnaissent 14 complexes raciaux, combinant caractères morphologiques et données statistiques, identifiés à partir de 20 000 populations de maïs américain :
1. Maïs coniques
2. Maïs dentés des Caraïbes,
3. Pop-corn du Sud,
4. Maïs sucrés du Nord de l’Amérique du Sud,
5. Maïs farineux des Terres basses,
6. Groupe Chapalote,
7. Groupe du Nord-Ouest de l’Amérique du Sud,
8. Groupe du Sud de l’Amérique du Sud,
9. Maïs cornés du Sud des Andes,
10. Complexe des Andes centrale,
11. Maïs dentés blancs modernes du Sud,
12. Groupe Cuzco,
13. Groupe Hamahuaco,
14. Groupe Cravos.
Le maïs possède dix paires de chromosomes (n = 20). La longueur combinée des chromosomes est de 1 500 centiMorgan. Certains chromosomes du maïs présentent des « renflements hétérochromatiniens » : domaines hétérochromatiques hautement répétitifs qui se teintent en sombre. Ces renflements sont polymorphiques aussi bien dans les souches de maïs que de téosinte. Barbara McClintock utilisa ces renflements comme marqueurs pour démontrer sa théorie des transposons qui lui valut le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1983. Le maïs reste encore aujourd’hui un important organisme modèle pour la génétique et la biologie du développement.
Il existe aux États-Unis un conservatoire de maïs mutants, le Maize Genetics Cooperation - Stock Center, créé par le service de recherches agricoles du ministère américain de l’agriculture et situé dans le département des sciences agronomiques de l’université de l'Illinois à Urbana-Champaign. La collection comprend au total près de 80 000 échantillons. L’essentiel de la collection consiste en plusieurs centaines de gènes identifiés, plus des combinaisons de gênes supplémentaires et d’autres variations héréditaires. Il y a environ 1 000 aberrations chromosomiques (par exemple translocations et inversions) et des cas de nombres anormaux de chromosomes (par exemple tétraploïdes). Les données génétiques décrivant la collection de maïs mutants ainsi que de nombreuses autres données sur la génétique du maïs peuvent être consultées (en anglais) à l’adresse MaizeGDB, la base de données de la génétique et de la génomique du maïs.
En 2005, aux États-Unis, la Fondation nationale des sciences (NSF), le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Énergie ont créé un consortium pour séquencer le génome du maïs. Le séquençage qui résultera de ces recherches sera immédiatement déposé dans la GenBank (banque de gènes), institution publique chargé de conserver les données de séquençage du génome. Le séquençage du génome du maïs a été considéré comme difficile à cause de sa grande taille et des arrangements génétiques complexes. Le génome compte 50 000 à 60 000 gènes répartis parmi les 2,5 milliards de bases (molécules qui forment l’ADN) constituant ses dix chromosomes (à titre de comparaison, le génome humain contient environ 2,9 milliards de bases pour 20 000 à 25 000 gènes).
Des recherches en cours au Centre international d'amélioration du maïs et du blé (Cimmyt), en collaboration avec l’IRD, visent à créer un maïs apomictique par hybridation avec une graminée sauvage apparentée, Tripsacum dactyloides. Ce maïs modifié permettrait de produire des graines sans fécondation, facilitant ainsi la production de semences performantes.
Composition Nutritive
• Glucide : 72 à 73% de sucre lent (amidon) +1 à 3% de sucre rapide (glucose, saccharose et fructose)
• Protéines : 8 à 11%
• Lipide : 3 à 18% (dont 13% d'acides gras saturés)
• Fibre alimentaire
• Minéraux :
o P 299,6± 57,8
o K 324,8 ± 33,9
o Ca 48,3 ± 12,3
o Mg 107,9 ± 9,4
o Na 59,2 ± 4,1
o Fe 4,8 ± 1,9
o Cu 1,3 ± 0,2
o Mn 1,0 ± 0,2
o Zn 4,6 ± 1,2
• Vitamines : A et E
• Valeur nutrionnelle : kCal ou KJ
Origine et distribution
L’origine botanique du maïs, plante qui n’existe pas à l’état sauvage sous sa forme actuelle, a longtemps été sujette à controverses.
De nombreuses théories ont été avancées pour expliquer l’origine du maïs dans la Mésoamérique, mais deux écoles continuent de s’affronter :
1. celle du maïs sauvage, qui existait avant l’arrivée de l’homme, qui est soutenue par Mangelsdorf ;
2. celle de la téosinte ancêtre du maïs, soutenue par Beadle.
Cependant, un très grand nombre de preuves issues de la biologie moléculaire accréditent aujourd’hui la théorie selon laquelle la téosinte est l’ancêtre du maïs cultivé. En ces temps, on transportait le maïs à l'aide de fourche.
Les très grandes différences morphologiques présentes entre le maïs et la téosinte sont dues à un nombre étonnamment faible de gènes. Des croisements entre des plants de maïs cultivés et des plants de téosinte ont montré que les principales différences morphologiques entre ces deux plantes sont codées par des gènes présents dans dix petites zones du génome. Pour deux de ces zones, un seul gène est présent.
