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mardi 28 février 2012

La Petite-Sarine étouffe sous les algues

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Les algues vertes prolifèrent dans la Petite-Sarine, ici aux alentours d’Illens. DR



Située entre le barrage de Rossens et Hauterive, la Petite-Sarine est envahie par des algues qui menacent l’équilibre de la rivière, notamment les poissons. L’absence de crues artificielles est pointée du doigt.

Des algues vertes qui prolifèrent, des dépôts visqueux sur les galets et des poissons qui étouffent: la Petite-Sarine est en mauvaise posture. Cette portion de rivière située entre le barrage de Rossens et Hauterive montre des signes inquiétants d’envasement et de colmatage de son lit. Ces symptômes ont fait leur apparition en 2010. Les pêcheurs fribourgeois et les associations écologistes Pro Natura et le WWF tirent la sonnette d’alarme. Il ont fait part de leurs vives inquiétudes aux services de l’Etat concernés.

«En 2011, l’état de la Petite-Sarine est pire que jamais. C’est devenu catastrophique! Il faut agir vite», explique Bernard Jaquet, président de la Fédération fribourgeoise des sociétés de pêche. En novembre 2011, une nouvelle lettre est envoyée, signée cette fois-ci en plus par l’association La Frayère, qui œuvre pour la protection des poissons et de leur environnement.

Mais quel est donc ce mal qui ronge le cours d’eau? Pour les pêcheurs et les associations de protection de la nature la cause du développement de ces algues est claire: c’est l’arrêt depuis 2007 des crues artificielles par GroupeE, qui exploite le barrage de Rossens. Ces déversements permettaient jusque-là une à deux fois par année de nettoyer le fond de la rivière.


Insectes aussi touchés

«En 2004, la situation était optimale. Le nouveau débit résiduel mis en place cette année-là par Groupe E, en vertu de la loi sur la protection des eaux, a permis d’abaisser la température de l’eau et d’augmenter les secteurs de cache pour la faune aquatique. L’eau stagnait moins et il y avait par conséquent moins d’envasement», explique Bernard Jaquet.

Depuis l’arrêt des crues beaucoup de dégâts ont été observés. «Nous sommes très inquiets, d’autant plus que la Petite-Sarine est une zone alluviale protégée ainsi qu’un site de reproduction des batraciens», indique Yolande Peisl, spécialiste nature et environnement de Pro Natura. Et d’ajouter qu’il ne sera pas facile de trouver une solution qui puisse à la fois ménager l’environnement et satisfaire une production électrique sur laquelle il faudra de plus en plus compter à l’avenir avec la sortie du nucléaire.

Le Service des forêts et de la faune de l’Etat de Fribourg est également conscient de la problématique. «Nous avons effectivement constaté un développement accru d’algues vertes. L’absence de crues induit un manque de dynamique naturelle du cours d’eau, d’où le colmatage du lit», explique Jean-Daniel Wicky, chef du secteur faune aquatique et pêche.

Et quelles conséquences sur les poissons qui vivent et se reproduisent dans la Petite-Sarine? «Le nase est en voie de disparition», illustre Jean-Daniel Wicky. «On pourrait voire des espèces mieux armées face à ce nouveau milieu remplacer celles qui n’arrivent pas à s’adapter.» Les truites ou les ombres par exemple, ont besoin de gravier «propre» afin de pouvoir se reproduire. Sans oublier les répercussions sur les insectes qui eux aussi se reproduisent dans le lit de la Sarine.

Le Service des forêts et de la faune a commandé en 2010 une étude qui doit analyser la situation de la Petite-Sarine. «Elle déterminera notamment le type d’algue présent dans le cours d’eau et nous éclairera sur les causes exactes de leur présence», indique Jean-Daniel Wicky. Le rapport définitif devrait être présenté au courant du mois de mars.

En attendant ce rapport, GroupeE estime qu’il est difficile de se prononcer sur les causes réelles de cette prolifération d’algues. Le fournisseur d’énergies respecte les termes de la convention d’exploitation signée en 2004 et qui ne prévoit pas d’obligation de faire des crues, le problème ne se posant pas à l’époque. Pour rappel en 2011, le canton a imposé à GroupeE, exploitant du barrage de Montsalvens, l'assainissement d’un tronçon de la Jogne, long de 3,2km. Objectif: réduire les atteintes à la faune piscicole causées par les prélèvements d'eaux, comme l'exige la législation fédérale. A noter que les débits résiduels ont déjà été améliorés en 2004 dans la Petite-Sarine, passant de 1m3/s à 2,5m3 en hiver et 3,5m3/s en été.


Baisse de production

Afin d’expliquer l’absence de crues en aval du barrage de Rossens depuis 2007, GroupeE invoque une diminution de la rentrée des eaux. «Nous avons subi une baisse de la production hydroélectrique de 15 à 20% en moyenne. En 2011, cette baisse est même de 30%. Il a peu neigé en hiver et le printemps a été sec», explique Christophe Kaempf, porte-parole du distributeur.

Autre facteur: la protection de la population. En 2005, une crue majeure a fait de gros dégâts en ville de Fribourg et à Berne, suivie d’une seconde crue très forte en 2007. «Depuis lors, le niveau du lac de la Gruyère est abaissé pour absorber ces apports d’eau supplémentaires. Nous devons prévoir au mieux les précipitations et faire en sorte que ces crues démesurées ne se produisent pas», ajoute Christophe Kaempf.

Olivier Wyser
La Liberté