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lundi 2 avril 2012

Des descendants d’animaux clonés dans nos assiettes

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Viande et lait issus de la lignée d’animaux clonés ont fait leur apparition en Suisse. Les dangers sanitaires semblent inexistants, mais la traçabilité reste un voeu pieux.

L’information est livrée de manière on ne peut plus transparente: «En Suisse vivent quelques centaines de bœufs de deuxième ou troisième génération dont les ancêtres étaient des clones. Les produits laitiers et la viande obtenus à partir de tels animaux ont vraisemblablement été utilisés dans des denrées alimentaires, puis vendus en Suisse.» Tirées du site internet de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), ces deux phrases pourraient en choquer plus d’un, mais sont passées relativement inaperçues. Sans le savoir, nous mangeons peut-être des aliments issus d’animaux clonés.

Cloner une vache ou un porc reste onéreux (plusieurs dizaines de milliers de dollars), mais certains éleveurs américains, brésiliens ou argentins utilisent cette technique pour reproduire et mettre sur le marché des animaux d’élevage aux qualités exceptionnelles comme une production intensive de lait et une viande moins grasse.

Soumis à autorisation mais légal en Suisse, le clonage n’a encore jamais été mis en pratique. Des descendants d’animaux clonés, eux, ont fait leur apparition en 2005 avec l’insémination artificielle de 300 vaches par de la semence d’un taureau américain issu d’une vache clonée. Leur progéniture a produit du lait et a été conduite à l’abattoir — garnissant sans qu’il le sache l’assiette du consommateur.

L’arbre généalogique du salami Mais les citoyens veulent être informés sur ce qu’ils mangent. «La traçabilité de ce type de produits est l’une des requêtes principales qui émerge de nos sondages sur le sujet», commente Richard Felleisen, expert pour la division de sécurité alimentaire à l’OFSP. Des étiquettes alimentaires stipulant le recours ou non au clonage permettraient aux consommateurs de faire leur choix. Les éleveurs enregistrent leurs animaux ainsi que leur origine dans une base de données de l’OFSP, mais poursuivre la trace plus loin dans la chaîne de production s’avère dans les faits peu réalisable, note Richard Felleisen: «Considérez les efforts à déployer pour suivre les produits élaborés: un pâté, un salami, un gâteau industriel. De plus il faudrait appliquer la même démarche aux préparations importées. Un travail titanesque.»

C’est d’ailleurs devant la complexité du problème que les négociations européennes ont échoué en mars 2011. Le Parlement européen revendiquait une traçabilité totale de tous les animaux clonés sur plusieurs générations ainsi qu’une interdiction de l’importation de clones et de leurs produits, mais les Etats membres ont refusé, défendant les intérêts commerciaux avec le continent américain. Depuis, la situation est restée inchangée en Europe comme en Suisse: aucune prescription ne régule la commercialisation des produits issus des descendants d’animaux clonés.

Cent cas sur 2 millions de bêtes Le consommateur suisse n’a qu’une chance minime de rencontrer de tels aliments: le clonage ne concerne que quelques centaines de bœufs sur un cheptel avoisinant les 2 millions de têtes, note Richard Felleisen. «Somme toute, cette question est pour l’instant mineure en Suisse et nous avons encore le temps de voir venir. Le problème ici n’est pas tant une question sanitaire, car le risque pour la santé a été jugé comme nul par les autorités compétentes. Non, si les gens rejettent les produits issus d’animaux clonés, c’est avant tout pour des raisons éthiques.» Le clonage amène son lot de souffrances: plus gros que la normale, les embryons occasionnent de nombreuses fausses couches et généralisent le recours à la césarienne. A cause de mutations importantes, les descendants ne sont que 60% à atteindre leur première année (lire ci-desssous).

«A l’heure actuelle, nous ne savons pas si nous vendons ou avons vendu ce type de produits, déclare Monika Weibel, porte-parole de Migros. Mais nous partirions en quête de cette information s’il y avait une obligation légale à garantir une origine non clonée.»

Analyse des denrées: aucune différence relevée

«Rien n’indique qu’il existe des différences en termes de sécurité des aliments entre la viande et le lait obtenus à partir d’animaux clonés ou de leur descendance et ceux dérivés d’animaux conçus de manière traditionnelle.» C’est la conclusion prononcée en 2008 par le comité scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et reprise par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). La composition chimique de ces denrées ne varie pas avec le type de reproduction. Aucune nouvelle toxine n’a été identifiée jusqu’à présent. Les données restent néanmoins peu élevées et le nombre de générations suivies restreint.

«Le clonage est loin d’être une technique parfaitement maîtrisée, souligne Xavier Vignon de l’Institut de recherche agronomique français (Inra). Le milieu de culture cellulaire et des embryons ainsi que le tissu d’origine des cellules de l’animal que l’on désire cloner peuvent représenter des sources de contamination ou de mutations génétiques. Lorsqu’elles sont importantes, elles conduisent à la mort de l’embryon. On ne peut exclure que des mutations se révèlent néfastes après quelques générations, mais le risque qu’elles soient dangereuses pour l’homme semble faible.»

Caroline Depecker