La domestication du maïs par sélection de plants de téosinte mutés qui allait aboutir au maïs actuel aurait commencé il y a neuf millénaires dans le bassin du fleuve Balsas, au sud ouest du Mexique.
Il est originaire de régions clairement reconnues et séparées par l’équateur :
• au nord : Mexique, Amérique centrale, Venezuela, Colombie ;
• au sud : Pérou, Équateur, Bolivie, Chili, Brésil.
Évolution de l’épi de la téosinte au maïs
Alimentation animale
La plante entière peut être consommée par le bétail comme fourrage frais ou sec ou comme ensilage. Le maïs est une plante d’élevage d’embouche, elle permet donc d’engraisser plus rapidement les bovins et augmente ainsi la production de lait des vaches, il faut savoir que les bovins se nourrissent normalement de fourrages (herbes) et non de maïs. La teneur assez faible du maïs en protéines et sa relative pauvreté en lysine et méthionine obligent à avoir recours à des compléments plus riches en azote.
Au niveau mondial, les deux tiers du maïs produit sont utilisés pour l’alimentation animale, 27 % pour l’alimentation humaine.
Il existe néanmoins de fortes disparités entre les continents.
En Europe de l’Ouest, la totalité du maïs ensilage et environ 80 % du maïs grain sont utilisés pour l’alimentation animale (bovins, aviculture et élevage de porcs). L’essentiel des 20 % du maïs grain restant est utilisé en amidonnerie et semoulerie.
Le maïs est l’aliment de prédilection des oies et canards gavés pour la production de foie gras.
Industries
Le maïs a de multiples débouchés : industrie agro-alimentaire (biscuiterie, pâtisserie, brasserie, distillerie, etc.), fabrication de colle pour l’industrie textile, édulcorant, produits de l’industrie pharmaceutique, plastiques biodégradables et biocarburants
Les produits dérivés du maïs :
Dextrose-Dextrine-Maltodextrine-Sirop de maïs-Glucose-Glucose fructose-Fructose-Sucre inverti-Amidon de maïs-Amidon modifié-Amidon-Huile de maïs-Huile végétale-Margarine-Matière grasse-La vaisselle, les couverts, les pailles et les barquettes jetables-Les emballages-Les gants et les préservatifs-Les serviettes et les protèges-dessous-Les couches de bébé-Les cosmétiques et les articles de toilette-Le détergent à lessive et l'assouplissant textile-Les produits pour les pelouses-L'automobile-Les divertissements-Les médicaments
Les produits de l’amidonnerie sont utilisés :
• dans les produits alimentaires (fécule de maïs (Maizena), comme épaississant, liant, adhésif ou gélifiant) ;
• utilisations industrielles (papier, cartons, peintures, détergents, colles, matériaux de construction…) ;
• dans les produits pharmaceutiques et cosmétiques (antibiotiques, crèmes de beauté, dentifrice…) ;
• production automobile ; tous les airbags dans le monde contiennent de l’amidon de maïs pour qu’ils ne collent pas et se déploient facilement. L’éthanol (par fermentation de l’amidon), qui entre dans la composition des carburants notamment.
Les produits de la semoulerie sont utilisés dans les produits alimentaires (polenta, céréales à petit déjeuner, brasserie).
L’huile de maïs (extraite des germes) est utilisée en alimentation humaine, dans l’industrie pharmaceutique (LISTE DES Médicaments A BASE DE MAÏS) et dans l’industrie cosmétique.
La distillation de maïs permet la fabrication d’alcool de grains, gin, whisky, notamment le whisky de maïs (au moins 80 % de maïs) et le bourbon (de 51 à 79 %).
Les industries de la rafle (axe ligneux et renflé de l’épi) du maïs fournissent compost, combustible, abrasif, litière. Aux États-Unis on fabrique des pipes bon marché avec les rafles.
Certaines formes de maïs sont parfois semées comme plantes ornementales dans les jardins, surtout pour des variétés curieuses par leurs épis panachés de différentes couleurs, ou de forme particulière comme le maïs-fraise, ou par leur tailles, variétés géantes (jusqu’à 10 mètres de haut) ou à épis géants (jusqu’à 60 cm de long). Il existe également des variétés à feuilles panachées de blanc et/ou de rouge.
Une utilisation insolite du maïs est la création de labyrinthes comme attractions touristiques estivales. L’idée de ce type de labyrinthe découpé dans un champ de maïs aurait été introduite aux États-Unis par Adrian Fisher, qui a créé le premier labyrinthe de maïs en Pennsylvanie en 1993. Les labyrinthes traditionnels sont plutôt réalisés en haies d’ifs qui nécessitent plusieurs années de croissance. En revanche la croissance ultra-rapide d’un champ de maïs permet de mettre en place un labyrinthe utilisable dès le début de l’été. Ces labyrinthes sont de plus en plus populaires tant en Europe qu’en Amérique du Nord.
