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jeudi 8 mars 2012

Une peinture murale du XIVe siècle découverte à la cathédrale Saint-Nicolas

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L’autel baroque recouvre une partie de la peinture murale. alain wicht



Un décor peint a été mis au jour lors des travaux de rénovation. Il était caché derrière un autel baroque du bas-côté nord. Il peut être admiré jusqu’à Pâques.

La cathédrale Saint-Nicolas, à Fribourg, recèle encore des trésors insoupçonnés. Une peinture murale du XIVe siècle a été mise au jour lors des travaux de rénovation des bas-côtés. La découverte a été faite dans le cadre des travaux de nettoyage et de consolidation du retable de l’autel de la Nativité, situé sur le mur de chevêt du collatéral nord. Elle a été présentée hier aux médias.

C’est après le démontage d’un bardage de planches au revers du retable, afin d’inspecter les maçonneries, qu’est apparu un décor peint en bonne partie recouvert d’un badigeon. «Les traces mises au jour ailleurs dans cette zone lors de restaurations précédentes avaient permis d’en soupçonner l’existence. Mais rien n’annonçait une telle richesse et une telle qualité», s’enthousiasme François Guex, collaborateur scientifique au Service des biens culturels.

Cinq mètres sur six

Les travaux de restauration ont été confiés au consortium fribourgeois Guyot & James. Ils ont permis de dégager une surface suffisamment grande pour donner un aperçu de l’entier de la peinture, même si elle est encore en partie cachée par l’autel baroque.

Il ne s’agit pas d’une fresque. Le décor est peint directement sur la pierre. C’est une œuvre de très grande dimension (cinq mètres sur six). L’analyse stylistique permet de la dater de la première moitié du XIVe siècle. Par ailleurs, une source écrite de 1355, un testament, mentionne la fondation de l’autel et de la chapelle par Willinus de Bullo, bourgeois de Fribourg.

Le décor peint s’apparente à une tapisserie fixée contre le mur. On y voit une composition de tabernacles, de tourelles et de niches munis de gables, de pinacles, de consoles et de corniches, caractéristique du style gothique. Le tout tantôt sur fond bleu, tantôt devant des tissus de brocart.

Les niches encadrent des personnages et des scènes de tailles fort différentes. Au centre, on distingue un guerrier chrétien, probablement saint Maurice, ainsi qu’Abraham recueillant les âmes des élus dans son manteau. De l’archange Michel à sa gauche, on n’aperçoit qu’un plateau de balance, le reste étant caché par l’autel baroque. Tout à droite, il y a saint Christophe portant l’Enfant Jésus.

En bas apparaît la tête d’un évêque qui se tourne vers une jeune femme. Il s’agit très certainement du saint patron de la ville, saint Nicolas, offrant des boules d’or à trois filles pauvres. Sur la gauche, on voit un ange qui indique une direction à un groupe de femmes. Enfin, tout en haut, on devine les restes d’une console sur laquelle se dressait une statue, probablement de Notre-Dame, à qui est dédiée la chapelle.

On le constate, le programme de ce décor peint est pour le moins hétéroclite. «On est un peu déconcerté», confesse François Guex. «C’est une donation d’un particulier. Il en a peut-être dirigé le programme.»

Reste qu’on ne connaît rien de tel de cette époque ailleurs dans la région. François Guex note tout de même une certaine parenté avec quelques vitraux de Romont, avec la niche funéraire des sires de Montagny ou le fameux tombeau peint du monastère de la Maigrauge, à Fribourg.

Si vous êtes intéressés à découvrir cette œuvre, il faut vous presser à la cathédrale. La peinture murale peut être admirée uniquement jusqu’à Pâques. Ensuite, le tableau de 1753 représentant la Nativité retrouvera sa place et recouvrira le décor peint. Il sera toutefois sur des supports particuliers qui permettront de le déposer occasionnellement.

L’autel baroque restera

Il n’est pas question en revanche de détruire l’autel pour dévoiler l’ensemble de la peinture murale. «Aujourd’hui, on hésite beaucoup à casser du baroque pour laisser apparaître du gothique au-dessous», explique François Guex.

On peut signaler encore que la restauration des bas-côtés et des chapelles latérales a débuté en 2003 et qu’elle est actuellement en voie d’achèvement. Restera ensuite à restaurer le portail sud, qui est sous couvert depuis quarante ans, indique l’architecte Stanislas Rück. Il pourra à nouveau être regardé après l’ouverture du pont de la Poya, qui détournera le trafic de la cathédrale. Ce sera alors la fin d’un cycle de restauration lancé dans les années 1920 et qui a commencé avec la rénovation de la tour.I

Philippe Castella
La Liberté