La culture du maïs concerne près de 150 pays dans les cinq continents, du 50e degré de latitude nord au 50e degré de latitude sud et du niveau de la mer à plus de 3 000 mètres d’altitude. Cette culture revêt des aspects très contrastée : souvent culture vivrière et manuelle de variétés traditionnelles en Afrique subsaharienne, culture intensive mécanisée parmi les plus productives dans les pays tempérés industrialisés.
Le mais est une culture d’été, particularité qui le distingue nettement des autres céréales qui se sèment pour la plupart à l’automne ou au printemps. Il nécessite pour une germination active une température minimum de 10 °C et au moins 18 °C pour sa floraison. Son rendement est très dépendant de la satisfaction de ses besoins en eau, en particulier dans les deux semaines précédant et suivant la floraison, période la plus critique qui intervient dans les régions tempérées, telles le bassin parisien, en juillet. C’est une culture qui préfère les sols profonds et riches mais qui peut s’accommoder de conditions plus difficiles, comme des sols sableux ou plus argileux, voire calcaires, sous réserve de lui assurer les apports d’eau et d’éléments nutritifs nécessaires. C’est une culture améliorante grâce à son enracinement profond et aux apports de matière organique assurés par les résidus de culture. Contrairement aux autres céréales, la grande culture mécanisée de maïs est une culture sarclée, cette pratique étant utile pour lutter contre les mauvaises herbes et surtout limiter les pertes en eau.
Le maïs peut constituer une tête de rotation, après une culture de blé (éviter une culture de blé après une culture de maïs, cela génère des risques de mycotoxines), ou bien peut suivre une légumineuse, qui apportera un complément d’azote. Il est possible de cultiver maïs sur maïs (monoculture) mais avec des risques de déséquilibre du sol et de prolifération des parasites et adventices. Aux États-Unis, on pratique généralement une rotation sur deux ans avec une légumineuse : maïs-luzerne dans les régions les plus fraîches et maïs-soja plus au sud.
Les apports de fertilisants doivent assurer les besoins d’une végétation rapide et compenser les exportations réelles, qui varient selon le type de spéculation selon que les grains seuls sont exportés hors de l’exploitation agricole ou qu’ils servent à engraisser des animaux dont les déjections retournent au champ. Les doses d’azote à apporter varient de 60 à 160 kg à l’hectare, mais peuvent être réduites de moitié en cas de précédent légumineuse ou d’engrais vert intercalaire.
Le rendement dépend d’abord des ressources en eau, mais est aussi influencé par divers facteurs génétiques, climatiques et agronomiques. En particulier la densité de peuplement doit être suffisamment élevée car la plante, contrairement au blé ne talle pas. Le semis se fait à l’aide de semoirs de précision, permettant de contrôler tant la profondeur, l’écartement des lignes que la densité sur les lignes. Il doit se faire le plus tôt possible, dès que la terre est suffisamment réchauffée (2e quinzaine d’avril dans l’hémisphère nord) pour favoriser l’enracinement des plantes, permettant une meilleure résistance à la sécheresse d’été et une récolte précoce en automne.
La récolte du maïs-grains peut se faire en épis ou en grains. La récolte en épis peut se faire plus précocement, à un taux d’humidité allant de 35 à 45 %. Les épis sont séchés naturellement en silos-cage (cribs). On utilise à cet effet des cueilleurs-épanouilleurs, tractés ou automoteurs, qui récoltent les épis débarrassés de leurs spathes. La récolte en grains, la plus répandue actuellement, nécessite l’opération de battage (réalisée par des cueilleurs-égreneurs ou des moissonneuses batteuses adaptées, munies de bec cueilleurs), et suppose un taux d’humidité compris entre 20 et 35 %. Les grains doivent être séchés à l’air chaud pour ramener le taux d’humidité à 14-15 % permettant un stockage prolongé. Le maïs-fourrage se récolte à l’aide d’ensileuses qui hachent les plantes entières lorsque le taux de matière sèche atteint 30 % (grain rayable à l’ongle). Le maïs-fourrage est destiné aux ruminants et peut être ensilé ou utilisé comme fourrage frais.
Le maïs a été sélectionné empiriquement au cours des siècles par les agriculteurs eux-mêmes qui pratiquaient une sélection massale (épis de grosse taille) et cultivaient des variétés traditionnelles qui étaient en fait des populations hétérogènes du fait de l’allogamie de la plante.
Les plus gros progrès en matière de rendement reposent sur le développement des hybrides dits « F1 », hybrides de première génération issus du croisement de lignées pures. Les hybrides F1 se caractérisent par une très grande vigueur, due à l’effet d’hétérosis et par une grande homogénéité morphologique, ce qui favorise la mécanisation de la culture.
La sélection des lignées poursuit différents caractères, différents d’une région ou d’un continent à l’autre, en fonction des objectifs de la culture. Les principaux facteurs recherchés en culture intensive sont la productivité, la précocité et une meilleure résistance à la verse. D’autres facteurs sont également intéressants, notamment la résistance à la sécheresse, la teneur en protéines ou en lipides, la valeur fourragère, la résistance aux maladies ou aux insectes, la prolificité (aptitude à produire plusieurs épis), etc.
Les recherches actuelles portent en particulier sur le développement et la croissance du maïs, l’augmentation des densités de peuplement, sur la résistance au stress hydrique, azoté, et au stress dû aux herbicides, et sur la résistance à la pyrale (insecte ravageur, Ostrinia nubilali).
L’arrivée des hybrides a constitué une véritable révolution dans le monde agricole. L’agriculteur est devenu dépendant du fournisseur de semences, les grains récoltés ne pouvant plus être semés (à cause de la disjonction des caractères à la deuxième génération).
Le maïs est une plante exigeante en soins et en travail, sa culture nécessite du matériel et donc des investissements importants, la mise en place de système d’irrigation, le remplacement des cultures traditionnelles… Elle implique également un lien plus fort avec les sociétés semencières, puisque la semence doit être achetée chaque année. Malgré ces contraintes, largement compensées par les avantages des nouvelles semences, les surfaces cultivées en maïs représentent près de trois millions d’hectares en France. En particulier, le maïs y est devenu le premier fourrage vert annuel pour l’alimentation des bovins.
Aujourd’hui, les progrès techniques permettent de développer des variétés transgéniques en y incorporant en laboratoire les caractéristiques recherchées, en particulier la résistance à des insectes (pyrale, sésamie) ou à des herbicides (glufosinate). Le développement des cultures de maïs OGM a pris une certaine extension en Amérique du Nord (États-Unis, Canada) ou du sud (Brésil, Argentine), mais s’est heurté à une opposition marquée en Europe, en particulier en France où le maïs est devenu le symbole des OGM, spécialement chez les opposants aux OGM.
Différentes variétés de maïs existent et sont cultivées :
• le maïs vitreux (semoules) ;
• le maïs corné, cultivé en particulier en Argentine et aux États-Unis, utilisé par l’industrie semoulière (« Corn flakes ») ;
• le maïs denté, caractéristique en particulier du Corn Belt américain ;
• le maïs doux (alimentation humaine) ;
• le maïs à éclater (pop-corn) ;
• le maïs farineux (peu cultivé) ;
• le maïs blanc dont le grain n’est pas pigmenté (basse teneur en carotène et en xanthophylles). Ce maïs ne représente que 12 à 13 % de la production mondiale. Il est cultivé surtout dans les pays africains et latino-américains pour l’alimentation humaine. Dans les pays développés, sa place est très réduite et réservée à des applications spéciales : gavage d’oies et canards pour la production de foie gras, alimentation des volailles à peau blanche (Bresse) ou fabrication d’amidons très blancs recherchés notamment en pharmacie.
Plus récemment sont apparues d’autres variétés :
• des maïs riches en huile (l’huile de maïs est appréciée dans l’alimentation humaine par la présence d’antioxydants qui la rendent plus stable) ;
• des maïs cireux (forte teneur en amylopectine, utilisés par certaines industries agroalimentaires ou papeteries comme épaississant) ;
• des amylomaïs (forte teneur en amylose, utilisée par l’industrie pour la production de films pour l’emballage des aliments) ;
• des maïs riches en lysine.
• Variétés mâle-stériles.
Compte tenu des enjeux économiques très importants qu’il représente au niveau mondial et particulièrement aux États-Unis, le maïs est un champ d’application privilégié pour les OGM (80% du maïs aux États-Unis contient des traits génétiques sous licence de Monsanto26). Des variétés modifiées génétiquement pour résister à des herbicides ou à certains ravageurs (pyrales, sésameis, chrysomèles) ont été produites par les grands semenciers internationaux, notamment Monsanto, mais leur importation est interdite par certains États.
• Maïs Bt
• MON863
Problèmes environnementaux
Le maïs est une plante originaire de zones tropicales, ses racines peuvent plonger à jusqu'à 1,5m de profondeur mais dans les fait les semelles de labour (ou plateau de travail du sol), l'arrosage trop précoce et les sols superficiels ne lui permettent pas d'explorer cette profondeur de sols. Culture de printemps, sa période de croissance maximum et de formation des grains en fin de printemps et en été, période de plus faibles pluviométries en zones tempérées, notamment méditerranéenne. Ces caractéristiques sont adaptées à la croissance dans les régions tropicales où les pluies tombent en jours longs. Dans des régions tempérées, comme la France, le recours à l’irrigation peut s’avérer nécessaire pour environ 25 % des surfaces cultivées. Par son origine tropicale, le maïs dispose d’une physiologie plus efficace que d’autres cultures issues d’Europe (physiologie dite en C4). Par mm d'eau le maïs produit plus de grain que le blé et il est particulièrement efficace pour produire du fourrage, mais le maïs concentre ses besoins en été. Dans les régions où le maïs est cultivé intensivement en culture irriguée de nombreux cours d'eau se sont asséchés [réf. nécessaire], entraînant des mesures de restriction des usages et demandant la construction de nouvelles retenues pour le stockage de l’eau issue des précipitations d’automne ou d’hiver.
En Europe, les maïsiculteurs reçoivent des aides directes à l’hectare dans le cadre de la politique agricole commune. Ces aides, applicables également aux autres céréales, sont dans certains cas modulées selon le type de culture, sèche ou irriguée, et plus élevées dans ce dernier cas, les rendements de référence étant nettement élevés. Ces aides directes sont destinées à disparaître dans le cadre de la réforme en cours.
Dans le Marais Poitevin, zone humide autrefois plus étendue, une partie des terres ont été drainées pour les rendre cultivables. Le marais est aujourd’hui divisé en deux parties, l’une encore humide et l’autre sèche, des écluses permettent de retenir de l’eau jusqu’en juin et fournissent ensuite un approvisionnement minimum dans cette région pendant la saison chaude.
Certains agriculteurs cultivent différentes cultures dont le maïs dans la zone asséchée, et pompent, quand cela est nécessaire, de l’eau dans la nappe phréatique pour irriguer ces cultures, provoquant la remontée d’eau salée des profondeurs. Cela a pour effet d’étendre la zone de salinité, et de rendre des terres totalement inaptes à certaines cultures. Les bovins paissant cette herbe salée sont toutefois une particularité de la région.
Normes de commercialisation internationales
• Normes Codex pour le maïs
• Normes Codex pour la farine complète de maïs
• Norme Codex pour le maïs nain
• Norme Codex pour le maïs doux en conserve
Un petit truc pour s’y retrouver…
On trouve fréquemment sur les fruits et légumes vendus en vrac ou à l’unité, un petit autocollant sur lequel est inscrit un code à quatre ou cinq chiffres. Ce code chiffré international dit « code PLU » est utilisé à travers le monde et permet d’indiquer instantanément, au niveau de la caisse des magasins, le prix au kilo (ou le prix unitaire) d'un fruit ou d'un légume. À y regarder de plus près, en plus du prix, ce « code » nous informe également sur le type de production. Les fruits et légumes cultivés de façon conventionnelle ont un code à quatre chiffres (XXXX). Les produits biologiques ont un code à cinq chiffres - le premier chiffre est un 9 (9XXXX). Les produits transgéniques ont un code également à cinq chiffres - le premier chiffre étant un 8 (8XXXX).
Sachez encore
Le maïs OGM a les particularités suivantes ;
Résistance aux insectes
La lutte contre les insectes nuisibles constitue l’une des principales préoccupations des agriculteurs. Ces derniers ont donc recours aux insecticides pour protéger leurs cultures. Notamment, de la poudre contenant des
bactéries Bt (pour Bacillus thuringiensis, une bactérie du sol présente à l’état naturel) est grandement utilisée en agriculture traditionnelle ou biologique depuis de nombreuses années. Cette bactérie produit des protéines appelées delta-endotoxines, lesquelles sont toxiques pour les insectes qui les ingèrent. En effet, le système digestif de l’insecte transforme la protéine naturelle non toxique en une forme plus petite et très toxique qui s’attaque aux intestins, tu Les insectes nuisibles causent des dommages importants aux plantes et peuvent détruire des cultures entières. Par exemple, la pyrale du maïs détruit les plants de maïs en se nourrissant de leur feuillage et de leurs grains.ant éventuell Depuis quelques années, de nombreuses cultures ont été modifiées génétiquement pour produire leur propre toxine Bt et les rendre ainsi résistantes à des insectes spécifiques. Il existe en effet plusieurs variantes de toxines naturellement produites par les bactéries Bt et qui nuisent à différents groupes d’insectes. La toxine Cry1Ab, l’une des toxines les plus utilisées en génie génétique, nuit aux lépidoptères, des papillons de jour et de nuit, mais pas aux insectes des autres familles.ement l’insecte.
Tolérance aux herbicides
Les mauvaises herbes peuvent réduire grandement le rendement des cultures. En effet, elles entrent en concurrence avec les plantes agricoles pour les nutriments du sol, l’eau et la lumière. Afin d’éliminer les plantes indésirables, les cultivateurs peuvent vaporiser leurs champs avec des herbicides chimiques. Il existe plusieurs types d’herbicides, différenciés selon les familles de végétaux qu’ils détruisent.Les herbicides à spectre large détruisent la majorité des plantes. Ils ne peuvent donc pas être appliqués au champ quand les plants cultivés ont commencé à pousser. Ce type d’herbicide est le plus souvent vaporisé en pré-émergence, c’est-à-dire avant que les plantes cultivées ne sortent de terre. Les mauvaises herbes qui apparaissent après la sortie des cultures sont éliminées d’une autre façon, souvent mécaniquement.Depuis peu, il existe de nouveaux herbicides post-émergence avec un spectre plus restreint qui permettent aux fermiers d’éliminer les mauvaises herbes en vaporisant directement les cultures. Comme ce type d’herbicide détruit moins de variétés de plantes, les agriculteurs doivent traiter leurs champs plus souvent afin de détruire toutes les mauvaises herbes. Les chercheurs ont développé des plantes transgéniques tolérantes aux herbicides à spectre large. Ainsi, les agriculteurs peuvent vaporiser leurs champs n’importe quand pour détruire toutes les mauvaises herbes, sans nuire aux cultures. La culture de ce type d’OGM devrait permettre, théoriquement, de réduire le nombre d’applications d’herbicides.
Changement de la composition nutritionnelle
Les acides aminés essentiels ne peuvent être fabriqués par le corps et certains nutriments sont parfois difficilement assimilables lors de l’ingestion d’aliments. C’est le cas par exemple de la lysine. La lysine est un acide aminé essentiel, c’est-à-dire que le corps humain ne peut la produire et qu’on doit la puiser dans les aliments. Elle est concentrée dans les muscles et elle a de nombreuses fonctions biologiques. Elle contribue, entre autres, à la croissance des os, à la formation du collagène et des anticorps, ainsi qu’au métabolisme des glucides. Chez les animaux, la lysine est parfois un acide aminé en quantité limitée dans les aliments pour les porcs et pour les volailles. La quantité de lysine ingérée quotidiennement est liée aux performances de croissance de l’animal. Il est possible d’ajuster la concentration en lysine de l’aliment en fonction du potentiel de croissance des animaux et de leur capacité d’ingestion afin d’en optimiser la croissance. Lorsqu’un ajustement de la concentration en lysine d’un aliment est nécessaire, il faut le plus souvent ajouter des suppléments commerciaux de lysine directement dans l’alimentation du bétail. La transgénèse permet de modifier la teneur en acides aminés, comme la lysine, de certaines plantes. Pour l’instant, la seule plante GM approuvée dont la teneur en acide aminée a été augmentée est le maïs.
Contrôle du pollen
Comme tous les êtres vivants, les végétaux doivent se reproduire pour assurer leur descendance. Les fleurs, qui contiennent les organes sexuels, libèrent du pollen, la semence mâle qui renferme le matériel génétique de la plante. Emporté par le vent ou par les insectes, le pollen rencontre éventuellement le stigmate – partie femelle – d’une autre fleur et, si les deux plantes sont sexuellement compatibles, féconde alors l’ovule pour produire une graine. Afin de produire une importante quantité de semences destinées à la vente à grande échelle, les producteurs mettent à profit le mode de reproduction des plantes pour produire des hybrides. Un hybride est le résultat d’un croisement entre deux variétés d’une même espèce de plante (ex. : deux variétés de maïs). Le plant hybride est souvent plus grand, produit davantage de feuilles et de graines (donc un rendement meilleur) et il est généralement plus vigoureux que les plants « parents ». Les producteurs favorisent donc ces croisements à grande échelle.
Bioproduits/Biocarburants
La lignée de Maïs 3272, qui exprime une alpha-amylase thermostable dans le grain, a été approuvée au Canada. Cette lignée a été créée pour offrir une source d'amylase dans le processus de production d'éthanol par voie sèche, remplaçant ainsi l'ajout d'enzymes d'origine microbienne.
Non seulement le maïs a besoin d’une énorme quantité d’eau pour se développer, mais le maïs OGM fabrique une toxine qui pollue les cours d’eau
Une étude américaine publiée le 9 octobre 2007 dans les « Proceedings of the National Academy of Sciences », révèle que les déchets de maïs transgéniques libèrent leur toxine dans les cours d’eau bordant les cultures et affectent les insectes du milieu environnant.
Le maïs Bt génétiquement modifié a en effet la capacité de fabriquer une toxine pour se protéger de la pyrale, son ravageur naturel.
Or l’étude effectuée sur 12 sites de l’Etat de l’Indiana établit que les déchets de cultures abandonnés libèrent cette toxine, qui contamine alors le milieu naturel.
La Grande Phrygane, une espèce aquatique voisine de la pyrale, mais non ravageuse, se trouve dès lors exposée à cette toxine qui affecte sa croissance et peut s’avérer létale à forte dose.
En 1996 l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) avait pourtant estimé, en étudiant l’impact du maïs OGM sur des daphnies, qu’il n’y avait aucun risque toxicologique lié à la culture du maïs Bt…
Cette étude remet donc en question l’évaluation des risques de l’utilisation des OGM sur le milieu aquatique et la faune.
« Nous devons nous rendre compte qu’il pourrait y avoir des impacts inattendus de l’utilisation des récoltes transgéniques, a déclaré Todd Royer, l’un des auteurs de l’étude au magazine Environmental science & Technology.
Comme nous développons de nouvelles récoltes transgéniques, je voudrais que les procédures de tests utilisent des organismes plus appropriés, en particulier pour l’environnement aquatique, ajoute-t-il. »
Le maïs et l’escherichia coli enterohémorragique (ECEH)
Escherichia coli (E. coli) est une bactérie fréquente du tube digestif de l’homme et des animaux à sang chaud. La plupart des souches de E. coli sont sans danger. Certaines souches, cependant, comme les souches entérohémorragiques (ECEH), peuvent être à l’origine de toxi-infections alimentaires (TIA) graves. La transmission à l’homme se fait par la consommation d’aliments contaminés, viande hachée crue ou mal cuite et lait cru par exemple. Cette bactérie provient exclusivement de la consommation du maïs chez les animaux à sang chaud. En faisant consommer durant 5 jours de l’herbe à ces animaux, cette bactérie disparaitrait à 85% automatiquement. Son importance pour la santé publique est apparue en 1982, à la suite d’une flambée de TIA aux Etats-Unis d’Amérique. ECEH fabrique des toxines, connues sous le nom de verotoxines ou de toxines de type Shiga en raison de leur ressemblance avec les toxines élaborées par Shigella dysenteriae. ECEH se multiplie dans une fourchette de température de 7°C à 50°C, la température optimale étant de 37°C. Certaines souches de ECEH peuvent se développer dans des aliments acides, jusqu’à pH 4,4, ainsi que dans des aliments dont l’activité de l’eau est au minimum de 0,95. La cuisson détruit ECEH quand toutes les parties de l’aliment atteignent au moins 70°C. Le sérotype O157:H7 de E.coli est le plus important en santé publique; d’autres sérotypes ont cependant été souvent observés en association avec des cas sporadiques ou des flambées.
Maladies provoquées par ECEH
Les symptômes des maladies provoqués par ECEH sont notamment des crampes abdominales et des diarrhées susceptibles d’évoluer vers des diarrhées sanglantes (colite hémorragique). La fièvre et les vomissements peuvent également s’observer. La période d’incubation est de 3 à 8 jours, avec une médiane de 3 à 4 jours. Dans la plupart des cas la guérison s’obtient dans les 10 jours, mais chez un petit nombre de patients (en particulier le jeune enfant et la personne âgée), l’infection peut conduire à une affection mortelle comme le syndrome hémolytique-urémique. Celui-ci est caractérisé par une défaillance rénale aiguë, une anémie hémolytique et une thrombopénie. On estime que l’infection à ECEH peut évoluer en syndrome hémolytique-urémique chez 10% des patients atteints, avec un taux de létalité de 3 à 5%. Globalement, le syndrome hémolytique-urémique est la cause la plus fréquente d’insuffisance rénale aiguë du jeune enfant. Il peut être à l’origine de complications neurologiques (telles que convulsions, accidents cérébrovasculaires et coma) dans 25% des cas de syndrome hémolytique-urémique, et de séquelles rénales chroniques, bénignes en général, chez 50% des survivants.
L’incidence des infections à ECEH varie avec la classe d’âge, l’incidence maximale des cas notifiés s’observant chez l’enfant de moins de 15 ans (0,7 cas pour 100 000 aux Etats-Unis d’Amérique). Dans 63 à 85% des cas, l’exposition à l’agent pathogène est alimentaire. Le pourcentage d’infections à ECEH évoluant vers un syndrome hémolytique-urémique est différent selon que les cas sont sporadiques (3%-7%) ou associés à des flambées (20% ou plus). Du point de vue épidémiologique, il existe en général un bruit de fond de cas sporadiques et des flambées occasionnelles. Certaines de ces flambées ont touché un nombre important de personnes, comme au Japon en 1996, où une flambée associée à la présence de graines de radis germées contaminées dans des repas scolaires a été à l’origine de 9451 cas. Les données concernant la situation dans les pays en développement sont limitées, la surveillance de ce germe pathogène n’étant pas systématique.
Sources d’infection
L’essentiel de l’information disponible se rapporte au sérotype O157:H7, la distinction biochimique entre ce sérotype et les autres souches de E.coli étant facile. Le réservoir de cet agent pathogène semble être constitué essentiellement par les bovins et d’autres ruminants ainsi que les chameaux. La transmission à l’homme se fait surtout par la consommation d’aliments contaminés, viande hachée crue ou mal cuite et lait cru. La contamination fécale de l’eau et de divers aliments ainsi que la contamination croisée au cours de la préparation (boeuf et autres produits carnés, surfaces et ustensiles de cuisine contaminés) donnent également lieu à une infection. Parmi les aliments impliqués dans des flambées de E. coli O157:H7, on peut citer les hamburgers mal cuits, le salami, et le jus de pomme frais, les yaourts, le fromage et le lait non pasteurisés. Les flambées sont de plus en plus fréquemment associées à la consommation de fruits et de légumes (graines germées, salade, chou cru et crudités diverses), la contamination pouvant être due au contact avec les déjections d’animaux domestiques ou sauvages à un stade ou à un autre de la culture ou de la manipulation. ECEH a également été isolé dans l’eau (mares, ruisseaux), dans des puits et des citernes, et on a pu observer qu’il survit plusieurs mois dans le fumier et les sédiments présents à l’intérieur des citernes. La transmission hydrique a été signalée, à la fois par l’eau de boisson et au cours d’activités récréatives.
Le contact interpersonnel est un mode important de transmission par la voie féco-orale. Le portage asymptomatique a été signalé, le porteur sain ne manifestant aucun signe clinique de maladie mais étant capable de contaminer d’autres personnes. La durée d’excrétion de ECEH est d’environ une semaine au moins chez l’adulte, mais peut être supérieure chez l’enfant. Lorsque des membres de la population générale se rendent dans des fermes ou des lieux comparables, ils peuvent se trouver en contact direct avec les animaux d’élevage, des circonstances qui ont été identifiées comme un facteur de risque important d’infection à ECEH.
Méthodes de lutte et de prévention
La prévention de l’infection exige des mesures de lutte à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, depuis la production jusqu’au traitement, à la fabrication et à la préparation des aliments, tant dans les établissements commerciaux que dans l’environnement domestique. Les données disponibles ne permettent pas de recommander des interventions spécifiques dans les élevages pour diminuer l’incidence de ECEH chez les bovins. Cependant, les évaluations du risque conduites au niveau national prévoient que le nombre de cas de maladie pourrait être réduit si plusieurs stratégies d’atténuation s’appliquaient à la viande hachée (par exemple, faire un dépistage chez les animaux avant abattage pour réduire le nombre d’agents pathogènes introduits sur les lieux d’abattage). Les pratiques hygiéniques d’abattage diminuent la contamination des carcasses par les fèces, sans garantir l’absence de ECEH dans les produits. La formation aux pratiques hygiéniques des employés des abattoirs et des personnes impliquées dans la production de viande crue est indispensable pour réduire au minimum la contamination microbiologique. De même, la prévention de la contamination du lait cru dans les élevages est pratiquement impossible, mais la formation des employés aux principes des pratiques hygiéniques devrait permettre d’abaisser la contamination à son niveau le plus bas. La seule méthode efficace pour éliminer ECEH des aliments est d’appliquer un traitement bactéricide: chauffage (cuisson ou pasteurisation par exemple) ou irradiation. Dans certains pays, la viande de boeuf hachée est considérée comme contaminée si elle contient E.coli O157:H7.
Les mesures de prévention de l’infection par E.coli sont comparables à celles qui sont recommandées pour d’autres toxi-infections alimentaires (voir ci-dessous les pratiques de base de l’hygiène alimentaire). Cependant, il faut peut-être renforcer un certain nombre de mesures concernant ECEH, en raison de la gravité de l’infection dans les groupes vulnérables, enfants et personnes âgées. Un certain nombre d’infections à ECEH ont été provoquées par le contact avec l’eau au cours d’activités aquatiques de loisirs, et il est donc important de protéger ces zones aquatiques, ainsi que les sources d’eau de boisson, des déjections animales.
Recommandations pour réduire le risque pour la santé publique
Afin que les personnes en contact direct ou indirect avec des aliments ne risquent pas de les contaminer avec ECEH, ces personnes devront appliquer les principes d’hygiène alimentaire du Code d’usages international recommandé, Principes généraux d’hygiène alimentaire (CAC/RCP 1-1969, Rév. 3-1997, Amd. (1999); section VII – partie concernant les établissements et l’hygiène personnelle) figurant dans Programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires, Commission du Codex Alimentarius, Normes générales (hygiène alimentaire). FAO/OMS, Rome, 2001 (Deuxième édition).
L’hygiène alimentaire de base décrite dans Cinq clés pour des aliments plus sûrs permet d’éviter la transmission d’agents pathogènes responsables d’un grand nombre de toxi-infections alimentaires et également de protéger contre les infections dues à ECEH transmises par les aliments. Ces recommandations doivent être mises en oeuvre dans tous les cas, et notamment celles qui concernent la cuisson pour que le centre de l’aliment atteigne la température de 70°C.
Recommandations particulières pour les producteurs de graines germées
Les graines germées sont, ces dernières années, devenues très populaires en raison de leur valeur nutritionnelle. Cependant, un certain nombre d’observations faisant état de flambées associées à la consommation de ces légumes crus ont suscité la préoccupation des organismes de santé publique et des consommateurs. L’investigation des flambées a montré que les agents pathogènes trouvés dans les graines germées viennent très probablement des graines elles-mêmes. Les semences peuvent être contaminées dans les champs ou au cours de la récolte, de la conservation ou du transport. Pendant la germination, quand se forme la plantule, un petit nombre d’agents pathogènes présents à la surface des graines peuvent se développer rapidement et devenir suffisamment nombreux pour provoquer une maladie. Des précautions particulières sont donc nécessaires. On trouvera des indications dans le Code d’usages en matière d’hygiène pour les fruits et les légumes frais à l’annexe concernant la production des graines germées.
A voir absolument
Food, Inc. décortique les rouages d’une industrie qui altère chaque jour notre environnement et notre santé. Des immenses champs de maïs aux rayons colorés des supermarchés, en passant par des abattoirs insalubres, un journaliste mène l’enquête pour savoir comment est fabriqué ce que nous mettons dans nos assiettes. Derrière les étiquettes pastorales de "produits fermiers", il découvre avec beaucoup de difficulté le tableau bien peu bucolique que les lobbys agro-alimentaires tentent de cacher : conditions d’élevage et d’abattage du bétail désastreuses, collusion entre les industriels et les institutions de régulation, absence de scrupules environnementaux, scandales sanitaires... Éleveurs désespérés, experts indépendants, entrepreneurs intègres et défenseurs du droit des consommateurs esquissent,chacun à leur manière,le portrait d’une industrie qui sacrifie la qualité des produits et la santé de ses clients sur l’autel du rendement.
Egger Ph.